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CAN-2023 (U 17): Constat d'un fiasco programmé

par M. Zeggai

La CAN-2023 des U17 vient de s'achever pour les Verts. Un triste bilan pour un football algérien qui n'arrive pas décidemment à décoller après treize années de professionnalisme. Certes, il a été dit que les instances en charge de cette discipline ont agi avec précipitation car toutes les conditions n'étant pas réunies. Mais que pouvaient-elles faire suite aux impérieuses injonctions de la FIFA, soucieuse de l'uniformisation du football dont elle est la vigilante gardienne ?

Aujourd'hui, la réalité est là et bien là. Les échecs se multiplient et les mascarades se poursuivent. Sortie scandaleuse de l'EN de Djamel Belmadi en coupe de la CAN au Cameroun, avec un seul point au compteur et une élimination amère du Mondial de Qatar qui est restée en travers de la gorge des millions d'Algériens. Echecs des sélections nationales des U 20, U 23 et U 17 de toutes les compétitions continentales. Autopsie d'un fiasco à tous les niveaux. D'abord, pourquoi le football pratiqué dans les pays africains a-t-il progressé alors que le nôtre a emprunté le chemin inverse? Les moyens ? Non, assurément, car des milliers de milliards circulent dans le milieu du football algérien.

L'instabilité criarde des présidents de la Fédération, des directeurs techniques nationaux, la nomination par complaisance dans certains postes-clés, l'absence des mécanismes d'une réelle politique de formation en sont les principaux maux de la faillite du football algérien. Où sont la formation et le développement du football du projet de refondation de la formation en Algérie initiés par l'instance fédérale depuis 2017 ? Où est passée la Task Force, installée par la FAF et dédiée à la détection et au renforcement des sélections jeunes par des talents de la diaspora algérienne basée à l'étranger ? Qui est derrière la nomination des entraineurs des élections nationales des jeunes ? Sur quels critères se base-t-on pour prospection des jeunes sélectionnés? Comment relancer un football local en perte de vitesse? Voilà des questions qui méritent bien des réponses étant donné que nous sommes devenus incapables de rivaliser avec les autres pays africains en matière de football. Le manque de formation de qualité doit être justement présenté dans toutes les régions et clubs d'Algérie à travers la formation nationale des entraîneurs. Mettre en place une politique nationale du développement de notre sport à travers tout le pays, se mettre au travail avec une vision à long terme et un souci réel de l'excellence. Mais le manque de vision et le court terme sont en train de porter de graves préjudices au football algérien sans que personne ne lève le petit doigt. En 1998, Aimé Jacquet, l'artisan du Mondial, a dit : « Ce titre, je le dois à tous les éducateurs. C'est le fruit de 30 ans de travail ». Voilà, on est loin de cette réalité. Car chez nous, l'intérêt personnel a pris le dessus au point où l'on a négligé la formation et la prise en charge de nos jeunes footballeurs pour se consacrer à la commercialisation des jeunes joueurs. Il ne faut pas être grand clerc pour imaginer les désastreuses conséquences du sport-roi algérien. La réalité du terrain est là pour le prouver. Les mentalités doivent impérativement changer. Car, à cette cadence, le football algérien ne sortira jamais la tête de l'eau. Il est temps que l'Etat réagisse pour prendre des mesures draconiennes pour mettre fin à ces mascarades qui ont nui à l'image de marque de l'Algérie. Le populisme a atteint son paroxysme. L'intérêt personnel aussi. Où est passée la Commission mixte pour la réforme du professionnalisme, décidée par la FAF ? Pourquoi insiste-t-on sur les centres de formation de la FAF, qui n'ont jamais vu le jour d'ailleurs ? Pourquoi de tels centres alors qu'en football, la formation doit se faire au niveau des clubs. « C'est à partir de la quantité qu'on peut avoir la qualité », dixit Aimé Jacquet.