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Grand Prix Assia Djebar du Roman: Les lauréats distingués

par Ghania Oukazi

La 6ème édition du Grand Prix Assia Djebar du Roman, un prix littéraire algérien créé en 2015, coïncide cette année avec les festivités célébrant le 60ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie.

Organisée dans la soirée du jeudi au Centre International des Conférences, Abdelatif Rahal à Alger, la cérémonie marquant la 6ème édition du Grand Prix Assia Djebar du Roman a réuni un nombre important du monde littéraire algérien représenté par plusieurs écrivains et maisons d'éditions ainsi que des cinéastes et hommes de théâtre... Un monde dont Assia Djebar a fait partie en réalisant elle-même «La Nouba des femmes du Mont Chenoua en 1978 pour lequel elle sera primée à la Biennale de Venise de 1979 et « La Zerda ou les chants de l'oubli » en 1982. Ce rendez-vous littéraire national est ainsi revenu après une suspension durant deux années causée par la crise sanitaire de la COVID-19.

Parrainé par le président de la république représenté à la cérémonie par son conseiller, Hamid Lounaouci, l'événement qui, a dit la Présidente directrice générale de l'ANEP en tant qu'organisatrice, «est devenu depuis son lancement en 2015 (année du décès de Assia Djebar ndlr) une étape incontournable de la scène culturelle algérienne, récompense des œuvres majeures qui s'ajoutent à l'édifice des précurseurs de la littérature algérienne, comme Assia Djebar ». La romancière « dont l'écriture a traversé les frontières et remporté les plus grandes distinctions internationales », a souligné Sihma Derrardji. Présents à la soirée de la remise du prix du roman en arabe, en tamazight et en français, les ministres de la Communication et de la Culture ont exprimé les mêmes éloges à l'égard de la défunte Assia Djebar qui a « consacré sa vie à la littérature et à la lutte pour la liberté(...), a abordé dans ses œuvres la souffrance de son peuple pendant le colonialisme et a axé son travail notamment sur les femmes algériennes ». Le choix du 30 juin n'est pas fortuit puisqu'il rappelle la date de naissance de la romancière un 30 juin 1936 à Cherchell. «L'icône de la littérature algérienne avait participé en 1956 à la grève des étudiants au temps de la colonisation(...), » a rappelé entre autre, Mohamed Bouslimani, le ministre de la Communication. L'on note que l'histoire retient que sa participation à ce mouvement de protestation contre la répression française en Algérie lui a valu son exclusion de l'Ecole supérieure de jeunes filles de Sèvres qu'elle avait intégrée en 1954. Ce qu'il l'a inspiré à écrire son premier roman « la Soif ». Il lui est retenu dans les Encyclopédies que « c'est le général De Gaulle en personne qui a demandé en 1959 sa réintégration dans l'école en raison de son talent littéraire ». Le ministre a noté que « c'est la première femme arabe à être élue en 2005 à l'Académie française ». La ministre de la Culture a souligné la grandeur des œuvres de Assia Djebar sur l'Histoire, les femmes algériennes, la colonisation... « C'est un symbole de la culture authentique », a déclaré Soraya Mouloudji. Mohammed Ouzaghla, un des membres du jury qu'a présidé Abdelhamid Bourayou, a affirmé que pour cette 6ème édition du Grand Prix Assia Djebar du Roman, « 158 romans ont été proposés par 51 maisons d'édition nationales dont 70 titres en arabe, 13 en tamazight et 76 en français ». Il a expliqué qu' «une première liste comprenant 12 titres en arabe, 5 en tamazight et 12 en français a été révélée ». Ensuite «de cette liste, a été dévoilée la short list, comptant 5 titres en arabe, 3 en tamazight et 5 en français ». L'orateur a précisé que cette édition a enregistré la participation de deux écrivains français, Corinne Chevallier née et vit en Algérie et Jean-Baptiste Evette, «qui a effectué un voyage à Biskra pour des recherches approfondies en histoire(...) ».

Le 1er prix du roman d'expression arabe a été remis par le ministre de la Communication à l'écrivain Abdallah Keroum pour son roman « Etarhane » édité par « Khayal », qui traite de la problématique du «Vivre ensemble et de la stabilité des sociétés menacées par la faim, l'exploitation, les guerres et l'exclusion ». Le 1er prix en tamazight a été remis par la ministre de la Communication à l'écrivain Mohamed Akly Salhi pour son roman «Tit d yilled Ayen i d-qqarent tewriqin» édité par « Imtidad » où il relate «l'histoire d'un projet d'écriture autour de deux situations, l'une d'un écrivain atteint d'un cancer(...), et la seconde celle d'un médecin qui fait des recherches sur l'interprétation des cauchemars(...) ». Le 1er prix d'expression française a été décerné au jeune écrivain Mohamed Abdallah pour son roman « Le vent a dit son nom » édité par « APIC » et remis par le ministre des startups, Yacine Belmahdi Walid. «Plongeant au cœur de la guerre de libération nationale, le roman s'intéresse à l'engagement de littérateurs, d'artistes, de journalistes confrontés à l'un des bouleversements les plus profonds de l'histoire de leur pays ».