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«Barakat», quel avenir post 17 avril ?

par Moncef Wafi

Alors qu'elle n'en est qu'à sa première semaine, la campagne électorale montre déjà des signes d'essoufflement et une certaine lassitude commence à prendre corps dans la multiplication des meetings «populaires» et dans les discours version «langue de bois» des cinq candidats à la présidentielle et des relais du président-candidat. Une première semaine caractérisée surtout par la désaffection du large public qui ne s'intéresse plus à la chose politique malgré toutes les promesses miroitées par les candidats et l'abattage médiatique renforcé par une profusion de chaînes de télévision qui jouent, sans trop de conviction, à une pluralité du discours politique.

Hormis le microcosme politique et les cercles restreints partisans, avec leur cohorte d'opportunistes professionnels, cette campagne lasse de par sa fadeur et l'observateur averti a cette étrange impression du «déjà vu» tant son déroulement rentre facilement dans le moule de ses aînées. Pourtant, et dans ce magma d'indifférence populaire, un vent nouveau souffle sur cette élection. Même si son amplitude reste faible ne drainant pas une popularité des plus importantes, le mouvement «Barakat» est en train de donner une tout autre signification à une élection des plus traditionnelles avec un président sortant candidat à sa propre succession et des candidats-lièvres, parfaits alibis pour une campagne plurielle pour consommation extérieure. Avec ses manifestations partisanes, sa composante humaine élitiste à souhait et néanmoins restreinte, «Barakat» se place-t-il déjà sur l'échiquier politique national et sera-t-il son vivier de demain ? C'est la question qui se dégage au jour d'aujourd'hui puisque l'action de «Barakat», même si elle s'inscrit dans la conjoncture élective du moment, ne doit pas s'atténuer au lendemain du 17 avril.

En deux mots, le mouvement est attendu au tournant et est scruté à la loupe pour voir vers quelle tendance il va évoluer. Il pourrait tout autant disparaître des écrans radar s'il ne gagne pas en crédibilité populaire en se débarrassant de son carcan corporatiste. Les plus optimistes voient dans ce mouvement un premier pas vers le renouveau de la classe militante d'une Algérie qui se cherche. Qui a besoin d'un sang neuf pour redynamiser un pays qui ploie sous le poids des septuagénaires aux manettes du pouvoir depuis tellement longtemps. Un «Barakat», même embryonnaire, peut-il alors jouer pleinement le rôle transitoire dans un paysage plombé, bicéphale entre un pouvoir omnipotent et une opposition parfois discréditée par ses leaders.

Liamine Zeroual lors de son intervention épistolaire a évoqué une période de transition qui pourrait être la solution pour sauver l'Algérie et même s'il ne faisait pas allusion au mouvement «Barakat» de par son positionnement actuel par rapport à la présidentielle peut s'inscrire facilement dans cette optique. Il pourrait, à court terme, remplacer une société civile inexistante en dehors des invitations protocolaires et espérer offrir une autre alternative aux Algériens loin du pouvoir actuel et du chaos que ce dernier promet au cas où il viendrait à passer la main. «Barakat» n'est qu'à ses débuts, mais il a réussi la gageure à s'exprimer sur la voie publique. Reste maintenant demain.