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Du bruit pour rien ?

par Abdelkrim Zerzouri

Les retraités de la Caisse française d'assurances vieillesse (CNAV) vivant à l'étranger posent-ils réellement un problème aux finances de l'Etat ? En tout cas, le gouvernement français fait de la question une affaire d'Etat. A la fin de l'année écoulée, des contrôleurs ont été envoyés à Alger pour s'assurer que les retraités de cette Caisse vivant en Algérie sont bien vivants. « Sur 1.000 retraités « quasi centenaires », 300 dossiers non conformes ont été identifiés », a affirmé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. La hantise du versement des pensions de retraite au profit des assurés résidant à l'étranger, particulièrement les cas de décès non signalés à la Caisse nationale d'assurances vieillesse par leurs proches ou dissimulés par l'envoi de certificats de vie falsifiés, et qui continuent indûment de toucher leurs pensions, provoque un mal de tête chronique aux responsables du secteur. Ce problème, soulevé et grossi d'une manière exagérée en 2020 par la Cour des comptes, devrait trouver une solution avant la prochaine rentrée sociale. « Un décret sera pris d'ici à cet été », selon le porte-parole du gouvernement, de toute évidence pour donner un aspect juridique légal au programme de contrôle des retraités vivant à l'étranger, dont l'âge atteint ou dépasse 85 ans. Le décret en question concerne exclusivement les retraités français vivant hors des pays européens, soit environ un demi-million de personnes (sur un total de plus d'un million), en raison de l'inexistence des échanges d'informations sur les états civils (le problème ne se pose pas pour ceux qui vivent en Europe). Et sur ce demi-million, plus de 340.000 résident en Algérie, pays où vit le plus grand nombre de retraités du régime français, suivi par le Portugal, recensant plus de 160.000 retraités français, ensuite l'Espagne (157.074), l'Italie (65.829), le Maroc (60.864) et la Tunisie (37.395). A l'avenir, selon la portée du prochain décret qui sera pondu en été, tout ce beau monde devrait passer, par des rendez-vous fixés, dans les consulats ou des banques locales avec lesquelles la CNAV entretient des relations, certainement des banques françaises. Un avilissement pour ces retraités français vivant à l'étranger, hors de l'Europe, ou une action somme toute logique afin de veiller aux soins des deniers publics en s'assurant que ces retraités sont bien en vie ? En Algérie, la CNR mène également des opérations périodiques de contrôle pour s'assurer que les retraités sont en vie, et par endroits, ces contrôles ont fait ressortir que d'importantes sommes d'argent ont été versées à des retraités décédés. Un procédé suivi partout dans le monde. Un risque du métier, en somme. De toute façon, la fraude ne peut pas durer éternellement, et un jour ou l'autre, on finit toujours par s'en rendre compte, et exiger des comptes à ceux qui sont derrière la falsification de la réalité. Cela mérite-t-il vraiment une médiatisation politisée d'un processus si régulier et répandu ? Pourtant, tous ces retraités français vivant à l'étranger, qui ont passé leur vie à trimer dans des boulots pénibles, ne représentent que 7% de tous les retraités de la CNAV, et avec des pensions moindres par rapport à celles versées en métropole.