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Education : Pas de «ataba», un 10 exigé pour réussir son bac

par Yazid Alilat

Il n'y aura pas de fiche de synthèse ni de seuil pour l'examen du baccalauréat cette année.

C'est ce qu'a annoncé hier à la radio nationale M. Chaib Draa Thani, conseiller au ministère de l'Education nationale. Mieux, «le «10'' sera exigé pour avoir son baccalauréat, a-t-il soutenu, affirmant que «il faut un 10 de moyenne pour aller à l'université. Le 10 ne sera pas touché, c'est une norme internationale», a encore précisé M. Chaib Draa, selon lequel les objectifs tracés pour l'examen du bac, fixés à 75% en 2014, n'ont pas été réalisés. «Pour le secondaire, notre objectif est de 75%, mais on est loin de cet objectif avec seulement 45% de réussite au bac», a-t-il déploré, avant de souligner que pour cette année les objectifs du ministère de l'Education nationale restent les mêmes: 75% de réussite au bac, mais la note de «10'' sera maintenue pour décrocher cet examen. La suppression de la fiche de synthèse, selon lui, va obliger les élèves à ne pas déserter les classes et travailler jusqu'aux derniers jours précédant les examens.

Il a rappelé également que les dates des examens de fin d'année (bac, BEF et examen de fin de cycle primaire) restent inchangées.

Quant au seuil, il a indiqué qu'il «est interdit (au niveau du ministère) d'utiliser ce vocable. Il est banni même en termes de représentation», a précisé le conseiller, avant de relever sur cette question du seuil ou de la «ataba» que «nous sommes en train de toucher à la crédibilité de l'examen de l'Etat, le bac est le premier grade universitaire. Ce n'est pas convenable». Mais, il a concédé que le bac, tel qu'il est organisé actuellement, pourrait être revu. «Peut-être va-t-il falloir revoir le bac, avoir des disciplines anticipées». «Cinq jours d'examens c'est un peu trop», a-t-il estimé, avant de relever que «nous passons notre temps à gérer des conflits qui n'ont pas leur raison d'être, il est grand temps de revenir à la sérénité pour s'occuper des aspects pédagogiques». Pour rassurer les élèves qui vont passer des examens, il a par ailleurs annoncé que «les épreuves des examens porteront sur les cours dispensés en classe», estimant que le niveau des cours dispensés cette année est actuellement de 45% pour le bac, 70% pour le BEM et 82% pour l'examen de fin de cycle primaire, du fait des grèves à répétition qu'a connues le secteur depuis la rentrée.

Pour autant, il a estimé que «nous allons arriver dans les temps à terminer nos programmes pour éviter le rattrapage». Et, sur le volume horaire des cours, il a estimé que «l'Algérie est aujourd'hui hors normes, car dans les pays de l'OCDE les cours sont de 38 semaines par an, alors qu'en 2013 en Algérie, on a fait 24 semaines».

«Le volume horaire des cours n'est pas en adéquation, la loi exige un minimum de 32 heures par semaines», a expliqué M. Chaib Draa, qui a lui aussi estimé que l'école algérienne a enregistré «un retard de deux années de scolarisation durant les dernières années». «Cette année, on va atteindre les 32 semaines, et un dossier a été envoyé aux partenaires pour que cela soit 32 semaines en 2015 et 34 semaines en 2016''. Pour cela, a-t-il indiqué, «nous allons faire admettre à tous qu'il faut rentrer à l'école début septembre et en sortir début juin, pour atteindre les 38 semaines» exigées pour une bonne scolarisation.

POURSUITE DES DISCUSSIONS SYNDICATS-MINISTERE

Par ailleurs, M. Chaib Draa a annoncé, sur le front des relations avec les syndicats, que le ministère devait recevoir hier mardi 10 syndicats du secteur pour procéder à l'installation «de la commission nationale pour examiner les dysfonctionnements du statut particulier de l'enseignant». La révision du statut particulier de l'enseignant et du fonctionnaire du secteur de l'éducation nationale a été l'une des principales revendications des syndicats lors des grèves cycliques qu'ils avaient observées en janvier et février derniers. «Malgré sa révision à deux reprises (2008 et 2012), le statut particulier est à l'origine de l'instabilité du secteur. Il pose encore problème, et maintenant il faut prendre son temps pour arriver à solutionner les dysfonctionnements de ce statut», a-t-il reconnu, estimant qu'il est «grand temps d'arriver à un statut à la hauteur de tous les fonctionnaires du secteur, pour qu'on s'occupe de l'essentiel, dont la pédagogie».

Ce statut, qui «n'est pas équitable à toutes les catégories de personnels, dont certaines ont eu la part du gâteau, doit avoir le principe de mobilité professionnelle», a-t-il suggéré, avant de préciser qu'il s'agit «de régler ces dysfonctionnements».«Il faut établir un statut qui dure longtemps, au moins 15 ans, il faut donc revoir tous les dysfonctionnements de ce statut. On prendra le temps qu'il faudra», a-t-il encore souligné.

Pour M. Chaib Draa, «on ne peut arriver à une école de qualité sans le calme, la sérénité et l'adhésion de tous les partenaires». «C'est pour cela que nous avons proposé une charte de stabilité et d'équité. On va présenter un avant-projet de cette charte aux syndicats pour qu'ils l'examinent». Ce projet de charte «porte sur deux choses: le droit de grève et le droit de l'enfant à l'éducation». «Donc, il s'agit de garantir le droit de l'enfant à l'éducation, et nous veillerons à ce qu'il ne soit pas touché, tout en respectant le droit à la grève des travailleurs. «Nous allons travailler sur ces deux points» avec les syndicats, a-t-il laissé entendre, car «nous voulons éviter au maximum le recours à la grève grâce à la concertation avec nos partenaires». Le ministère de l'Education nationale multiplie ces dernières semaines les gestes de bonne volonté en direction des syndicats, en particulier à l'approche des examens de fin d'année. Le gros dossier actuellement sur la table des discussions entre les deux parties est la question de la révision du statut particulier des personnels du ministère de l'Education nationale.