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![]() ![]() ![]() ![]() Comme
dans toutes les disciplines médicales, l'éthique en chirurgie est primordiale !
La médecine est la branche la plus ancienne qui a choisi d'adopter des codes d'éthique professionnelle afin de garantir des prestations médicales respectueuses du bien des patients et patientes. Elle implique le respect des principes de bienfaisance, de non-malfaisance, d'autonomie et de justice dans la prise en charge des patients, particulièrement en raison de la complexité et de l'impact potentiellement majeur des interventions chirurgicales et plus particulièrement neurochirurgicales. Plutôt qu'un exercice scientifique dont nous en avons l'habitude depuis longtemps, j'ai voulu aborder une question différente, vivante de notre pratique quotidienne ! Objectifs La multiplication des structures publiques et privées depuis quelques années et donc des équipes chirurgicales aussi, a engendré une «forme de compétition» entre elles, bien que légitime mais espérons toujours loyale, malheureusement quelques fois entachée par le constat de certains dépassements moraux ; nous avons voulu ici rappeler la noblesse de la Médecine ! Je souhaite provoquer à travers ce papier auprès de nos confrères et tous les intervenants dans le secteur de la Santé, une forme de questionnement permanent, inviter les soignants à se remettre en question et à réfléchir aux meilleures décisions à prendre pour leurs patients tout en respectant leur autonomie et leur dignité. Alors que le médecin agit sur le corps de l'homme à travers des intermédiaires (médicaments, rayons, ou paroles), le chirurgien intervient au sens intervenir (rentrer dedans) ce qui correspond à une véritable transgression en soi ! Il s'agit en fait d'un grand privilège et un immense honneur de pouvoir réaliser des interventions chirurgicales et agir à l'intérieur d'un organisme humain vivant, identique au notre, c'est se voir comme dans un miroir à travers celui de nos patients ! Mais il ne suffit pas au chirurgien de bien connaître la théorie et d'être adroit de ses mains ; encore faut-il qu'il fasse bien son office de chirurgien, c'est-à-dire que le patient qui se confie à lui soit mieux après qu'avant l'intervention. Plus que bien opérer, faire du bien à son malade est la dimension éthique essentielle qui fait toute la grandeur du métier de chirurgien. Qu'est-ce que l'Ethique ? Le mot «éthique» vient du mot grec «êthos», qui veut dire «manière de vivre». il s'agit donc d'une forme de discipline philosophique portant sur une appréciation des valeurs ainsi que du comportement, qui définit la meilleure attitude que vous êtes tenu d'adopter dans une situation donnée. Un principe éthique distingue le «bon» du «nuisible» comme une doctrine morale, à la différence que l'éthique suggère plutôt les bases d'un comportement correct, sans forcément vous imposer de sanctions en cas de non-respect. Elle comprend aussi des dispositions contraignantes également connu sous le nom de «déontologie professionnelle» ! A quoi sert l'éthique professionnelle ? A vous faire prendre conscience de vos actes, mieux évaluer vos actions et apporter les corrections nécessaires afin de mener vos tâches à bon port et ce sans même avoir à faire appel à vos collègues ou votre hiérarchie. Elle aide à témoigner de votre intégrité professionnelle par une attitude au travail en tant que personne de confiance, ayant le sens de la responsabilité ainsi que le respect mutuel. Elle permet de créer une cohésion entre les collègues et assure une garantie de qualité et de transparence ! Elle renforce la «productivité» d'une équipe médicale et sert au bien de la communauté ! Le serment d'Hippocrate Le Serment d'Hippocrate est un serment solennel prêté par les médecins lors de leur entrée dans la profession. Il est considéré comme le texte fondateur de la déontologie médicale et tire son nom d'Hippocrate, un médecin grec de l'Antiquité, il a été probablement rédigé au IVème siècle. Le serment engage le médecin à exercer sa profession avec honneur, probité et respect du patient. Dans sa forme historique, ce serment n'a pas de valeur juridique, les médecins étant soumis actuellement à des codes nationaux régulièrement actualisés. Dans ses formes modernes, la prestation d'un serment médical a gardé sa valeur symbolique. Le savoir-faire ! Nul ne peut prétendre réaliser un acte chirurgical s'il ne l'a pas correctement appris ! Cette nécessité qui correspond à la partie scientifique de notre art, est notre première liberté. Autrement, déterminé par ses insuffisances, le chirurgien en sera prisonnier. L'apprentissage de la technique proprement dite est déjà moins simple, il faut, au minimum, 05 années d'études de spécialités ; même si vous la maîtrisez, il faudra encore savoir adapter ses gestes aux circonstances et, surtout, aux complications imprévisibles ! C'est toute la différence entre la simple «ingurgitation de recettes» et une «véritable formation» qui permet de faire face à des situations non programmées ! C'est dans la décision d'agir que le chirurgien doit être libre ! En chirurgie, l'acte chirurgical n'a de valeur que s'il est décidé ! Quel résident ne l'a pas ressenti durant son apprentissage ? Lorsque son aîné dans la spécialité le charge de réaliser lui-même une intervention, quand bien même l'émotion et la fierté seraient grandes de pouvoir «enfin» le faire seul, il n'en ressent pas moins comme une impression d'inachevé, d'incomplet, de ne l'avoir pas décidée lui-même. C'est insister sur le risque de vouloir transformer la chirurgie et la médecine en général en une spécialité d'exécutants, seulement dédiés à faire des actes ! La décision n'est pas simplement un consentement, elle présuppose une délibération puisqu'il y a choix ; tandis que la simple application de recettes supprime la délibération et avec elle la liberté puisqu'il n'y a plus de choix. Sans oublier les difficultés d'une délibération véritablement éthique. Plusieurs choix sont ainsi offerts à cette délibération chirurgicale, d'abord celui d'intervenir ou non, ensuite celui des moyens à utiliser et enfin celui de l'appréciation des conséquences. Le choix d'intervenir ou non ! C'est peut-être l'une des plus importantes décisions qui puissent être prises en chirurgie. Dans la mesure où la santé n'est pas un bien marchand mais reste un bien «supérieur», on ne peut absolument pas lui appliquer les règles habituelles des échanges ! Le choix des moyens et de la technique ! Une fois posée la décision d'intervenir, le chirurgien doit choisir comment il va le faire au mieux. Choix éminemment difficile en neurochirurgie surtout où les moyens techniques se développent tous les jours un peu plus, (Endoscopie, Microchirurgie, Implants, Percutanée ...) Au total Que pouvons dire ? - Respecter le patient et le secret professionnel ! - Eviter les commentaires sur les attitudes des confrères et ne pas les dénigrer ! - Obtenir un véritable consentement «éclairé» des patients ou de leur famille ! - Si possible, respecter l'intégrité du corps humain même si vous êtes chirurgien ! Conclusion L'éthique est donc l'ensemble des règles de conduite des professionnels de santé vis-à-vis de leurs patients qui fait participer - la Déontologie (qui représente les règles internes à une profession) - la Morale et - la Science bien entendu. Il faut insister sur le fait que nous n'opérons pas des images, mais des malades qui ne sont pas des «cas» mais des personnes vivantes qui ont des sentiments et des parents qui les aiment !! Le respect de la profession et de soi-même avant tout est un impératif et une obligation morale et c'est comme cela la confiance de nos patients restera intacte ! Tels sont les principaux messages que j'ai souhaité rappeler à tous ! *Professeur, neurochirurgien clinique medico-chirurgicale, Ennadjah Oran |
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