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![]() ![]() ![]() ![]() Malgré
tout, un jour viendra où la nation saura émettre sa reconnaissance. Le 8 Mai
1945 est plus qu'un lot de sacrifice, ce fut un engagement essentiel d'un
peuple qui n'aspirait qu'à la liberté et la dignité. Il était déjà le premier
novembre qui allait en finalité consacrer la victoire de la marche. Ce
mouvement, qui n'a cessé de faire sa progression depuis 1830, porte toujours en
son sein le sens du devoir de se libérer de toute emprise et de tout
envahisseur. Le sang a coulé, des cadavres jonchaient le sol, le soleil les
scrutait, la nuit les embaumait. Les pleurs des femmes, des mômes de tous les
rescapés résonnent encore dans ces sites béants à Kherrata,
Sétif, Guelma et ailleurs. Les sinistres exactions perpétrées à grande échelle,
les tueries en masse, les viols et tortures systématiques, les destructions de
villages et de douars par les bombardements, les pilonnages et les incendies
que de nombreuses villes ont connus.
En ce printemps noir de 1945, ce ne sont pas le fruit de l'imaginaire populaire mais des faits réels, extrêmement pénibles, vécus par les Algériens sous domination française. S'en souvenir, c'est maintenir l'interaction et la complémentarité entre les générations. L'Algérie indépendante dispose de suffisamment de preuves, de témoignages et de constats pour pouvoir établir expressément que des actes inhumains causant intentionnellement de grandes souffrances et des atteintes graves à l'intégrité physique de toute une population, de surcroît sans défense, ont été commis. Chez nous, l'oubli est à l'affût d'une certaine mentalité. L'amnésie. C'est pourquoi l'acte de revivifier en permanence la mémoire, la conserver n'est qu'une foi citoyenne et nationaliste. Un droit universel. Tout ensemble social dévêtu de son histoire devient vite un recueil de jours sans effets et sans soubassement. Toute nation démunie de conscience historique reste vulnérable aux altérations des faussaires et des contrefacteurs de son histoire. Le 08 Mai 1945, comme toute atrocité endurée par des peuples sans défense, se doit de se faire rappeler ce génocide sans pareil, à défaut de devenir une proie pitoyable à un renoncement involontaire ou à un oubli prédateur. Ce n'est pas exclusivement à l'unique commémoration qui va secouer les léthargies collectives qu'échoit le rôle de requérir encore et encore justice et de clamer qu'un crime avait bel et bien été perpétré. Il appartient à présent à ses acteurs d'acter un passé horriblement vécu. Ceci n'est qu'une noble obligation en face du droit des générations montantes qui, en toute légitimité, se doivent aussi de le réclamer. A chaque disparition d'un acteur, l'on assiste à une disparition d'un pan de notre histoire. C'est ce souvenir qui est censé nous unir davantage, omettant au parcours ces nouvelles zizanies qui enveniment l'unicité du peuple, dans toutes dimensions identitaires et son inébranlable foi. L'Algérien est avant Algérien. Gloire à nos martyrs. |
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