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La France, le Maroc et les habits de la Knesset

par Abdou Benabbou

Emmanuel Macron a l'art de se flageller. Il a la manie d'endolorir son peuple et l'Etat qu'il dirige en même temps. Droit dans ses bottes, la succession des maux avec laquelle il charge la France ne s'arrête pas. Après avoir mis les Français dans la mélasse en dissolvant leur Assemblée nationale, et en allant jusqu'à vouloir expédier la jeunesse de son pays guerroyer en Ukraine, le voilà qu'il emprunte un sentier boueux en prenant fait et cause pour l'incongrue marocanité du Sahara Occidental.

Croire que l'emprunt de ce sentier sinueux obéirait à son penchant génétique ancré en lui serait faire preuve d'une naïveté évidente au moment où la situation de la France en tous points de vue va à vau-l'eau. Elle reste cependant une grande puissance et il ne peut pas être indiqué que les autorités hexagonales n'aient que sommairement renforcé aujourd'hui le délictueux flirt avec un Maroc n'ayant que des orgies et des ripailles à échanger.

La vérité est que les importants enjeux dans toute la sous-région continentale sont la cause réelle de la foulée aux pieds de la sagesse diplomatique.

La juste explication est à trouver dans les contours ombrageux des proximités de Rabat et de Paris. Les grandes forces des états-majors aussi bien officiels que ceux tapis dans l'ombre et donneurs d'ordres n'autorisent pas les bienfaits de la juste diplomatie. Que le déni du pouvoir français de la souveraineté réclamée par le peuple sahraoui suive celui du gouvernement espagnol est le témoignage d'une articulation concertée plus large. C'est tout le Maghreb que l'on veut saucer et épicer dans une stratégie englobant une grande partie de l'Afrique. En faisant fi des résolutions de l'ONU, ce qui n'est pas une nouveauté, la France vient de confirmer l'attribution du rôle de tour prêté à la monarchie marocaine dans l'échiquier maghrébin. Dans le vaste jeu d'échecs, les remous du Sahel et du cœur de l'Afrique avec la gonflée du flux migratoire qu'ils engendrent, la stratégie néocolonialiste devait être revue. Le docile régime marocain a toujours fait preuve de bon vouloir pour endosser les habits et la kippa de la Knesset.

Dans sa tombe, le maréchal Lyautey pourrait en témoigner.