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La footballeuse - Roman de Nadjib Stambouli. Nouba Editions, Alger 2025, 151 pages, 1.000 dinars. Être femme en Algérie n'est déjà pas facile. Etre femme pratiquant le sport l'est encore beaucoup plus. Mais être footballeuse est insupportable... pour une assez bonne partie de notre société. Tout particulièrement en dehors des très grandes villes du pays. Bien sûr, grâce à des pionnières comme Dridi F-Z et S. Debili, premières championnes d'Algérie (clubs) en basket-ball, en 1963, S. Boutamine, S. Souakri, H. Boulmerka, I. Ikhlef, K. Nemour, et tout dernièrement les belles et admirables footballeuses de Tizi et d'Akbou, etc. Les choses sont en train d'évoluer très, très rapidement. Dans la plupart des disciplines sportives ainsi que dans le foot qui est en train, doucement mais sûrement, lui aussi, de s'installer dans le professionnalisme tout en se libérant des contraintes sociales que vous devinez. Pour la première fois, me semble-t-il, un auteur (d'abord et avant tout journaliste au long cours, donc assez au fait des réalités sociales) aborde le sujet : Tina Hamri, amoureuse de la pratique footballistique, véritable artiste en la matière, va se retrouver, soutenue en permanence par ses parents, joueuse professionnelle dans un grand club européen. Elle volera de succès en succès, tout en ayant réussi ses études universitaires. Mais, tout cela n'a pas été facile. Elle a, d'abord, au tout début de sa carrière, en tant qu'amateur, au niveau de sa ville natale, lutté contre les pesanteurs (et les menaces voilées ou déclarées allant jusqu'à des tentatives de meurtre) machistes. Ensuite, en Europe même, elle n'a pas accepté les dures «lois» de l'affairisme dans le monde du sport pro. Heureusement tout finira bien sauf pour les grincheux du pays natal et des affairistes du sport pro. Elle reviendra au pays, tout en ayant préservé ses idées et sa morale. L'Auteur : Économiste de formation, journaliste. Il a été directeur de rédaction dans de nombreux journaux, hebdos et quotidiens : Algérie Actualités, Ruptures, L'Hebdo Libéré, Le Jour d'Algérie. Déjà auteur de plusieurs romans dont «Le comédien», «Le fils à maman ou la voix du sang», «La rancune», «Le mauvais génie», «Juste une gifle», un recueil de chroniques en 2004, «Impacts» et un autre de portraits, «Ma piste aux étoiles» . Extraits : «Contrairement à une idée reçue qui les présente comme des personnes d'une extrême pudeur entre frères, les gens «de l'intérieur» sont au contraire très permissifs sur les sujets délicats, y compris sexuels, sur la base de «pas de honte en religion» (p 33), «Elle est soulagée de ne déceler aucun signe de jalousie, défaut bien connu chez les footballeurs autant que chez les artistes, sur fond de rivalité de talent en apparence et d'argent en vérité» (p 54), «Les termes qui la rebutaient le plus étaient ceux de «vente» et «achat» mais surtout celui de «prêt» et de «location», avec ou sans «option». Elle avait estimé, et en avait parlé à son amie, que c'était de «la traite d'êtres humains», autrement dit de «l'esclavage des temps modernes» (p 126), «A Alger puis à Marseille, on lui a appris les techniques du dribble et de la passe, la combativité et l'endurance, mais point d'apprentissage à la jouissance du bonheur. Elle n'a jamais su qu'il n'est de meilleur enseignant que soi-même pour assimiler la tranquillité de l'âme». (p127) Avis - Assez original comme sujet abordé ! Concerne le foot féminin amateur et professionnel, mais pourrait concerner aussi bien d'autres disciplines sportives touchées (et/ou gangrénées) par l'affairisme. Autre aspect abordé : la libération de la femme par l'activité sportive. A lire sans tarder, avant d'entamer votre footing ou vos exercices de gymnastique. Citations : «L'achat de livres est la seule dépense qui enrichit au lieu d'appauvrir» (p12), «Les ciseaux de la joie sont plus efficaces que ceux de la censure» (p 25), «Les martyrs se sacrifient pour la liberté et pour la vie, pas pour la mort» (p 74), «Rien n'exhale autant l'impression de factice et d'artificiel que le comportement surjoué de personnes dont l'environnement naturel n'est ni fastueux ni somptueux» (p 79), «Les supporters, et la presse qui fonctionne au rythme de leurs attentes, sont comme un peuple en modèle réduit : il déteste aujourd'hui le leader qu'il a vénéré hier et adule le lendemain le héros qu'il a fustigé la veille» (p 117). Salima Souakri. Ceinture noire, cœur blanc. Récit de Jaoudet Gassouma. Anep Editions Albayazin, Alger 2018, 900 dinars, 151 pages (Fiche de lecture déjà publiée le 27 juin 2019. Extraits pour rappel. Fiche complète in www.almanach-dz.com/bibliotheque dalmanch/sport) Elle est née à Belouizdad (ex-Belcourt, Alger) un 6 décembre 1974. Elle a grandi à la Cité Faïzi à Bordj El Kiffan (ex-Fort de l'eau). Cinquième d'une déjà nombreuse fratrie de garçons, elle ne répondra plus qu'au prénom de « Salim ». Refusant tout cadeau féminin, elle n'aura que très peu de poupées et jouera, avec ses frères, au foot comme gardien de but. Un goal parfait, paraît-il ! A l'école, elle n'exprimait qu'un seul vœu : devenir « batala... championne ». Une famille modeste et chaleureuse. 1984. Neuf ans d'âge et la découverte fondamentale du judo au Crbbk. 1989. 15 ans. Première médaille (de bronze) dans un tournoi international, considéré comme le championnat du monde scolaire en catégorie cadet. 16 ans : ceinture noire, malgré les blessures, les aléas et le manque de moyens. Le reste est un long et éblouissant cheminement (bien souvent douloureux, ayant perdu, entre autres, durant la « décennie rouge », un de ses frères, 22 ans, policier, assassiné par les terroristes, entrecoupé de blessures alors qu'elle était au sommet de son art et rencontrant des incompréhensions, ou même des obstacles, parfois de la part de dirigeants ), engrangeant diplômes (Its...), titres et médailles, en Algérie et à travers le monde (douze fois championne d'Afrique, une médaille d'or aux jeux Méditerranéens, médaille d'or aux Grand chelem de Paris Bercy en 2002 terrassant la redoutable française Euranie, alors vice-championne du monde et vice-championne olympique, quatre participations aux jeux Olympiques, quatre participations aux Championnats du monde et, toujours classée parmi les 5-7èmes mondiales), en tant qu'athlète (5 fois meilleure sportive algérienne au sondage Aps/Dahmani), mais aussi en tant qu'entraîneur d'équipes féminines de judo (de club, avec le GSP et nationale, entre 2009 et 2011). Mais, aujourd'hui, bien que n'ayant pas désarmé et toujours sur le « front ». A signaler son engagement patriotique lorsque, le 18 juin 2000, médaillée d'or au tournoi d'Alghero, en Sardaigne, l'hymne national et le drapeau algérien n'ayant pas été prévus par les organisateurs, elle a pris un micro baladeur, a ramené son drapeau algérien (en permanence dans son sac), a averti le public de supporter sa voix, et a entonné a-cappella le plus beau Qassamen de sa carrière, sous les applaudissements de tout le public (photo p 71) A noter une riche et claire annexe (p 128 à 148) composée de témoignages. L'Auteur : Journaliste, écrivain, artiste plasticien (diplômé et magister des Beaux-Arts d'Alger) né en 1966. Extrait : « Salima est le déclic qui a permis aux autres judokas d'éclore. C'est une pionnière qui a ouvert les portes aux autres » (Omar Saoud, judoka et ancien arbitre international, témoignage p 129). Avis - Se lit avec plaisir. Car, ouvrage de qualité, la couleur et les photos mettant en relief la forte personnalité, la douceur, l'humanisme et la beauté de la championne. Je signale la parfaite photo en page 127 de Salima et de sa fille. On ne peut trouver mieux pour glorifier l'amour maternel et filial. Bravo au photographe qui a su saisir l'âme des personnages. Note de dernière minute : je viens de découvrir récemment un ouvrage signé Marie-Claude Radziewsky (avocate française des militants du Fln durant la Guerre de libération nationale, ayant vécu en Algérie de 1963 à 1993) sur «Les femmes vaillantes » Dix récits-portraits de femmes «admirables, déterminées et intelligentes qui ont su secouer le joug qui les accablait». Citations : « Nous ne naissons pas champions, nous le devenons avec la sueur et le travail » (Salima Souakri, p 124), «Le judo est plus qu'un sport pour moi, c'est aussi le cri d'une jeune fille, d'une femme qui a toujours lutté pour une vie meilleure » (Salima Souakri, p 126). |
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