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Israël- Etats-Unis / Iran: Le monde au bord du gouffre

par Salah Lakoues

Alors que l'escalade militaire entre Israël et l'Iran fait trembler la planète, les appels à la retenue et à la diplomatie se multiplient, face au spectre d'une guerre régionale incontrôlable aux conséquences potentiellement planétaires. Ce conflit, dont l'origine remonte à une frappe israélienne surprise sur des installations iraniennes, a déclenché une riposte massive de Téhéran et une onde de choc dans les chancelleries du monde entier. Une riposte fulgurante et un système de défense débordé. Pris au dépourvu, l'Iran a répondu en moins de 18 heures avec des centaines de missiles balistiques, dont des hypersoniques, visant le centre d'Israël. Le célèbre système «Dôme de Fer», souvent présenté comme impénétrable, a montré ses limites.

Plusieurs frappes ont touché Tel-Aviv, Haïfa et des sites militaires du sud. Face à ce chaos, le gouvernement israélien en appelle désormais à Washington pour une intervention militaire directe. Une exigence que de nombreuses voix aux États-Unis contestent, estimant qu'il s'agit là d'une guerre non déclarée, déclenchée sans consultation, et dont le coût serait humainement et stratégiquement catastrophique.

Macgregor : « L'Amérique d'abord ne signifie pas Israël d'abord » Parmi les voix les plus critiques figure celle du colonel Douglas Macgregor, ancien conseiller du Secrétaire américain à la Défense. Dans une tribune virale, il dénonce la logique de guerre perpétuelle imposée par certains cercles de pouvoir à Washington : « Netanyahou supplie Washington de l'aider à sortir d'une défaite qu'il a lui-même provoquée. » Macgregor rappelle que depuis 2003, les États-Unis ont englouti 12.000 milliards de dollars dans les conflits du Moyen-Orient, provoqué la mort de 7.000 soldats, et accumulé une dette de 37.000 milliards de dollars. Pendant ce temps, 100.000 Américains meurent chaque année de surdoses, et les frontières du pays sont devenues des passoires. « Pas une goutte de sang américain de plus pour des guerres étrangères. L'Amérique d'abord, ce n'est pas Israël d'abord, ni l'Ukraine d'abord, ni l'OTAN d'abord. »

Poutine entre en scène : proposition de médiation et avertissement stratégique. Du côté de Moscou, le Président Vladimir Poutine a réagi fermement. Dans une interview accordée à des médias russes, il a qualifié le régime iranien de « solide et stable », dénonçant les « pressions extérieures » et le mépris du Droit international. Il révèle que Netanyahou lui aurait promis de ne pas viser les scientifiques russes présents dans les installations nucléaires iraniennes.

Une promesse à laquelle le Kremlin dit ne pas accorder de crédit. Poutine a proposé un plan de sortie de crise : Fourniture de combustible nucléaire civil à l'Iran par la Russie, Sécurité d'Israël dans le cadre des frontières internationalement reconnues (celles de 1967), Démantèlement des colonies israéliennes illégales, Une conférence de paix multilatérale incluant la Russie, la Chine, l'Inde, les États-Unis, le Brésil et l'Iran.

Tulsi Gabbard alerte depuis Hiroshima : « Plus proches que jamais d'un anéantissement nucléaire » Autre voix discordante : celle de Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national américain. Dans une vidéo diffusée depuis Hiroshima, symbole de la destruction nucléaire, elle a lancé un cri d'alerte : « Nous sommes plus proches que jamais d'un anéantissement nucléaire. L'élite politique et les fauteurs de guerre attisent de manière irresponsable la peur et les tensions entre puissances nucléaires. Il est temps d'exiger la fin de cette folie. » Des propos qui ont provoqué la colère du président Trump, selon des sources proches de la Maison-Blanche. Cette fracture montre l'ampleur des divisions au sein même de l'exécutif américain face à cette crise. Un engrenage qui menace l'Economie mondiale Le scénario d'une frappe israélienne sur les terminaux pétroliers iraniens de Kharg ou Bandar Abbas inquiète les marchés : cela entraînerait la fermeture du Détroit d'Ormuz, par lequel transite 20 % du pétrole mondial. Les conséquences seraient immédiates : Essence à plus de 7 dollars le gallon aux États-Unis, Inflation incontrôlable, Effondrement des chaînes d'approvisionnement, Rupture alimentaire et chaos logistique mondial. Douglas Macgregor, toujours lui, résume la situation ainsi : « Les drones iraniens coûtent 20.000 dollars. Les missiles Patriot américains, 4 millions pièce. Qui tiendra le plus longtemps ? » Cinq mesures urgentes pour sortir de la crise Face à ce chaos grandissant, les voix raisonnables convergent sur cinq propositions clés : Réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, Cessez-le-feu immédiat entre Israël et l'Iran, Suspension de toute aide militaire à Israël tant que l'occupation continue, Déploiement de forces non-alignées pour sécuriser Gaza et la Cisjordanie, Organisation d'une conférence de paix multilatérale, sous l'égide des BRICS et de l'ONU. Entre paix imposée et guerre totale, le monde est à un carrefour tragique. Entre l'irresponsabilité de certains dirigeants, la logique d'escalade militaire, et l'existence d'arsenaux nucléaires, il est urgent de rappeler que la paix n'est pas une option : c'est la seule voie de survie. Les États et les peuples doivent exiger des comptes, refuser l'engrenage, et imposer une solution politique fondée sur le droit, l'égalité et la sécurité pour tous. L'alternative, cette fois, n'est pas une guerre de plus. C'est la fin de toute guerre – ou la fin de tout.