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La tension monte de plusieurs crans: 12 agents de l'ambassade de France à Alger expulsés

par A. Z.

Rien ne va bien entre Alger et Paris. On sort d'une amorce de règlement d'une crise diplomatique qui aura duré près de huit mois pour s'enfoncer dans une nouvelle escalade des tensions dans les relations bilatérales.

Et, si on parlait récemment d'une crise qui avait atteint un summum jamais vécu entre les deux pays auparavant, la situation semble avoir atteint le point de rupture, le gouvernement algérien ayant décidé l'expulsion de 12 agents de l'ambassade de France, à Alger. C'est ce qui a été demandé par les autorités algériennes, qui ont accordé 48 heures aux agents concernés pour quitter le territoire algérien, selon des comptes rendus de médias français, qui se réfèrent à une annonce, faite dans la nuit du dimanche au lundi 14 avril, par le ministre français des Affaires étrangères.

Cette décision fait suite à l'arrestation et la mise en détention, il y a deux jours, par les autorités françaises d'un agent consulaire en France.

Rappelons dans ce sillage qu'au lendemain même de cette arrestation, l'ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, où il a été reçu par le Secrétaire général du ministère, M. Lounès Magramane, qui lui a exprimé la vive protestation de l'Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français.

Le ministère a précisé à travers un communiqué que l'audience de l'ambassadeur de France à Alger «a eu pour objectif d'exprimer la vive protestation de l'Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou Amir Boukhors, dit AmirDZ, en 2024". Soulignant que «l'Algérie rejette fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l'appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire. Sur le plan de la forme, l'Algérie rappelle que l'agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le consulat d'Algérie à Créteil ainsi qu'à la pratique prévalent en la matière entre l'Algérie et la France». Non sans appeler à la libération immédiate de l'agent consulaire placé en détention provisoire et prévenir que « ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l'apaisement ».

De son côté, en réaction à l'expulsion des 12 agents de l'ambassade de France, à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé dans une déclaration écrite remise aux journalistes, selon le quotidien « Le Monde », qu'il s'agissait d'une « réponse à l'arrestation de trois citoyens algériens soupçonnés d'avoir commis des crimes graves sur le sol français ». Ajoutant que « si les autorités algériennes ne reviennent pas sur leur décision, nous n'aurons pas d'autre choix que d'y répondre immédiatement de la même manière ».

L'Algérie n'a pas donné de détails sur l'affaire, et ces développements pourraient, selon les observateurs, avoir un impact direct sur la visite du ministre français de la Justice, pour laquelle aucune date n'a encore été fixée, que ce soit pour l'annuler ou la reporter.