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Origine à déterminer

par Abdelkrim Zerzouri

Quel bilan faire d'un côté et de l'autre de la Méditerranée après bientôt une année depuis la décision de durcissement par la France des conditions d'obtention des visas Schengen à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie ? Selon les autorités françaises, pour mémoire, la décision a été prise suite au refus des pays concernés « de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France ». Ce qui conduit à s'interroger si on a bien avancé dans ce dossier et que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont devenus plus coopératifs sur ce plan suite à la « pression » exercée par le biais du refus d'octroi des visas à leurs citoyens ?

Le résultat recherché en matière d'application des reconduites à la frontière après la délivrance des obligations de quitter le territoire français (OQTF), ou plus simplement des expulsions, contre les étrangers « indésirables », identifiés comme maghrébins, n'est pas plus efficace aujourd'hui qu'hier.

Car, les mêmes arguments valables hier le sont aujourd'hui quand ces trois pays refusent d'accueillir des personnes expulsées de France et identifiées comme étant de nationalité algérienne, marocaine ou tunisienne.

Des nationalités autour desquelles les trois pays émettent des doutes, à 99% à l'origine du refus de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, car ces personnes frappées d'une OQTF, particulièrement les sans-papiers et les immigrants clandestins, sont en majorité, pour ne pas dire dans leur ensemble, des personnes qui n'ont aucun document administratif prouvant leur origine. Comment la France peut-elle affirmer que tel ou tel étranger est algérien, marocain ou tunisien, quand le concerné n'a aucun document administratif de voyage ? Souvent, les services d'immigration en France, et en Europe, ont recours à des interrogatoires par des agents d'origine des pays concernés pour juger de la nationalité des étrangers arrêtés sans papiers.

Un jugement qui reste contestable tant que le refoulé, dont on ne connait pas les motivations réelles, ne peut pas prouver par des documents contrôlés et vérifiés par la partie concernée du sujet qu'il est algérien, marocain ou tunisien. La question relève de la sécurité nationale du pays concerné. Ce dossier n'avance pas, vu que les restrictions restent en l'état. Y aura-t-il un changement dans le proche avenir ?

S'il s'avère que la décision de réduire les visas pour faire pression sur les pays maghrébins est beaucoup plus à caractère électoraliste, pour plaire aux extrémistes, elle n'a plus maintenant sa raison d'être après les élections présidentielles et les législatives en France.

Dans les pays maghrébins, des gens bien sous tous rapports, qui souhaitent seulement se rendre en France pour des raisons familiales ou touristiques, expriment leur colère face à cette décision qu'ils jugent, eux, incohérente. Pourquoi doivent-ils payer pour ceux qui ne sont acceptés ni en France ni dans leurs pays supposés d'origine ?