Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Grève de l'Education: Trois syndicats campent sur leurs positions

par Moufida R.

Hier, c'était la cacophonie dans le secteur de l'Education. Alors que des établissements ont ouvert leurs portes et repris les cours, certains enseignants et des élèves manquaient à l'appel. Des parents ne savaient pas s'il y avait reprise ou pas. C'est le cas de cette mère rencontrée devant le CEM Haroun Rachid, qui était surprise par sa convocation par l'administration qui lui a demandé des explications sur l'absence de son garçon, élève en deuxième année moyenne. «On m'a convoquée, nous dit-elle, car mon fils est absent aujourd'hui mais je ne savais pas que les cours avaient repris», ajoutant «c'est vraiment la désorganisation. Il y a des parents qui ont pris leurs gosses et sont partis passer les fêtes de l'Aïd El-Adha chez leurs familles en dehors d'Alger». Plusieurs établissements scolaires ont connu les mêmes désagréments.

 La grève des enseignants qui boucle sa troisième semaine a été la plus longue depuis que les syndicats autonomes activent sur le terrain. Trois syndicats ont décidé de maintenir la grève, il s'agit du Cla, du Satef et du Cnec qui ont fustigé «les casseurs de grève», ayant été écartés des négociations avec Boubekeur Bebouzid. Idir Achour, le porte-parole du Cla, a, au cours d'une conférence de presse, tenue hier au siège de la Ligue des droits de l'homme, dénoncé «l'entretien de l'amalgame et la fuite en avant du ministre de l'Education qui veut une fois de plus induire en erreur les travailleurs de son secteur ainsi que l'opinion publique, et ce avec la complicité volontaire ou inconsciente de certains syndicats», en s'interrogeant: «Qu'advient-il de la revendication essentielle des enseignants ?»

 Chargé subitement de toutes les prérogatives de décisions, il promet un effet rétroactif sur toutes les indemnités existantes et celles à venir avec un calcul basé sur un pourcentage du salaire de base, alors qu'«il n'existe que deux indemnités qui ont un lien direct avec le salaire de base qui sont: l'indemnité d'expérience pédagogiques (IEPP = 2% du salaire de base pour chaque échelon), la prime de rendement (IAPP = 40% du salaire de base pour chaque mois)». En ajoutant que «l'effet rétroactif sur ces deux indemnités, s'il aura lieu, ne peut constituer que la réparation d'une injustice. Il n'est fait aucune allusion à d'éventuelles indemnités ou primes à venir comme cela est revendiqué par la base: prime de panier, de transport, d'aide au logement».

 Il a estimé que «le mouvement historique sans précédent, porté par des milliers de fonctionnaires de l'Education, tous paliers confondus, pendant trois semaines, ne doit pas se contenter de promesses vagues non chiffrées en terme de manque à gagner, ni de l'installation ou réactivation de commissions qui ont fait preuve de leur inefficacité, utilisées pour la temporisation et la fuite en avant des pouvoirs publics». Il a indiqué qu'«au lieu de répondre aux autres revendications primordiales qui sont: la révision du statut particulier qui nie toute promotion réelle et déclasse beaucoup de corps. L'intégration de milliers de contractuels qui se voient refuser même l'accès au concours de recrutement. L'accès à la retraite après 25 ans de service. Revendication stratégique à la veille de la tenue de la tripartite qui se prépare à porter un coup au monde du travail par l'allongement du nombre d'années de cotisation à 40 ans». Concernant le dossier des oeuvres sociales, l'orateur a plaidé pour «leurs dissolutions, et les octroyer comme un 13ème et 14ème mois de salaire pour les travailleurs du secteur». Il appelé «au renforcement de la mobilisation pour arracher nos véritables revendications et ne pas se contenter de miettes concédées à des traîtrises déguisées des états-majors de certains syndicats et à la poursuite de la grève ouverte jusqu'à la satisfaction concrète de nos revendications légitimes».

 De son côté, le Satef a dénoncé «la division des syndicats par des méthodes de désinformation et de manipulation dont a de tout temps utilisé le ministre pour casser les grèves des enseignants». Le SG de l'organisation syndicale Sadali Mohamed Salem nous a indiqué que «notre syndicat tiendra son conseil national dimanche prochain». Même son de cloche chez le Cnec qui ne compte pas baisser les bras et attend «des acquis palpables quant à l'intégration des enseignants contractuels dans le corps enseignant». A rappeler que le Snapest et l'Unpef ont appelé à la reprise, le Cnapest préfère tempérer jusqu'à dimanche prochain, date de la tenue de son conseil national pour prendre une décision définitive. Il a été l'un des syndicats à avoir négocié avec le ministre de l'Education. A l'issue de ses négociations, il a été convenu l'installation de trois commissions mixtes chargées respectivement d'étudier pour la première les modalités d'application des textes législatifs relatifs à la médecine du travail en fonction des besoins des enseignants, la deuxième se penchera sur le régime indemnitaire et la mise en place du processus de la rétroactivité et du versement de toutes les primes et indemnités, y compris l'indemnité d'expérience pédagogique (IEP) et l'indemnité d'amélioration des performances pédagogiques (IAPP) sur la base du nouveau salaire qui de est de l'ordre de 26.000 DA au lieu de 10.000 DA (ancien salaire).

 Nouar Larbi a fait savoir que son syndicat a obtenu «dans un accord écrit l'abrogation de l'arrêté 94/158 relatif à la gestion des oeuvres sociales». Quant aux contractuels et la demande à ce qu'ils prennent part au concours de recrutement au mois de décembre prochain, le responsable syndical a expliqué que «le ministre leur a fait comprendre que c'est à la direction générale de la fonction publique qu'incombe la responsabilité de délivrer une dérogation pour que ces enseignants puissent prétendre aux concours de PES (professeur d'enseignement secondaire)». A signaler que ces commissions sont tenues de rendre leurs rapports le 31 décembre prochain.