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La filière avicole en grande difficulté: Comment réduire les pertes ?

par M. Aziza

Le cahier des charges élaboré par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural relatif à la filière avicole, appliqué d'une façon mitigée par les opérateurs du secteur « a prouvé ses limites ».

C'est ce qu'a affirmé la représente du ministère, Mme Neila Toumi, en précisant que ses services sont en train de revoir certains articles pour parer à certains dysfonctionnements afin d'aider les opérateurs de cette filière à se relever et faire face à la conjoncture économique actuelle qui s'avère difficile et chronique. La filière procure 400.000 emplois directs et indirects, des chiffres qui ne reflètent pas la réalité du moment que la filière est dominée par la sphère informelle, selon les professionnels du secteur. Intervenant hier, lors d'une journée scientifique sur « la filière avicole en Algérie de l'amont à l'aval», organisée par la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), les intervenants ont ainsi soulevé le problème de la cherté des intrants, le poids de l'informel, la non-maîtrise des techniques d'élevage, des pertes à la production ainsi que d'autres préoccupations qui ont besoin de solutions urgentes. M. Boukhalfa Laala, expert agricole et ancien P-DG du Groupe avicole Ouest, a mis l'accent sur la nécessité de maîtriser les techniques, notamment le respect de l'indice de conversion. Un indice qui permet de calculer la base ou la quantité des aliments qu'on donne au sujet pour obtenir un kilo de viande blanche. Il a précisé que la norme internationale est 1,83, malheureusement chez nous, « elle dépasse les 3 kg». «Pour un kilo de viande blanche, on donne au sujet 3 kilos d'aliment, ce qui va influer négativement sur le coût de la production et bien évidemment le coût à la consommation». Pour l'expert, «il faut d'abord maîtriser les techniques d'élevage. Certains éleveurs privés maîtrisent parfaitement cette technique, avec moins de 1,8 kg d'aliment pour un kilo de viande blanche, mais d'autres malheureusement, dit-il, notamment dans le secteur public par «négligence» et pour «un problème de non-maîtrise des techniques d'élevage, donnent parfois 3 kg d'aliment pour un kilo de viande blanche». La maîtrise des techniques d'élevage est déterminante dans la réduction de la mortalité en matière d'élevage avicole. Ceux qui maîtrisent les techniques d'élevage arrivent, en fin de cycle avec une moyenne de 3% seulement de mortalité. Par contre, d'autres arrivent à 30% de mortalité. L'intervenant indique que les pouvoirs publics doivent encourager celui qui arrive à un indice de conversion ou de consommation à 1,8 et à un taux de mortalité de 3%. Mais celui qui arrive à 3 kg d'aliment et 30 % de mortalité, il faut le stopper parce que ce genre d'éleveurs faussent tous les calculs et engendrent des pertes à tous les niveaux. Ou bien, il faut prévoir un accompagnement permanent durant le processus d'élevage. Interrogé sur les raisons qui ont poussé dernièrement des éleveurs à incinérer des poussins et à détruire des œufs à couver - des vidéos partagées sur les réseaux sociaux-, l'expert en agriculture a affirmé que la désorganisation de la filière est à l'origine de ce genre de pratiques. « Le marché algérien a besoin de 5,5 à 6 millions de poussins, mais parfois on agresse le marché en produisant plus que la demande locale en arrivant 7,5 millions ». L'excédent découlant de cette production entraîne une mévente et une baisse des prix, ce qui oblige l'éleveur à vendre son poulet à des prix plus bas que le coût de sa production. Ce sont en fait les conséquences de la désorganisation et l'absence de vision.

Pour produire plus que la demande locale et assurer un excédent qui sera destiné à l'exportation, il faut d'abord assurer les moyens de traitement de l'excédent de production, « des abattoirs modernes, des chambres froides négatives et des unités de transformation», conclut le même intervenant.