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Un petit tour puis s'en vont ?

par Kharroubi Habib

L'importante délégation du Medef conduite par Mme Laurence Pariso, présidente en exercice de ce puissant syndicat du patronat français, a eu droit à un accueil fait de beaucoup d'égards et à des rencontres de haut niveau, dont celle avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Pour autant, les autorités algériennes n'ont pas déroulé le tapis rouge à la représentation du patronat français et la présidente de celui-ci n'a pas eu le privilège d'un entretien avec le président Bouteflika, même si elle a été chargée par Nicolas Sarkozy de lui transmettre un message. Ce faisant, le côté algérien n'a pas voulu battre froid les hommes d'affaires français, mais leur signifier tout simplement qu'ici l'on ne croit plus beaucoup aux bonnes intentions maintes fois déclarées par de précédentes délégations de leur organisation patronale, mais restées désespérément sans suite.

 La visite de Laurence Pariso n'est pas inutile, loin de là. Elle a permis au moins, à en croire la présidente du Medef, de «lever l'équivoque» qui, selon elle, aurait plané sur les nouvelles règles en matière de partenariat d'affaires et de coopération édictées par les autorités algériennes. Des nouvelles règles, dont la patronne des patrons français dit avoir «pris acte» et faire que les milieux d'affaires de l'Hexagone s'y adaptent sans que cela nuise aux relations algéro-françaises.

 Là aussi, les Algériens attendent pour voir si les bonnes paroles et dispositions de la présidente du Medef auront un réel impact sur le partenariat et la coopération économique algéro-française.

 Sur ce plan, il est exagéré de parler de crise entre les deux pays. La preuve en est que la France, malgré la froideur affichée par ses milieux d'affaires aux ambitions et attentes du côté algérien en matière de coopération bilatérale, reste le principal partenaire étranger de l'Algérie. Mais il est évident que la déception que cette froideur a engendrée au sein des pouvoirs publics algériens, fait qu'ils sont déterminés à ne plus rester enfermés au plan économique dans un tête-à-tête avec la France dont le pays ne tire aucun bénéfice substantiel.

 La balle est incontestablement dans le camp français, et il nous semble que Laurence Pariso l'a bien intériorisé. Ce qui explique qu'elle ait conclu sa présentation de l'entretien qu'elle a eu avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia en assurant qu'elle va» faire savoir à tous les adhérents du Medef que nous avons la conviction que vous êtes un pays riche non par les hydrocarbures, mais par votre potentiel, votre talent et votre dynamisme».

 Une évidence sur laquelle les autorités algériennes ont voulu, en vain jusqu'à maintenant, établir la coopération algéro-française. Espérons encore une fois que la délégation du Medef conduite par Laurence Pariso est annonciatrice de quelque chose de nouveau et surtout de positif pour cette coopération. Mais sans excès d'optimisme.