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Commerce: Les prix des cigarettes augmentent

par A. Z.

Nouvelle hausse des prix du tabac en cette fin du mois d'avril 2025. Même si pareilles augmentations sont devenues presque courantes ces dernières années, les consommateurs ont été choqués par des taux assez élevés. C'est pratiquement une hausse entre vingt et quarante dinars qui a touché toutes les marques de cigarettes, alors que le tabac à chiquer est écoulé à des prix atteignant jusqu'à 230 dinars, soit une augmentation allant jusqu'à quarante (40) dinars, touchant toutes les qualités. En conséquence, le paquet de Marlboro est écoulé chez le buraliste entre 430 et 440 dinars, les Gauloises à 390, la marque LM à 370 dinars, Rothmans à 310 dinars et la marque Winston à 370 dinars. Notons que les prix peuvent varier d'un buraliste à un autre, ce qui laisse clairement voir que les augmentations sont sauvages et n'obéissent pas aux règles d'uniformité.

Comme de coutume, donc, le marché de la cigarette subit la voracité de certains commerçants, qui arrivent à amasser une petite fortune en quelques jours en jouant sur des hausses illicites par paquet, qui se chiffrent en millions de dinars quand il s'agit d'écouler cette marchandise par centaines de cartouches. «D'ailleurs, on ne sait même pas si les prix pratiqués par les buralistes et les grossistes sont autorisés par l'Etat ou décidés de leur propre chef», disent des consommateurs, qui rappellent que la hausse démesurée des prix des cigarettes intervenue en début d'année est revenue à la «normale», c'est-à-dire une baisse des prix d'au moins 20 dinars par rapport à la pratique sauvage, et ce après quelques jours de frénésie sur le marché.

En un semestre, la hausse des prix des cigarettes atteint les 60 dinars ! Tout ce qu'on sait, c'est que la loi de finances 2025 a introduit plusieurs mesures, dont celle concernant les bénéfices des sociétés de fabrication de tabacs installées en Algérie, qui doivent s'acquitter d'un impôt supplémentaire sur leurs bénéfices de 20% pour les fabricants de tabacs à priser et/ou à mâcher, et un taux de 31% pour les fabricants de tabacs à fumer, y compris la cigarette électronique et le narguilé. En sus de la hausse de la taxe additionnelle sur le tabac.

Interrogé à propos de ces augmentations, un grossiste nous a directement renvoyé au Journal officiel. «La hausse des prix du tabac a été actée par le Journal officiel, vous ne le savez pas ?», nous a lancé notre interlocuteur. «Nous, on ne fait que répercuter la hausse décidée par les producteurs de tabac», ajoute-t-il. Effectivement, un arrêté interministériel publié dans le Journal officiel N°23 du 22 avril 2025 confirme la hausse des prix des produits tabagiques, mais à voir de près ces prix, on constate que les augmentations officielles ne dépassent pas 10 dinars.

Le quadruple de la hausse

Selon ce qui est porté dans le Journal officiel en question, «le prix de vente au consommateur» (bien précisé) du tabac à priser est fixé à 200 dinars au maximum, le paquet de Marlboro à 390 dinars, LM à 330 dinars, Gauloises à 360 dinars, Winston à 330 dinars... Rym à 270 dinars... des prix officiel qu'on peut aisément consulter dans le Journal officiel N°23 du 22 avril 2025. Pourquoi alors les grossistes et les buralistes ont-ils imprégné des hausses supérieures à ce qui a été décidé à travers l'arrêté interministériel ?

Certains fumeurs disent comprendre qu'à travers des hausses des taxes touchant les produits tabagiques, l'Etat perçoit son du sur cette activité très lucrative pour notamment financer la lutte contre le cancer. Mais, est-ce que cela autorise ou justifie des hausses de prix de 40 dinars par paquet de cigarettes au niveau des grossistes et des détaillants ? C'est le quadruple de la hausse officielle ! Et, aucune explication n'est avancée dans ce sens ni par les buralistes ni par les grossistes, qui refusent de donner le moindre argument plausible. Les premiers affirment qu'ils ne font que répercuter la hausse de la vente en gros, et les seconds soutiennent qu'ils suivent la tendance à la hausse des prix fixés par les producteurs. Des explications entourées d'un flou artistique, puisque aucune partie ne donne les nouveaux prix des produits tabagiques d'une façon claire.

Il y a quelque mois, suite aux pressions des services de contrôle des prix des cigarettes, les grossistes ont été contraints d'afficher les prix de toutes les marques de cigarettes, mais cela n'a pas trop duré, puisque les affiches en question ont été retirées dès la baisse de la pression des services de contrôle. Un retour à l'affichage des prix de toutes les marques de cigarettes au niveau des grossistes et des buralistes est indispensable pour clarifier la situation. Si la LF 2025 a renforcé la surveillance du marché des cigarettes, imposant aux distributeurs d'obtenir un agrément délivré par le Directeur général des impôts, avec obligation de s'approvisionner uniquement auprès de fabricants agréés, de tenir un compte-matières de leurs produits et de soumettre un état trimestriel de leurs ventes, garantissant ainsi la transparence et la régularité dans la distribution des produits tabagiques, c'est sur le terrain qu'il faut mettre de l'ordre rapidement en commençant par l'obligation de l'affichage des prix officiels des cigarettes, et en suivant par le renforcement de la lutte contre le tabac de la contrebande qui, soutenue par ses prix attrayants (relativement bas), revient en force sur le marché.

Reste que selon les avis des ‘anti tabacs', la hausse des prix des cigarettes est plus que légitime. Ces derniers considèrent «acceptable» la hausse des taxes de tabac, sinon qu'elle doit être plus conséquente dans un cadre de contribution à la prise en charge des maladies qui découlent de la consommation de la cigarette, dont les cancers de poumons et les pathologies cardiovasculaires.

Et, pour inciter également les fumeurs à réduire leur consommation ou s'en abstenir carrément, pour ceux qui ont la volonté de le faire, estime-t-on. Personne ne peut nier ces arguments, mais cela n'est pas une raison pour laisser le marché à la merci des spéculateurs et des trafiquants.