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Géopolitique du football

par El-Houari Dilmi

Les pétromonarchies du Golfe sont en train de devenir le «nouveau monde» du ballon rond, cet opium des peuples. Une info qui a tourné la tête à des millions d'internautes, la star des Merengue, Ballon d'or 2022, KB9 pour ne pas le nommer, va toucher jusqu'à 200.000 euros/an en Arabie Saoudite, le nouveau royaume du sport-roi. Il suffit de méditer le cas d'école du lointain micro-Etat de Qatar qui a racheté des clubs européens en perdition, avec pour retour d'investissement l'organisation de la Coupe du monde 2022 et l'argent fou engrangé par la plus prestigieuse manifestation sportive de la planète.

Le royaume des Al Saoud est sur les traces de son voisin, pour appâter des stars mondiales du ballon rond. Et ça ne risque pas de s'arrêter chez la triplette en or Ronaldo-Messi-Benzema, puisque des tabloïds européens ont déjà annoncé l'intention d'autres grosses pointures du football de se payer... un parachute doré dans les pays du Golfe.

Ce soft power footballistique aura certainement un effet d'entraînement fabuleux, non seulement en matière de gains financiers énormes, mais surtout sur le développement du sport en général dans ces contrées que l'on croyait dédiées au désert et ses mirages... Vérité de La Palice que le football fait l'objet d'une récupération politique au service de la géopolitique des États. L'on dit que l'un des premiers à l'avoir compris est le général Franco.

«Par opportunisme, Franco soutient d'abord le club de l'Atlétic Madrid car ce dernier écrase le championnat espagnol de 1939 à 1953, il fait même changer le nom pour «Atléticoafin» pour que le club fasse plus castillan et moins basque», nous apprend l'histoire récente de la péninsule Ibérique. La géopolitique du football est appelée à s'intensifier.

D'aucuns n'ont pas manqué de faire observer une implication active des BRICS dans le monde magique du ballon rond. Il suffit pour s'en rendre compte de revenir sur les derniers lieux d'accueil de la Coupe du monde : Afrique du Sud en 2010, le Brésil en 2014 et la Russie en 2018. On peut le croire ou pas, ce temple mondial du foot qu'est la multinationale de la FIFA semble vouloir accentuer le développement des pays en développement par l'intermédiaire du football. Trop beau pour être vrai !