Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Des vertus sportives de la marche

par Yazid Alilat

La marche, c'est bien. Il paraît que c'est une bonne pratique sportive, qui fait circuler le sang, qui empêche les AVC et les prévient. C'est une culture sportive que beaucoup de gens, ici ou ailleurs, ont adopté pour rester jeunes.

La marche à pied, c'est également un sport olympique, à ce qu'il paraît. Et puis, y a la marche, celle politique. De celles qui font bouger les masses populaires pas nécessairement syndiquées, pour demander des changements politiques. Pour demander plus de pain, plus de boulot, moins de marginalisation ni de hogra.

Ces marches sont programmées généralement pour embêter les pouvoirs en place.

Parfois, selon des syndicalistes durs à cuire, rien que pour faire travailler les systèmes de défense des Etats. C'est une blague? Ah oui! C'est pas le cas, en tous les cas, de celles de la Tunisie, ni de l'Egypte. Dans les deux cas, cela a fait mouche. Et, puis il y a le reste des autres marches, qu'elles soient tolérées, interdites ou autorisées, autant en Algérie qu'aux Etats-Unis ou en Transylvanie. Au finish, c'est pareil. C'est soit ?'on a réussi notre marche'', soit ?'on a échoué''. Hier, quelque part en Algérie, y en a qui ont voulu marcher, vers quoi? Pour le changement politique dans le pays. Ils n'ont pas marché, mais ils étaient là. C'est déjà positif. Y a eu quelques escarmouches avec la police. Des manifestants ont été interpellés et relâchés. Et puis, vers 13-14 heures, tout le monde est rentré chez-soi. La marche à laquelle avait appelé la CNCD a été empêchée pour ses partisans, interdite selon les autorités. Au Final, chacun a regagné ses positions, autant le policier que le manifestant. Car devant, tous les deux ont les mêmes soucis: comment remplir le couffin, payer ses factures de téléphones, pas nécessairement le logement, vu que beaucoup de policiers et de manifestants militent à leur manière pour avoir un logement. Car après la marche, les avis des deux camps convergent vers un même port, un même embarcadère: celui de la galère sociale. La paie ne suffit pas à terminer des mois difficiles, et l'Etat ne fait rien pour embaucher leurs enfants.

C'est pratiquement les mêmes soucis que le policier, avec sa matraque en bandoulière, car c'est le dernier rempart protecteur des valeurs institutionnelles de l'Etat, et le manifestant avec ses poches vides, affrontent quotidiennement. Pour eux, c'est toujours le retour à la case de départ, une vie morne et fatigante de soucis, après les retrouvailles au détour d'une marche pour la démocratie, pour

la victoire de l'équipe de quartier, ou pour faire la chaîne pour acheter des bananes mexicaines. Car le policier, comme le manifestant, sont deux Algériens, deux entités d'une même matrice, et, parfois, comme les courbes de la bande de Moebius, se rencontrent, et s'échangent quelques amabilités de gens civilisés, du genre tu bouges, je te mets en prison, puis je te relâche, pour que cela fasse du bien sur le plan politique à tous les spectateurs.