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![]() ![]() ![]() ![]() Quelle
chance a cet appel lancé par l'Union internationale
des savants musulmans (UISM) à l'Algérie et au Maroc, pour une meilleure
complémentarité entre les deux pays voisins, dans un esprit d'entraide, d'être
entendu ? Et pourquoi maintenant, quand on sait que la brouille entre les deux
pays ne date pas d'hier ? L'appel en lui-même est d'une honorabilité
incontestable, mais il ne peut suffire si on cherche sérieusement à inciter les
deux Etats à «s'orienter vers la coopération et l'intégration, face aux défis
qui menacent la sécurité et la stabilité régionales», comme le souligne le
secrétaire général de l'Union, Ali al-Qaradaghi, sur
les réseaux sociaux. Il peut passer comme du vent sans tomber dans des oreilles
attentives, tellement le fossé entre les deux pays est très profond. L'appel
aux deux pays à dépasser leurs « différends politiques » n'a pas de chance
d'aboutir s'il n'est pas suivi par des actions concrètes, sur le terrain, à
entreprendre par les savants musulmans. Et pas d'actions de médiation, car
l'Algérie a refusé à plusieurs reprises des avances dans ce sens par certains
pays arabes. Non pas parce que l'Algérie rejette toute idée de bonne entente
avec son voisin, mais parce qu'elle a perdu tout espoir d'avoir des rapports
corrects et de bon voisinage après avoir subi tant d'hostilités de la part du
Maroc, qui est arrivé à permettre à un ministre israélien de s'attaquer à
l'Algérie à partir de son territoire. Et pas que, puisque les actes hostiles se
sont multipliés à un rythme effréné, qui ont fait dire au président Tebboune qu'il a préféré rompre les relations diplomatiques
avec le Maroc pour éviter la guerre. Aussi, on ne peut pas ne pas se remémorer
un autre appel d'un ex-président de l'Union, en l'occurrence Ahmed Raïssouni, qui a, lui, appelé à marcher sur Tindouf et
qualifié l'Etat mauritanien d'erreur, sans s'excuser, malgré le tollé provoqué
par cette sortie indigne d'un homme de religion. L'appel en question a suscité
le courroux de l'Association des oulémas musulmans algériens, qui a annoncé
dans ce sillage le gel de ses activités au sein de l'UISM et réclamé son
départ. Là également, la position de l'UISM a été honorable, en se démarquant
de l'appel du président, puis en acceptant sa démission. Personne ne peut
douter, donc, de la sincérité de l'appel lancé par le secrétaire général de
l'UISM aux deux pays voisins, qui laisse entendre qu'en lançant cet appel, il
procède du devoir de jurisprudence, de l'obligation de l'islam et du sens de la
responsabilité. Mais il faut chercher, et bien chercher, par où faire tenir cet
appel, afin qu'il ne reste pas un simple tweet ou post sur facebook.
Ali al-Qaradaghi estime que «le Maroc et l'Algérie
constituent un tissu commun, un espoir et une douleur commune» dans un contexte
de tensions politiques et diplomatiques entre les deux pays, concluant son
appel avec ses vœux de voir l'apaisement triompher. Vœu pieux ? Enfin, le
vénérable secrétaire général de l'UISM n'ignore certainement pas qu'au moment
de son appel, l'armée israélienne, celle-là même que l'Union fustige dans ses
communiqués pour ses crimes contre les Palestiniens, se trouve engagée, à une
centaine de kilomètres des frontières algériennes, dans des exercices
militaires avec le Maroc et d'autres pays.
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