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L'industrie du luxe s'intéresse à nos «nouveaux riches»

par Aymen Zitouni

Les nouveaux riches d'Algérie comme ceux de Libye, d'Irak ou du Nigeria intéressent l'industrie du luxe à la recherche de nouveaux marchés pour compenser le ralentissement dans certains pays émergents.

L'Algérie est déjà considérée comme un grand marché pour les voitures de tourisme avec des importations qui pourraient dépasser cette année la barre symbolique du demi-million d'unités. Elle est aussi, selon une étude, une destination potentielle des marques de luxe pour les prochaines années en raison de l'émergence d'une classe de nouveaux riches qui a bien profité du boom des revenus pétroliers au cours de la décennie 2000. Les marques de luxe, très chères, se tournent vers de nouveaux marchés du Moyen Orient et en Afrique. L'Algérie, avec la Libye, l'Irak, le Mozambique et le Nigeria pourraient devenir des destinations importantes pour les marques de luxe dans les prochaines. Trait commun de ces pays, des revenus pétroliers qui ont explosé au cours de la décennie 2000 et ont généré une classe de nouveaux riches soucieux d'afficher les signes extérieurs de réussite sociale. La tendance est forte, affirme Dr Florence Eid, économiste en chef au sein du Research group Arabia Monitor au cours d'une manifestation sur l'industrie du luxe. Selon elle, à contrecourant du ralentissement mondial, le «pouvoir d'achat résiste en Afrique et au Moyen Orient». Aux opérateurs, un peu déprimé du luxe, Mme Eid a apporté une «lueur d'espoir». Selon elle, «après les violences du printemps arabe, les gens ont maintenant des attentes plus élevées qu'auparavant» et il y aura une «énorme croissance dans les classes moyennes». Croissance de la consommation s'entend. De nouveaux consommateurs sont observés, selon elle, dans des pays arabes et africains avec la hausse des revenus pétroliers et une libéralisation des marchés qui donnent naissance «à des épargnants nouveaux et dépensiers». Les pays les plus en vue l'Algérie, la Libye, le Mozambique, le Nigéria et l'Irak et ils intéressent d'autant plus l'industrie du luxe que les marches des pays émergents comme la Chine et le Brésil connaissent un ralentissement.

COMPTES SUISSES ET DEPENSE LOCALE

Elle estime, avec un certain humour, que si dans le passé récent les recettes d'exportations atterrissaient directement dans des comptes suisses «à présent la richesse est réinvestie et distribuée dans la région». Mais si l'Algérie est cité comme étant potentiellement un marché pour l'industrie du luxe en Afrique du nord, des spécialistes soulignent qu'il est toujours à un stade embryonnaire.L'Algérie, un pays dont les revenus pétroliers ont considérablement grimpé ces dernières années a vu effectivement une nouvelle classe de «nouveaux riches» émerger et s'afficher ostensiblement. Le profil exact de cette nouvelle classe est difficile à déterminer. Mais il est de notoriété publique que beaucoup ont fait fortune dans l'économie informelle. La traçabilité des biens accumulés n'étant en général pas établie par l'administration fiscale qui ferme les yeux sur les signes extérieurs de richesses. Ce faisant, certains signes ne trompent pas. Depuis le début des années 2000, des marques de luxe commençaient à s'installer à Alger notamment pour répondre à une demande de plus en plus exigeante.

LE LUXE EST DEJA LA

En 2012, Mauboussin, la maison de joaillerie de la place Vendôme à Paris s'est installée dans le quartier huppé de Sidi-Yahia (Alger). L'enseigne du meuble de luxe, Roche Bobois s'est également installée dans le même quartier quelques semaines après? Pour répondre à une nouvelle clientèle chic à la recherche du raffinement et du cher pour l'ameublement des nouvelles bâtisses de haut-standing qui fleurissent sur la côte ouest et le sud d'Alger. Les voitures haut de gamme se vendent mieux et sont de plus en plus visibles sur les routes des grandes villes. Les importations de voitures qui ont dépassé la barre symbolique des 500.000 véhicules en 2012, ont entrainé une hausse de vente des voitures de luxes. Les propriétaires de voitures à plus de sept (07) millions de dinars (environ 65.000 ?) ont de très faibles chances d'être comptés parmi les fonctionnaires dont les revenus ont augmentés depuis 2011 à la faveur de la hausse des salaires.