Remous dans les
rangs des robes noires. A la veille du renouvellement à la tête de l'Union
nationale des ordres des avocats, deux nouvelles données sont venues perturber
le calendrier qui prévoyait l'élection d'un président ainsi que deux
vice-présidents au mois d'avril prochain : d'une part la démission annoncée
hier du président sortant de l'UNBA, en l'occurrence M. Mostefa Lenouar et,
d'autre part, l'annulation par le Conseil d'état en référé des élections du
bâtonnat régional de Mascara dont la date était fixée pour ce 29 mars 2014.
C'est surtout cette dernière annulation qui viendrait plaider en faveur d'un
report à une date ultérieure de l'élection d'un nouveau président de l'Union
nationale des ordres des avocats. Car, selon l'article 104 de la loi régissant
la profession d'avocat, ce sont tous les bâtonniers régionaux, membres du
conseil de l'union, qui doivent élire en leur sein le président et ses deux
vice-présidents et, comme le bâtonnier de Mascara n'est pas encore connu et ne le
sera pas de sitôt, en tout cas pas avant que le Conseil d'état ne tranche dans
le fond de cette affaire, les évènements prennent la courbe de l'imprévu avec
tout ce que cela comporterait comme improvisation. La démission de maître
Mostefa Lenouar laisse un vide qu'il faudra impérativement combler dans
l'immédiat, certainement par l'un des deux vice-présidents. Et, passé cet
écueil, il faudrait lier la suite des évènements à l'affaire du bâtonnat de
Mascara, toujours pendante dans le fond devant le Conseil d'état (après avoir
tranché en matière de référé, le Conseil d'état devrait trancher dans le fond
de cette affaire qui suscite des vagues au sein des robes noires).
Pour rappel,
l'affaire du bâtonnat de Mascara, le seul qui n'a pas encore procédé au renouvellement
de ses membres, a connu des développements avec l'intervention récente du
ministre de la Justice, Garde des sceaux, qui a saisi le président de l'Union
des ordres des avocats pour régler le conflit endémique qui oppose depuis de
longs mois les robes noires de Saïda, Naâma et El-Bayadh au bâtonnier de
Mascara, notamment après la décision de la chambre administrative de la cour de
Mascara, rendue au début du mois de décembre dernier, et ayant déclaré
l'illégalité de la représentativité du bâtonnier régional regroupant Mascara,
Saïda et Naâma, ainsi que l'annulation du conseil de discipline et la
désignation d'un expert pour éplucher les comptes financiers de l'ordre des
avocats en question. Laquelle décision a été suivie par une série d'autres jugements
dont deux ont annulé l'assemblée générale organisée récemment par le bâtonnier
de Mascara et l'assemblée générale élective annoncée dans ce sillage pour le 29
février. Après l'intervention du ministre de la Justice, maître Mostefa Lenouar
avait procédé à l'installation d'une commission constituée de cinq avocats pour
organiser et superviser les élections du bâtonnat régional de Mascara dont la
date a été fixée au 29 mars. Mais, la commission en question ne fera pas
l'unanimité, et tout a été mis en branle pour la dissoudre. A partir de là,
saisi par les opposants à cette commission, le conseil de l'union, habilité à
agir sur les questions se rattachant à l'intérêt de la profession et qui lui
sont soumises par le président de l'union, le conseil de l'union ou le tiers
(1/3) au moins de ses membres (art 106), a introduit deux actions devant le
Conseil d'état, l'une en référé pour l'annulation des élections prévues
aujourd'hui même et la seconde pour trancher dans le fond et dissoudre la
commission installée naguère pour organiser et superviser ces élections. C'est
la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et provoquer la démission du
président de l'Union des ordres des avocats, maître Mostefa Lenouar, qui devait
remettre (ou renouveler) son mandat au bout de cette élection pour le
renouvellement des membres du bâtonnant de Mascara. «Par respect pour la
profession, je déclare ma démission de la fonction de président de l'Union des
ordres des avocats», nous a annoncés hier maître Mostefa Lenouar. Une décision
provoquée par ces évènements qui se sont précipités sur la scène, mais le
concerné insiste à dire que ce n'est nullement la décision du Conseil d'état en
elle-même qui l'a poussé à se retirer, laquelle décision «peut faire l'objet de
recours», rappelle-t-il, «plutôt cette démission intervient en réponse aux
déclarations de certains qui ont laissé entendre que je visais à travers tout
ce qui a été fait dans ce cadre un autre mandat à la tête de l'union. Je n'ai
jamais couru ni derrière le premier mandat ni vers un second, tiendra-t-il à
préciser car, ce sont les membres du conseil de l'union qui m'ont plébiscité
pour ce mandat. Quant à un autre mandat, rien n'est encore dit que je
présenterai ma candidature.» Maître Mostefa Lenouar a indiqué «qu'il demeure
bâtonnier de la région de Constantine et, de ce fait, membre du conseil de
l'union, en attendant ce que nous prépare l'avenir». Non sans faire part de sa
satisfaction de tout ce qui a été réalisé ces trois dernières années dont la
promulgation de la loi régissant la profession d'avocat, «un grand acquis pour
les robes noires et les justiciables», souligne-t-il.