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Dans le brouillard

par A. Walid

Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), M. Nebbou, a beau tenter de rassurer en soulignant la détermination de son parti à «poursuivre la mobilisation» pour faciliter la rencontre des bonnes volontés autour d'un « Smig politique » à même de sortir le pays de sa dangereuse léthargie, la Conférence nationale du consensus risque de ne jamais voir le jour. On s'en doutait, les obstacles et les résistances sont coriaces. D'abord parmi les partis de l'opposition même qui occupent la scène médiatique. Une farouche opposition sur le principe même de dialogue avec le pouvoir. Au moment où le FFS considère que le consensus est « la seule voie pour un changement réel dans le pays», la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique) adopte une position excluant tout dialogue avec les tenants du pouvoir. De même des partis de ce même pouvoir avaient cautionné la démarche du FFS, avant de la remettre complètement en cause. Ceci pose la question de leur indépendance et le poids des jeux de coulisses.

Du fait de scrutins dont la crédibilité est à chaque fois remise en cause, la représentativité pose un gros problème. Opposition et pouvoir se targuent de bénéficier d'un large soutien de la population. Mais quel est le poids réel des uns et des autres ? La question n'est pas anodine. Si Louisa Hanoune estime que l'APN actuelle n'est «pas habilitée» à adopter le projet de révision de la Constitution «eu égard à la nature des élections dont elle est issue», le FFS, lui, en appelle aux militants pour «la consolidation du parti et la poursuite de sa démarche au service de notre pays», lors d'un meeting prévu le 18 avril prochain à Alger. C'est dire la difficulté des différents acteurs de se situer sur l'échiquier politique.

La recherche d'un consensus est devenue presque une utopie. Et les ballons-sondes, concernant des questions de première importance, se multiplient ces derniers temps. Des étalages dans la presse sous le sceau de l'anonymat, laissant place ainsi aux spéculations les plus farfelues. Une manière de faire, détestable, qui finit par lasser des Algériens auxquels on annonce des années à venir pleines d'incertitudes, avec la chute drastique de la rente pétrolière et l'absence d'alternatives viables. Point de débat serein mais des sorties médiatiques «calculées», rendant plus épais le brouillard.

L'Algérien lambda qui ne fréquente pas les salons feutrés d'Alger a toutes les peines du monde à se retrouver. Pourtant en dernier lieu, le dindon de la farce demeure ce même citoyen vers lequel l'on se tourne à chaque fois que la situation se détériore. S'il est réellement le destinataire de ces messages qui sont envoyés par médias interposés, il faudrait que cela soit plus explicite. Bien évidemment cela ne semble pas être le cas. La multiplication des messages codés destinés à des adresses tapies dans l'ombre n'est jamais un bon signe. Ce qui hypothèque davantage une issue à la crise que traverse le pays.