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Paysage audioviduel : à quand la liberté ?

par Belkacem AHCENE-DJABALLAH

Le champ audiovisuel national tarde à s'ouvrir et ce pour de multiples raisons, avancées surtout par les « gens d'en haut », ceux au pouvoir, bien évidemment.

Les promesses d'ouverture sont distillées au compte-gouttes avec pour seule assurance un horizon qui s'éloigne au fur et à mesure que l'on s'en approche.

 Hier, au début des années 90, pour des raisons dites sécuritaires, puis à l'approche des années 2000 pour des raisons de stabilisation des Institutions d'un Etat en pleine convalescence, enfin au début du 21è siècle pour des raisons presque idéologiques, le seul libéralisme rejeté étant celui de la communication télévisuelle.

Heureusement, demain est un autre jour avec d'autres contraintes qui, cette fois-ci, obligeront à changer la perception à cause d'un paysage international totalement bouleversé et même incontrôlable déjà depuis près d'une décennie.

On s'en souvient, au début des années 90, dans l'anarchie régnante, des radios clandestines (deux) avaient émis?. pour très peu de temps il est vrai, l'Etat ?Ya hassra ya zman ! - ayant vigoureusement et justement réagi.

On n'a, bien sûr, pas connu les tsunamis français, italien ou espagnol des années 80 qui avaient fait surgir, presque du néant, des centaines de radios d'abord puis des dizaines de télévisions. Pour le plus grand bien des auditeurs et des téléspectateurs assoiffés d'informations et d'images non officielles ! Il est vrai que le succès est venu rapidement en raison de l'absence ou de la rareté de la diffusion satellitaire, envahissante certes mais plus démocratique. Seul le câble, difficilement accessible à la masse, avait alors droit de cité.

La donne a changé aujourd'hui avec les développements technologiques qui ont mis les télévisions et les radios du monde à la portée de n'importe quel quidam, où qu'il se trouve, avec un investissement de départ assez vite rentabilisé, à un coût assez bas en comparaison des services fournis, avec une très bonne qualité? et sans interférence des appareils publics d'orientation ou de répression.

A la limite, des Autorités de régulation et de contrôle des cahiers des charges ! Dans ce contexte, aucune chaîne, de radio ou de télévision «clandestine» n'a de chance d'aller assez loin. On se souvient, en France, du démarrage irrespectueux de la réglementation, vite stoppé, de la chaîne de télévision de notre A. Rafik K. national !

Mais la donne est une pochette-surprise qui empêche les tenants du tout-Etat dans l'audiovisuel de se réjouir assez vite. Car, la jonction est désormais faite entre l'audiovisuel et l'outil informatique avec internet à la clé? Même le téléphone portable est de la partie !

Toutes les réceptions, et comble de malheur pour nos «gardiens du temple», toutes les productions et toutes les diffusions s'en trouvent facilitées. En deux heures, les images et le son de l'incident, ayant opposé un chef d'Etat européen à un citoyen refusant de lui serrer la main, filmé par un amateur, fin février 2008, ont fait le tour du monde et le site du journal «on line » acquéreur du film a reçu des centaines de milliers de visiteurs. On se souvient, aussi, des images diffusées par des chaînes étrangères sur un attentat terroriste commis en Algérie.

Déjà, chez nous, des internautes font leur propre journal et diffusent leurs images, parfois d'actualité politique. Déjà, un provider algérien a annoncé le prochain lancement de la diffusion de chaînes de télévision sur son réseau, en se limitant (pour l'instant) aux chaînes nationales. Mais demain, de quoi sera-t-il fait ?

La fermeture du paysa ge audiovisuel national verra le renforcement de la présence et de l'influence des chaînes étrangères, amies ou belliqueuses, toutes venues d'ailleurs par la voie du ciel. Elle voit aussi le développement, incontrôlé et de toute façon incontrôlable, des émissions «on line» sur internet qui, sur leur passage, balaient tous les tabous, mais aussi toutes les morales. Tous els prêches et toutes les leçons n'y feront rien contre la déferlante.

Tant mieux pour le néo-libéralisme algérien (spécifique, encore un !) et tant pis pour notre avenir !

Mais, de ce dernier, qui s'en soucie vraiment ? Encore moins ceux qui, du plus âgé au plus jeune, enivrés ou étouffés par une pratique du pouvoir qui date, ne «sauront» vraiment que lorsqu'ils le perdront.