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Aïn El-Turck: La location des habitations en plein essor

par Rachid Boutlélis

La location des habitations dans la daïra de Aïn El-Turck constitue désormais une source principale de revenus pour un grand nombre de familles établies dans cette partie de la wilaya d'Oran. Et ce n'est pas seulement durant la saison estivale, car cette zone de la wilaya d'Oran est très recherchée, non seulement pour la location mais également pour l'achat de logements, contribuant ainsi à la flambée du prix de l'immobilier, comme partout ailleurs il est vrai.

Cet état de fait a commencé à se manifester, plus au moins timidement, vers le milieu des années 90 chez certaines de ces familles, issues en général de couches sociales modestes. Celles-ci proposaient aux estivants la location d'une partie de leur habitation pour un court séjour. Les espaces loués n'offraient pas toutes les commodités nécessaires relatives à un cadre de vie décent pour la période estivale. Mais généralement, les familles estivantes n'exprimaient pas d'exigences, du moment qu'il ne s'agissait que de brèves vacances et que cela n'influe pas grandement sur leurs économies. Ce qui leur importait beaucoup plus, c'était d'être à proximité de la mer et d'en faire profiter les enfants notamment. Celles qui proposaient ces locations aspiraient plus particulièrement à arrondir les fins de mois boiteuses de smicard. Une aubaine qui a donné ses fruits et se traduit à travers une appréciable rentrée d'argent provenant de ces redevances périodiques.

Petit à petit et au fil du temps, cette activité, illicite dans la plupart des cas, a rapidement contribué à l'apparition d'émules dans le paysage de cette daïra. Certaines familles ont même entrepris des travaux d'aménagement dans leur propre habitation, souvent en violation des règles en vigueur, afin d'exploiter des espaces destinés à la location. Pendant la saison estivale, la moindre superficie, et même les garages à bateaux, sont judicieusement exploités pour ce besoin.

Vers la fin des années 90, ce business a attiré l'attention d'une autre tranche de la société qui n'a rien à voir avec les petites locations pour un bref séjour au bord de la mer. Il s'agissait en fait d'opérateurs privés venus de différentes contrées du pays, alléchés par ce business juteux. Des hôtels, de nombreux petits complexes constitués de bungalows, ainsi que des bâtisses abritant des logements de haut standing meublés, ont poussé comme des champignons en s'accaparant presque tous les lopins de terre essaimés sur le littoral ouest. En l?espace de moins de dix années, l'immobilier est devenu la principale rente dans cette daïra, dont la population a connu, entre-temps, une croissance fulgurante. Elle a également constitué la destination privilégiée d'un exode rural massif, vers la fin des années 90, de familles fuyant le terrorisme prévalant à cette époque dans leurs régions d'origine.

Pour ce cas particulier, il ne s'agissait plus d'une location relative à un petit séjour d'agrément, l'espace d'un été, pour des familles en quête de détente. Cet état de fait a été en grande partie à l'origine d'une considérable hausse des loyers. La même habitation, constituée d'une pièce, d'une kitchenette, de douche et de sanitaire, qui était proposée à la location à partir de 5.000 dinars/mois, est désormais négociée entre 12.000 et 15.000 dinars, voire plus, pour la même durée. En dépit d'une insuffisance de commodités qui devraient faire partie du contrat de location, rarement établi pour échapper au fisc, les familles postulantes se bousculent sans rechigner.

«Même si je n'accepte pas les conditions, il existe d'autres familles qui ne manifesteront aucune désapprobation. Je n'ai pas le choix car je ne suis pas sûr de trouver mieux», a affirmé un père de famille qui tentait de négocier le loyer avec un courtier.

Ce business a en parallèle grandement contribué à la multiplication d'agences immobilières et d'intermédiaires dans cette daïra. «Il vous suffit de me mettre sur la mèche pour que je puisse vous débrouiller le logement dont vous rêvez», a fait remarquer un courtier, qui ne cache pas que «cette activité lucrative a encore de beaux jours devant elle» sur ce littoral qui accueille chaque été des milliers d'estivants.