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Démocratie de la meute contre démocratie de l'émeute ?

par Mourad Benachenhou

Il y a des mots qui expriment des concepts à la fois vides de sens et riches de significations, et qui ont sur les esprits un pouvoir à la fois infini et dangereux. Parmi ces concepts, celui de démocratie, dont se parent des régimes politiques dont les principes et les mécanismes sont en totale contradiction les uns avec les autres, est devenu, plus qu'un slogan, un véritable cri de guerre, justifiant les interventions étrangères les plus violentes et les exploitations les plus cyniques de la naïveté des peuples.

LA DEFINITION DE LA DEMOCRATIE, UNE TAUTOLOGIE SANS SENS

La démocratie est aussi facile à définir que difficile à mettre en œuvre. C'est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Cette définition, acceptable de tous ceux qui se piquent de démocratie, est simplement une tautologie qui ne veut absolument rien dire. Elle traduit exactement le terme «démocratie» qui, comme tout un chacun le sait, est composé de deux mots grecs: «démos,» le peuple, et «cratia,» le gouvernement.

Le terme en lui-même n'a aucun sens, car il renvoie à deux autres termes qui doivent faire eux-mêmes l'objet, à la fois d'une définition et d'une description approfondie, pour se traduire en idées, institutions, mécanismes et actions précises donnant un contenu vivant et concret au terme initial.

QU'EST-CE QUE LE PEUPLE ?

Le terme «peuple,» qui pourtant est l'élément axial de la démocratie, demande à être précisé dans son contenu. Est-ce toute la population adulte et responsable civiquement et civilement vivant sur un territoire politiquement autonome? Est-ce seulement une minorité définie par des critères d'origine ethnique, d'appartenance religieuse, de statut socioprofessionnel ou économique?

Quant à la seconde partie du terme «démocratie», elle ouvre la voie à toutes sortes de questions. Le peuple gouverne-t-il directement ? C'est-à-dire débat-il directement des sujets intéressant la collectivité ? Prend-t-il lui-même les décisions pratiques destinées à rendre effectives les conclusions de ses débats ? Met-il en œuvre ces décisions sans l'aide d'institutions spécialisées permanentes ? Ou délègue-t-il ses pouvoirs à des personnes choisies par lui sur la base de l'appel à candidature et en passant par le mécanisme de l'élection? Les pouvoirs qu'il délègue sont-ils limités par des règles écrites auxquelles doivent se soumettre ses délégués ? Si ces pouvoirs et les institutions sont établis dans une Constitution écrite, celle-ci couvre-t-elle, dans leur exhaustivité, toutes les actions qu'un gouvernement est supposé prendre au nom du peuple ? Ou cette Constitution se contente-t-elle de donner les grands principes de l'organisation des pouvoirs délégués, laissant aux gouvernants une large marge de manœuvre pour adapter leurs décisions et leurs actions aux circonstances particulières auxquelles ils sont confrontés ?

LA DEMOCRATIE ATHENIENNE, UN SIMPLE MYTHE FONDATEUR ?

Pour mieux saisir l'absence de sens du concept de démocratie, rien ne vaut que de revenir sur ce que des milliers de voix proclament être la première démocratie de l'histoire, à savoir la cité d'Athènes, dont le gouvernement, en ses heures de gloire et de grande puissance, n'avait rien de démocratique. Seule une minorité de la population vivant à Athènes avait le droit de prendre part à la gestion des affaires collectives de la cité. Il n'y avait pas plus de dix mille adultes, exclusivement de sexe masculin, jouissant de tous les droits de citoyenneté athénienne, parmi une population de quatre cent mille habitants, dont trois cent mille étaient des esclaves, et quatre-vingt-dix mille «métèques,» étrangers libres venant d'autres cités de la Grèce et sans aucun droit civique, et dont les privilèges économiques et sociaux étaient sujets aux avatars des relations entre Athènes et les cités dont ils étaient originaires.

De plus, les droits politiques des citoyens athéniens à part entière étaient exclusivement réservés aux Athéniens justifiant d'un père et d'une mère athénienne. Finalement, les postes d'archontes, ou gouvernement de la cité, était réservés aux citoyens athéniens ayant une fortune suffisante pour payer pour la construction et l'entretien de navires de guerre.

Cet état de choses n'était, en plus, la norme que dans les périodes de stabilité, car la cité d'Athènes passa, au cours de son bref siècle d'or, le cinquième siècle avant l'ère commune, par une série de coups d'Etat, dont le plus violent fut la dictature des Trente, dont une des conséquences dramatique fut le procès et l'exécution du philosophe Socrate, accusé d'être le complice de cette dictature.

Quant aux femmes athéniennes, enfermées dans les gynécées, à peine si elles avaient le droit de se montrer en public, et elles étaient même interdites de spectacles, lors des fêtes religieuses célébrant le culte de Dyonisius, au cours desquelles étaient présentées les fameuses tragédies dont les auteurs : Eschyle, Sophocle, Euripide, ont fait la gloire de la littérature athénienne. Car, dans la religion grecque, la femme ne pouvait prendre part à aucun rite sans commettre un sacrilège punissable par les Dieux sous forme de calamité frappant la cité d'Athènes.

Le mythe de la démocratie athénienne subsiste jusqu'à présent pour ancrer l'idée que la civilisation occidentale a, dès sa genèse, adopté la démocratie, et son pendant direct, la citoyenneté, comme forme de gouvernement.

La démocratie athénienne était réservée à une minorité, définie par des critères ethniques et exclusivement réservés aux hommes et dont l'élite était représentée par les citoyens les plus riches, les seuls ayant le droit de gouverner. D'ailleurs, Platon ne s'y est pas trompé, en poussant jusqu'au bout la logique de ce système politique en proposant dans «La République» un Etat fondé sur le système de castes socioprofessionnelles, chacune enfermée dans un statut spécifique hérité de père en fils.

LA NOTION SURFAITE DE CITOYENNETE

La démocratie est fondée sur un autre mythe: la notion de citoyenneté, qui implique que tous les membres de la collectivité nationale, jouissant de droits civiques, c'est-à-dire de la liberté d'expression, du droit de participer à toutes les activités touchant aux affaires collectives, partagent les mêmes intérêts, ont les mêmes capacités intellectuelles et le même poids dans les décisions de caractère politique: l'éboueur, ou son équivalent, aurait la même puissance de réflexion et les mêmes capacités de compréhension des problèmes du pays que le professeur d'université; le mathématicien, enfermé dans la poursuite de sa science, partagerait les mêmes intérêts matériels et moraux que l'homme d'affaires habile à compter sa fortune et à naviguer les mille pièges de l'économie de marché.

Et tout ce monde, dans sa diversité individuelle, comme professionnelle et économique, partagerait les mêmes informations, et serait au fait de toutes les affaires du pays, des plus simples, comme la structure de la fiscalité, aux plus compliquées, comme les relations internationales. Bref, chaque citoyen serait une encyclopédie vivante, dont les opinions politiques, les choix de société seraient éclairés par des idées et des faits parfaitement maîtrisés sur l'état du pays et ses problèmes les plus cruciaux.

UNE NOTION QUI VA A L'ENCONTRE DE LA COMPLEXITE DU MONDE

Cette vision idyllique du citoyen ne correspond ni à une réalité historique depuis longtemps écoulée, où la citoyenneté était pratiquée dans des sociétés nettement moins complexes que les nôtres, ni, a fortiori, dans la société actuelle où la spécialisation et le professionnalisme sont les maîtres-mots dans toute activité sociale.

Il n'y a aucune profession, si anodine soit-elle, qui n'implique pas de longues études et ne réclame pas de la part de celui qui la détient la pleine mobilisation de son temps et de son esprit. Un citoyen ne peut être à la fois un économiste distingué, un grand spécialiste de la fiscalité, un constitutionnaliste pur et dur, un juriste hors pair, un ingénieur des travaux publics chevronné, etc. etc. Pour chacune des questions qui ne relèvent pas de sa profession ou de ses compétences intellectuelles, il doit s'en remettre aux spécialistes autoproclamés ou authentiques.

DIFFERENCES DE COMPETENCES, DIVERGENCES D'INTERETS

Ceux-ci ont leurs propres intérêts moraux, économiques et professionnels à défendre. Joueront-ils totalement le jeu de la transparence pour éclairer les citoyens qui ne maîtrisent pas leur matière ? Ou vont-ils présenter les choses sous un angle qui sauvegarde leurs propres intérêts et satisfait leurs propres convictions politiques, sociales ou autres ? Y a-t-il des critères, une pierre de touche, qui permettent de déterminer si les «spécialistes» en charge d'éclairer la lanterne du citoyen indécis ou ignorant, qui font preuve d'abnégation et répondent en toute objectivité à ce besoin d'information ? Ou vont-ils «tirer la couverture à eux» et ne révéler que ce qui ne leur nuit pas à titre individuel ou collectif ?

LE DROIT A L'INFORMATION ET SA PRATIQUE

Le droit à l'information, sans lequel le droit à la citoyenneté deviendrait, dans un monde aussi complexe que le nôtre, un droit vide de tout contenu, est-il garanti lorsque chacun, par nature, tente de faire passer, dans sa société, ses intérêts avant ceux des autres ?

Et, pourtant, les gouvernants, qu'ils le veuillent ou non, sont tenus, quel que soit le mode d'accès au pouvoir qu'ils ont utilisé, non seulement d'être à l'écoute, en permanence, des doléances et des demandes des citoyens - au sens le plus large du terme - mais également de former l'opinion de ces citoyens, en les informant, a minima, de leurs principes de gouvernement et de leurs actions. De plus, si mal informés soient-ils, les citoyens n'en manquent pas de saisir tel ou tel fait réel ou anecdotique, pour se faire une idée, ou même une opinion fixe et définitive, sur les décisions des gouvernants, et pour porter un jugement sur la qualité de la gestion de ces gouvernants.

L'AMBIGUÏTE DES RELATIONS ENTRE CITOYENS ET GOUVERNANTS

Les relations entre gouvernants et gouvernés, dans un système politique fondé sur l'idée de citoyenneté pleine et entière, ne sont jamais transparentes et ne se caractérisent pas par la clarté. On peut même affirmer qu'elles ne sont possibles que parce que les uns et les autres acceptent de vivre dans l'ambiguïté : les gouvernants font semblant de maîtriser les évènements et de contrôler, au boulon près, les affaires collectives; les citoyens font semblant de croire que les seuls intérêts qui valent la peine d'être pris en charge sont leurs intérêts propres, et que tout gouvernement qui accepte ce principe de «bonne gouvernance» est digne d'être légitime.

Mais il arrive que cette ambiguïté, entretenue savamment par les gouvernants, et acceptée passivement par les citoyens, ne peut plus cacher les réalités dans lesquelles ces deux groupes s'entretiennent.

Le sentiment d'impuissance des gouvernants devient visible et la frustration des citoyens devient insupportable. Les uns sont dépassés par une situation de crise dont ils ne comprennent, ni ne maîtrisent les tenants et les aboutissants, et les autres voient leur sentiment d'impuissance, déjà partie de leur vie de tous les jours, s'exacerber au point où ils s'estiment justifiés de faire éclater leur colère, devenue destructrice.

L'EMEUTE, MANIFESTATION DE DEMOCRATIE DIRECTE

L'émeute, si spontanée soit-elle, peut ne pas être justifiée, dans la mesure où elle constitue un rejet violent de l'ordre établi, une violation flagrante des lois de la société, un abus de pouvoir par la foule qui fait éruption dans le processus de prise de décision collective, un rejet de l'idée des droits de l'homme et de la justice la plus élémentaire.

Cependant, elle reste, dans certaines circonstances, la seule manifestation de démocratie à la disposition de citoyens qui ont l'impression que les gouvernants ne les écoutent plus. Cette forme d'expression démocratique des frustrations collectives entraînées par l'absence de la puissance publique dans le règlement de problèmes vécus par les populations, n'est nullement à encourager et ne saurait donner lieu qu'à condamnation.

MIEUX COMPRENDRE CE QUE LES EMEUTIERS REVENDIQUENT

La condamnation indignée ne suffit pas. Les gouvernants doivent tenter de découvrir, derrière ces explosions de colère collective, le problème de fond qui les a suscitées, et non se contenter des aspects superficiels de ces actions de masse, et les slogans hurlés par les manifestants en rage peuvent cacher des problèmes mal compris. Ainsi, combien de fois dans l'histoire du monde, des conflits religieux ont-ils caché des divergences d'intérêts entre groupes ? Et combien de décisions politiques prenant comme prétexte des différends théologiques ont-elles eu pour unique raison d'orienter la colère des peuples vers des domaines éloignés de la remise en cause des dirigeants ? N'a-t-on pas vu dans le Moyen Age l'Eglise, contestée tant par les seigneurs féodaux que par la paysannerie misérable, lancer, afin de conserver ses richesses et sa puissance matérielle, les uns et les autres dans la conquête des Lieux Saints au nom de la Sainte Croix ? N' y a-t-il pas, derrière les diatribes inter-écoles dans certaines régions du pays, des problèmes économiques et sociaux de fond qu'il s'agit de résoudre au lieu d'appeler vainement à la paix et à l'entente entre les communautés ? Il faut trancher les problèmes dans leurs fonds, pas dans leurs apparences trompeuses.

LA MONTEE DE LA DEMOCRATIE PAR LA MEUTE

Face à cette démocratie par l'émeute, il y a la démocratie par la meute, savamment utilisée dans les pays les plus avancés et qui, restreinte à certains pays européens, gagne même l'Amérique du Nord, pourtant fondée sur la liberté de croyances.

La crise économique engendrée par une politique de facilité monétaire sans restriction continue ses ravages, car certains pays en cause, empêtrés dans un système monétaire unique, couvrant des économies aux productivités du travail et aux structures de production différentes, ne sont pas en mesure d'ajuster le taux de change de leur monnaie unique à leur cas spécifique et ne peuvent jouer que sur les taux d'intérêt de leur dette publique pour sortir de la crise.

Dans le même temps, une partie de la population continue à s'enrichir grâce aux mécanismes spéculatifs qui facilitent l'accès des opérateurs en bourse à des crédits aux taux d'intérêts inférieurs au taux d'inflation. A cela s'ajoute la spéculation immobilière et foncière, entretenue par les faibles taux d'intérêts.

Le reste de la population active voit s'accentuer la précarité de son emploi, devenue structurelle, et se réduire ses perspectives de s'en sortir, créant en elle un sentiment d'angoisse et de peur du lendemain.

DES SYSTEMES POLITIQUES DOMINES PAR LES PLUS RICHES

Les systèmes politiques de ces pays sont dominés par les mieux nantis, qui tentent de maintenir leur situation de domination politique, source de leur domination économique, en bloquant les réformes économiques, sociales et monétaires qui peuvent redonner espoir aux moins nantis.

Dans ce contexte, toutes les libertés politiques deviennent de simples slogans sans portée réelle sur l'état des choses. La liberté d'expression est contrôlée ; la censure de toute information qui pourrait faire prendre conscience aux classes les plus fragiles des causes profondes de leur déchéance est d'autant plus aisée à pratiquer comme à dissimuler que ceux qui s'enrichissent grâce à la bourse et à la précarité de l'emploi contrôlent directement ou indirectement les organes de presse et médias lourds.

Pour faire oublier aux gens leur misère, on crée, à travers ces organes, une atmosphère ludique qui accentue la passivité du citoyen et lui donne l'impression que le système dans lequel il vit est juste, justifié et équitable. Pour accentuer cette perception que le système actuel n'exige pas d'être réformée, et que les frustrations actuelles ne tiennent pas à ses mécanismes de distribution des richesses et d'organisation du pouvoir politique en faveur des plus riches, on met l'accent sur l'unicité civilisationnelle, ethnique et religieuse des peuples, unicité menacée par l'Islam.

L'ISLAMOPHOBIE, UN SLOGAN POLITIQUE QUI SE VEND BIEN

On crée chez le citoyen, désarçonné par le contexte économique et social actuel, le sentiment d'appartenir à une meute menacée par une force extérieure qui sévit dans son propre sein et qui constitue pour elle une menace existentielle, la seule réelle, et la seule à éliminer, car c'est d'elle que viendraient tous les problèmes économiques, sociaux, politiques et sécuritaires. Le pendant de la menace terroriste internationale est, à l'intérieur, la menace culturelle de l'étranger qui, dans le déguisement européen qu'il arbore, cache, par ses croyances religieuses, ses goûts culinaires, son accent étrange, par sa marginalité politique et sociale, un danger vital pour une société dont la cohésion a été mise à mal par la crise qui perdure. L'étranger, c'est le mal, et surtout s'il est musulman, c'est-à-dire doublement étranger.

MEME LA SUISSE NEUTRE L'EMBRASSE

On voit même un pays comme la Suisse, qui vit de son ouverture économique sur le monde, succomber à cette démocratie de la meute et vouloir ne voir dans ses rues que des descendants purs et durs d'Helvètes d'antan. Siège de nombreuses organisations internationales oeuvrant à maintenir un monde ouvert, patrie de l'humanitarisme généreux, voilà que ce pays, à travers deux votations populaires, décide de se refermer sur lui-même. Les rives du lac Léman sont-elles suffisamment riantes et attrayantes pour dissimuler cette envie exprimée par les Suisses de rester entre eux ? Faut-il penser à faire déménager les organisations internationales vers des lieux plus ouverts, par exemple Singapour, où les différences religieuses et ethniques ne sont pas considérées comme justifiant la marginalisation ? Faut-il vider les banques suisses des avoirs étrangers qui font la richesse de ce pays ? Faut-il décréter un boycott généralisé des produits suisses, car il n'y a aucune de ses productions qui ne trouve pas son pendant ailleurs, y compris les montres ?

EN CONCLUSION

Cette fameuse notion de mondialisation dont on rabat les oreilles des uns et de autres et qui justifie les interventions étrangères, la publicité consumériste effrénée dont vit l'internet, le facebook et le twitter, n'est-elle pas une marchandise dont certains veulent se prévaloir uniquement dans leur intérêt et qu'ils refusent si d'autres en prennent avantage ?

On sait combien les termes de «droit international,» de «droits de l'homme,» de «liberté d'expression,» de «liberté de culte,» sont frelatés et utilisés uniquement au cas pas cas et exclusivement au service de certaines puissances.

On voit comment la défense de l'intégrité territoriale et le refus de l'annexion de territoires par la force sont foulés aux pieds dans certains cas et rappelés avec force dans d'autres.

Et on constate que la démocratie, telle que certains veulent l'exporter, n'est pas celle qu'ils pratiquent, et que la citoyenneté que certains ont à l'esprit est celle raciste, machiste et xénophobe de l'Athènes antique. N'y a-t-il pas une grande escroquerie dans cette nouvelle règle adoptée par certaines nations dites» civilisées» qui veulent être chez elles n'importe où dans le monde, mais refusent la réciprocité dans leur pays d'origine ? L'invasion culturelle et consumériste qui prévaut dans le monde d'aujourd'hui ne rend-t-elle pas les peuples les plus pauvres de ce monde étrangers dans leur propre pays ? Et cette volonté d'imposer, même par la violence, les mêmes modes de consommation partout dans le monde, n'est-elle pas la forme la plus nocive d'invasion, car elle pousse les gouvernements des pays les moins nantis soit à assurer la satisfaction de ces modes, soit à disparaître ?

La démocratie de la meute s'est emparée de l'esprit de certains pays avancés et elle ne vaut pas mieux que la démocratie de l'émeute qui sévit dans nos pays.