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![]() ![]() ![]() ![]() D'où tire
la Tunisie toute cette force qui lui permet de tenir tête au Fonds monétaire
international (FMI) et à ses conditions inhumaines, alors que le pays traverse
une grave crise financière et a un besoin urgent en liquidités ? Dans ce sens,
la Tunisie oppose un énième « niet» catégorique. Dans une déclaration, le 26
septembre, à partir de Moscou, où il se trouvait en visite, le ministre
tunisien des Affaires étrangères Nabil Ammar a relevé que «le FMI doit être au
service des pays et non l'inverse». Ajoutant lors d'une conférence de presse
avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov que «la stabilité du pays,
la protection des couches sociales les plus défavorisées et la sécurité sont
nos lignes rouges à l'intérieur desquelles nous sommes prêts à discuter».
Laissant entendre que la Tunisie n'a pas changé sa position de rejet des
exigences du FMI pour débloquer un programme d'aide d'environ de 1,9 milliards
de dollars.
Pour rappel, le FMI exige le remplacement du système de subventions universelles par une protection ciblée afin de ne bénéficier qu'aux plus vulnérables, ainsi que des recommandations politiques qui encouragent la privatisation et l'austérité (la réduction des dépenses sociales), mais le président tunisien n'a pas accepté ces conditions, jugées menaçantes à l'égard de la stabilité sociale. Ce qui a été rappelé par son ministre des Affaires étrangères à l'occasion de sa visite en Russie, que certains ont vu comme une orientation de la Tunisie vers l'Est pour y chercher des soutiens financiers. Ce n'est pas interdit. Et «ce n'est pas une insulte à autrui», a déclaré le responsable tunisien. «C'est simplement de dire que nous sommes prêts à envisager toutes les solutions. Nous faisons les réformes qu'il faut, mais il ne nous faut pas mettre en péril la sécurité du pays, sa stabilité en appliquant des recettes dont on a très bien vu les résultats catastrophiques dans d'autres pays et à d'autres époques», a-t-il rappelé. Et, est-ce que la Tunisie a trouvé, sans trop de contraintes, d'où se procurer l'argent nécessaire pour sortir du goulot d'étranglement financier dans lequel elle se trouve depuis plusieurs mois ? Le ton rassuré du ministre tunisien des Affaires étrangères peut trouver une explication dans ce sens. La nouvelle banque des BRICS est là, avec des conditions moins contraignantes et plus humaines. D'autres pays ont déjà demandé à cette banque un financement de leurs projets, pourquoi pas la Tunisie ? La Commission européenne a annoncé le 22 septembre dernier qu'elle allait décaisser «dans les prochains jours» 127 millions d'euros en faveur de la Tunisie, dans le cadre de l'accord relatif à la gestion des flux migratoires, mais il faut tirer un trait sur l'assistance macro-financière de 900 millions que l'UE conditionne par un accord définitif entre la Tunisie et le FMI. L'UE ne veut pas voir la Tunisie s'orienter vers l'Est, incitant dans ce sens le FMI à trouver un terrain d'entente avec ce pays et lui accorder le prêt de 1,9 milliard de dollars, mais rien à faire. Le moment est décisif pour conclure cet accord, l'UE ne le sait que trop bien, sinon la Tunisie ne peut pas rater toute autre piste pour avoir de l'argent frais, qu'elle se présente à l'Est ou au Sud. Une alternative qui peut s'avérer une contrainte pour le FMI pour tempérer ses exigences ? |
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