Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Pourront-ils l'avorter ?

par Ali Brahimi

Après de multiples combines contre-révolutionnaires échouées grâce à la jeunesse égyptienne, d'autres menées ont été minutieusement programmées afin d'avorter à court terme ce formidable élan émancipateur.

Parmi ces grotesques conspirations, nous notons celle de l'agression conduite par un député, maquignon de bétail a la solde du parti au pouvoir, utilisant les chevaux et dromadaires contre les jeunes manifestants, en effervescence au Caire et partout en Egypte, suscitant sympathie et solidarité de la jeunesse arabe du golfe à l'atlantique

Après 4 semaines d'allégresse et de sacrifices jusqu'à plus de 300 disparus et des milliers de blessés à ce jour, cette révolution serait-elle en train de s'essouffler ? Visiblement, ce n'est pas encore le cas puisque elle continue frénétiquement son cycle et que les jeunes gens ne semblent nullement s'en lasser puisque ils continuent de hurler, de danser, et de chanter 4 mots significatifs, enregistrés dans les annales des peuples arabes, formant une équation inscrite dans un cercle lui même en mouvement continu : Peuple, exige, départ, système. Pareille de gauche à droite.

A part quelques pays, les peuples arabes sont partagés entre quatre forces : Des jeunes mieux informés, par rapport a leurs aînés, grâce aux nouvelle technologies de communications ; les partis électoralistes et folkloriques acclamant ceux ou celui qui leur permet de s'approcher des râteliers ; le pouvoir câblé aux intérêts des groupes politico financiers internes et externes et, enfin, l'Armée au sommet.

En ce qui concerne l'Egypte, les USA, perplexes devant l'ampleur des manifestations, tergiversent dans leurs jugements et prises de position Cependant, ils sont décidés de sauver les meubles y compris au prix de la tête du Président égyptien, au moment opportun comme cela semble se profiler ces derniers temps, ainsi vulnérabilisé sciemment par de multiples affaires politico financières liées aux intérêts d'Israël

Il y a un autre aspect de la situation liée à la sécurité d'Israël d'où la nécessité de le faire charger encore plus, d'ici a la fin de son mandat et au besoin après, à plus forte raison si l'intérêt suprême géostratégique d'Israël l'exige. A ce propos, justement, en début de semaine le gazoduc, Egypte-Israel-Jordanie, a fait l'objet d'un attentat surprenant. Cela nous fait rappeler les puits pétroliers de l'Irak, implosés par le défunt Saddam Hussein lui aussi ancien fidélisé des USA, à la veille de l'invasion du pays de l'Euphrate et du Tigre.

DE L'EUPHRATE A L'ATLANTIQUE

Donc, cette déflagration coïncide au même jour des révélations relatives à la gigantesque fortune, de la famille et associées du président Egyptien, que des sous-traitants ont fait fructifie dans les quatre coins du Monde. Ce qui expliquerait, peut-être, sa volonté de ne pas vouloir quitter le pouvoir rapidement. Afin, pense-t-il, d'avoir tout le temps pour mieux préparer sa retraite sans problèmes ni poursuites. Les coups fourrés commencent-ils à s'échanger entre anciens «amis» ? A l'image de Saddam Hussein favori des USA pour avoir rendu de précieux services, au bouclier anti-chiite, en agressant l'Iran durant plus d'une décennie ? Un verset coranique, apprécie pat le défunt Malek Bennabi, affirme : Oua tilka el ayam noudaouilouha beina nass.

Le pouvoir Egyptien, issu d'une révolution contre la ploutocratie de l'après deuxième guerre mondiale, installé depuis des décennies, notamment celui dirigé par le président actuel, refuse de reconnaître le formidable élan de fraîcheur et du renouveau affiché, a ciel ouvert, par les nouvelles générations décidées d'aller jusqu'au bout de leur révolution pacifique afin de mettre dos au mur les chapardeurs, du trésor public, liés aux groupes politico financiers internes et externes lesquels n'hésiteraient devant rien pour sauvegarder leurs intérêts et plaisirs.

La veille du deuxième Vendredi, depuis la contestation populaire, le président Egyptien chancelant avait accordé à la chaîne américaine NBC, sondant ses états d'âme a l'encontre de cette situation, une interview minutée par les stratèges du pentagone l'épinglant sciemment sur divers sujets gênants. En substance, il avait annoncé, a ladite Chaîne télévisuelle, qu'il craint que s'il quittait rapidement le pouvoir, l'Egypte s'affalera dans le chaos. Puis, il avertit qu'après son départ les islamistes (allusion à l'Iran la bête noire d'Israël) prendraient le pouvoir. Ensuite, il insiste qu'il ira jusqu'au bout de son mandat et qu'il mourra dans son pays, etc. Que des sous-entendus, à l' intention des USA et l'Union Européenne. Et bien évidemment Israël. A ne propos, le président Shimon Pérez a encensé, en milieu de semaine, le président Egyptien réaffirmant qu'il ira jusqu'à la fin de son dernier mandat.

Ces bonds salvateurs, effectués par ces millions de jeunes Egyptiens revigorés par l'exemple des Tunisiens, ont forcé la sympathie de tout le Monde notamment de la part des nouvelles générations arabes désormais désireuses d'être dirigées par des personnes démocratiquement élues et surtout sincères et immunisées contre le virus du pouvoir sans partage et la corruption généralisée de la base au sommet de la pyramide.

En effet, les soulèvements populaires, en Tunisie puis l'Egypte, ont mis a nu les facéties liées a l'exercice des pouvoirs absolus imposés, ou survenus dans des circonstances particulières, contre la volonté des peuples respectifs brimés durant l'occupation étrangère et floués après l'indépendance. Aussi, malgré les multiples impacts de ces nouveaux dynamismes créateurs, il serait utile de signaler que ces sursauts révolutionnaires ne sont qu'au début de leurs cycles car, à l'évidence, le trajet serait allongé et plein d'embûches. Pour toutes les élites du monde arabe !

DES ELITES COINCEES ENTRE ESPOIRS D'AUJOUR'DHUI ET LES CRAINTES DES LENDEMAINS

Pour la Tunisie, l'un de ses objectifs principaux est désormais bel et bien atteint. A savoir : le départ précipité du président adulé pendant deux décennies puis subitement déteste, ces dernières années, voire accablé de tous les maux y compris de la part de ses proches collaborateurs tapis dans les rouages du système ébranlé, certes, mais nullement implosé totalement. En milieu de semaine, une décision a été prise, par le gouvernement tunisien, en vue d'interdire les activités de l'ex parti présidentiel et ce, a la suite de la mort de 4 manifestants dans la ville d'El Kef. Une combine du RDC tunisien ? A l'évidence, l'Histoire ne rebrousserait jamais son chemin. Jamais !

En ce qui concerne les élites des autres pays arabes, toutes appartenances confondues, elles demeurent coincées dans une ambivalence existentielle irrationnelle. Cela est surtout manifeste chez les medias. Jusqu'à quand ? En outre, les élites fidèles et soucieuses de la renommée et du bien-être physique et surtout moral de ce genre de présidents a vie se sentant «prédestinés» a de hautes missions du genre sauveur de la nation, c'est de les préserver autant que possible de la vanité du pouvoir dictatorial car la dictature rampe d'abord puis, scrutant l'état d'esprit des gens et des lieux, reprend sa cadence maléfique. Et à la moindre décadence, ses adeptes décampent !

Donc, il vaut mieux être sagement entouré de gens sincères et surtout qu'ils ne disent nullement que ces bouleversements n'arrivent qu'aux autres tout en multipliant les fausses informations sur la situation liée a l'état d'esprit de la majorité du peuple et, qu'a ce titre, de continuer d'en abuser de la confiance de ce type de personnage, puis, après avoir profités au maximum de sa protection, services et avantages indus, le larguer telle une loque Un sort atroce car tous les trésors du Monde ne remplacerons jamais le goût prenant du pouvoir.

Durant deux décennies, le pouvoir Egyptien gourmand d'USD n'a cessé de les acquérir sur le dos du peuple palestinien de plus en plus désorienté certes mais solidaire, notamment dans la bande de Gaza sous l'autorité du Hamas, avec la révolution égyptienne. Hamas, frères musulmans d'Egypte et en Turquie ainsi que les religieux d'Israël seront-ils la clé de voûte du futur Moyen-orient ? Dans le même sens, coptes et musulmans ont célébré ce dimanche des mariages mixtes dans la grande place de la libération du Caire. Des fanions portant un croissant et en son milieu la croix. Tout un symbole ressuscité grâce à la deuxième révolution Egyptienne

Sur un autre plan de vue lié a l'actualité en cours en Egypte et de ses impacts, il serait utile de noter qu'après l'implosion programmée des anciens rapports de force, cristallisés autour de la question palestinienne, instaurés par le président Egyptien désormais en disgrâce, des contacts ont été effectués par le président des USA avec des pays pivots du Moyen-Orient reconstituant un autre axe ancien/nouveau. A savoir : USA-Grande-Bretagne -Turquie-Israel-Arabie Saoudite. L'Arabie Saoudite et surtout la Turquie seraient les auteurs du récent retournement de la majorité des frères musulmans en faveur du Vice-président Egyptien.

En vain, car un destin promis par l'Histoire, selon la logique du bon sens, cela se mérite au mépris de la manche des flatteries apprêtées et la peur maladive d'être déchu du pouvoir. Ainsi, des hommes, certes autoritaires, ont disparu dans la dignité et la probité. A l'exemple du défunt Nasser, le défunt Boumediene et le regretté Che Guevara - ses portrais ont été vus lors de la révolution tunisienne après plus de 40 ans depuis sa disparition - possédant après leurs décès quelques centaines de dollars. Ils ont attiré et attireront toujours la sympathie de la jeunesse puisque eux-mêmes sont morts jeunes et, d'autant plus, ils se sont peu habitues au pouvoir sans partage.

Le Philosophe et Empereur de Rome Marc Aurèle disait, à propos du pouvoir dictatorial et, plus généralement, des agissements répréhensibles du genre humain coincé entre le bien et le mal, la dictature et la liberté? : Vanité, tout est vanité. Albert Camus, dans son œuvre «Caligula» - un autre fou de la dictature coincé entre le pouvoir et la peur de le perdre -, précisait : «la vie ne vaut rien si l'amour est absent» Et par extension entre un homme et une femme, un dirigeant et son peuple? Ainsi, l'amour ne se vend ni s'achète et doit être réciproque entre gouvernants et gouvernés. Charnellement. Sinon, un jour ou l'autre, il y a rejet et fatalement divorcer. A l'image d'une greffe inappropriée !

A titre de conclusion, nous notons les coïncidences des faits historiques dans la région maghrébine. La dynastie des Fatimides - 909-972 -, Ap.J.C., a vu le jour en Algérie. Puis, elle s'est installée en Tunisie. Ensuite, elle a fondée Al-Qahira en Egypte. Pour qualifier une période d'aisance, on dit jusqu'à ce jour : Ki Ouakt El Fatmi. Comme du temps des Fatimides.

Après la deuxième guerre mondiale, la révolution libératrice de l'oppression étrangère avait démarré d'Egypte. Le combat pour la Démocratie, avait commencé en Algérie le 5 octobre 1988, avorté pour la plupart de ses objectifs. Ceux de la Tunisie et l'Egypte, ont démarré fin 2010. L'année 2011, est-elle enceinte de beaux bébés ?