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Séisme en Turquie et en Syrie: L'Algérie fait don de 45 millions de dollars

par Ghania Oukazi

L'Algérie vient de faire don de 30 millions de dollars à la République de Turquie et 15 millions de dollars à la République arabe syrienne «en guise de solidarité avec ces deux pays suite au violent séisme qui les a frappés le 6 février dernier».

Le communiqué des services du 1er ministre précise que les dons faits hier l'ont été sur «instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune». L'on rappelle que le jour même de la catastrophe, Tebboune avait ordonné l'envoi d'équipes de la Protection civile en Syrie et en Turquie. C'est ainsi que l'Algérie a dépêché en Turquie un détachement de 89 agents d'intervention et de gestion des risques majeurs, répartis en brigades, dont la brigade de recherche et de sauvetage-déblaiement, la brigade cynotechnique et une équipe médicale spécialisée. Un deuxième détachement de 86 éléments de la Protection civile a également rejoint la Syrie. Il est noté qu'en Turquie, les interventions des détachements de la Protection civile ont permis de retirer, depuis le 6 février, un total de 86 victimes, à savoir 12 personnes vivantes et 74 corps des décombres et qu'en Syrie, le bilan de la Protection civile fait état de 35 victimes, dont une personne secourue et 34 corps retirés des décombres. Les aides algériennes ont été hautement agréées par les autorités officielles avec à leur tête le président syrien Bachar Al-Assad qui en a vivement remercié l'Algérie.

Survenu vers un peu plus de 4h du matin du lundi 6 février, le tremblement de terre qui a secoué le sud-est de la Turquie, aux frontières avec la Syrie, a été d'une violence terrifiante avec une magnitude de 7,8 sur l'échelle de Richter qui en compte 9. Cette puissante décharge souterraine a ébranlé de nombreuses villes des deux pays provoquant, selon de récents bilans officiels, la mort d'au moins 24.218 morts: 20.665 en Turquie et 3.553 en Syrie et la destruction de milliers d'habitations et d'infrastructures de base.

5«Quand je vois les immeubles détruits, les corps, ce n'est pas dans un an ou deux que je me projette, c'est demain que je n'arrive pas à imaginer», a déclaré une habitante de Antakya, Fidan Turan, à Antakya, dans la province d'Hatay, à des agences de presse étrangères. «On a perdu soixante personnes de notre famille. Soixante. Que puis-je dire? C'est la volonté de Dieu», se plaint la sexagénaire, «les yeux rougis et les traits tirés sous son voile», constatent-elles.

Appels et pétitions d'urgence pour la levée des sanctions contre la Syrie

«A deux kilomètres au nord, cinq pelleteuses retournent la terre d'un vaste champ pour y creuser des tombes à la hâte, destinées à accueillir les innombrables victimes. Un millier de personnes vont être enterrées ici, dont 600 l'ont été vendredi dernier», relèvent ces agences. Elles soulignent en outre, reprenant le témoignage d'un habitant, que «400 imams de toute la Turquie ont été envoyés à Hatay pour prononcer les prières funéraires. Un imam venu d'Usak, à 900 km de là. C'est terrible»,

L'on note qu'aux premiers jours suivant le tremblement de terre, les aides humanitaires internationales ne pouvaient pas arriver aux régions touchées notamment en Syrie en raison des sanctions que les puissants de ce monde lui ont imposées depuis le déclenchement des pénibles événements armés qui l'ont transformé en une véritable poudrière. Pour plusieurs considérations de tous ordres, entre autres politiques, mais aussi parce qu'elle a été le plus touchée par le séisme, la Turquie a reçu plus d'aides que la Syrie entre autres, 90 tonnes de matériel qui lui ont été acheminées par avion à partir de l'Allemagne. Notons que de nombreuses ONG internationales appellent à la levée immédiate des sanctions contre la Syrie et des pétitions sont mises en ligne pour être signées à travers le monde en soutien à cet appel d'urgence.

Les agences de presse étrangères ont constaté cependant qu' «à partir du poste frontière Bab Al-Hawa en Syrie, l'aide internationale pouvait être acheminée, hier samedi, dans toutes les zones sinistrées de Turquie et de Syrie, où les secours ont réussi à extirper plusieurs enfants vivants des décombres». Zones où selon l'ONU, «5,3 millions de personnes risquent de se retrouver sans abri». Les agences ont indiqué que «le gouvernement syrien a autorisé vendredi l'acheminement des aides humanitaires à l'ensemble du pays - y compris les zones tenues par les rebelles en Syrie». Citant le gouvernement syrien, les agences de presse font savoir que «le Conseil des ministres a accepté l'acheminement des aides humanitaires à l'ensemble du territoire syrien, dont les zones hors du contrôle de l'Etat». Et que «Damas a précisé que la distribution de l'aide devrait être supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge syrien avec l'appui de l'ONU».

L'OMS redoute «une crise sanitaire majeure»

Il a été constaté que «jusque-là, la quasi-totalité de l'aide fournie aux zones rebelles transitait au compte-gouttes, à partir de la Turquie par le point de passage de Bab Al-Hawa, le seul actuellement garanti par les Nations unies».

Il est en outre rapporté que le Programme alimentaire mondial (PAM), agence spécialisée des Nations unies, a établi à 874.000 le nombre de personnes touchées par le séisme dans les deux pays, et réclame 77 millions de dollars pour leur fournir des vivres». Aux frontières des deux pays, il est fait état de milliers d'habitations détruites où «les secouristes redoublent d'efforts pour rechercher des rescapés». Et bien qu'ils estiment -face aux immenses tas de décombres- que les espoirs de retrouver des survivants se sont amenuisés, «au milieu des acclamations un garçon de six ans a pu être extrait en vie vendredi des décombres, bien qu'en état de choc et blessé au visage, à Jandairis, dans le nord-ouest de la Syrie. Son frère n'a pas survécu. Les secouristes recherchent toujours des membres de sa famille, probablement ensevelis sous les décombres». Et «dans le sud de la Turquie, à Antakya, «à la 105e heure» après le tremblement de terre, ils ont également sorti vivant un nourrisson de 18 mois, des débris d'un immeuble, puis son frère», rapporte une chaine de télévision, faisant savoir que. «deux heures auparavant, une fillette de trois ans avait elle aussi été secourue dans cette ville anéantie par le séisme».

Autres miracles de la vie, «vendredi après-midi, une mère et ses deux enfants ont été sauvés des décombres à Gaziantep dans le sud-est de la Turquie». Aussi, «à Nurdagi, dans cette même province, une femme enceinte de six mois a elle aussi pu sortir vivante des décombres, après quelque 115 heures passées sous un amas de ruines. Sa fille de six ans a été sauvée elle aussi une heure plus tôt».

L'OMS indique que «23 millions de personnes dans les deux pays sont potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables et redoute une crise sanitaire majeure qui causerait plus de dommages que le séisme». Les organisations humanitaires s'inquiètent «particulièrement de la propagation du choléra qui est réapparu en Syrie».

L'on rappelle que le ministère algérien des Affaires étrangères et de la Communauté à l'étranger a fait part jeudi dernier de la mort de deux ressortissantes algériennes. «Il s'agit de Mme Serairi Samiha (44 ans) et de sa fille Berber Hadil (13 ans), dont les corps ont été retrouvés et identifiés dans la ville d'Iskenderun dans la province de Hatay, dans le sud de la Turquie», rapporte un communiqué. Les dépouilles mortelles sont arrivées hier à l'aéroport international d'Alger où les attendaient les membres de leurs familles en présence de la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaouter Krikou ainsi que des représentants du MAECNA.