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Au rythme des diatribes et des faux-semblants: Mélenchon, l'hypothèse qui se confirme

par Mohamed Bensalah

Quelles alternatives peuvent s'offrir à ce pays avec ces nouvelles législatives perçues, d'ores et déjà, comme une forfaiture? Quelle démocratie peut être instaurée entre deux peuples d'une même nation minée par de véritables clivages qui s'enracinent semant zizanie, discorde et disputes ? Jusque quand l'unanimisme médiatico-politique de façade va-t-il perdurer ?

En prêtant une oreille attentive aux divers intervenants de la scène médiatique et à l'ensemble des candidats, il m'a tout à fait été possible, tout en écrivant ces lignes, de constater qu'en dépit de leurs déclarations généreuses et de leur professions de foi sur les perspectives d'épanouissement de la France, de constater que les voies de la concertation et de l'échange semblent obstruées. Les gesticulations politiciennes et les manœuvres occultes auxquelles se livre en permanence la gent politique dans son ensemble, ont depuis des mois obscurci les débats en masquant mal les ambitions démesurées des anciens et nouveaux aspirants aux fauteuils moelleux. Jetons un regard sur cette «fête de fous» que vit la population française qui , comme le précise l'éditorialiste Jacques Julliard «détachée du réel, elle s'est développée sur un mode «déreïste», comme disent les psychiatres, c'est-à-dire dominée par l'imaginaire - ainsi qu'il arrive souvent chez les schizophrènes - cette agitation est somme toute plus importante que les résultats obtenus aux deux tours par chacun des candidats».

Cela dit, quelles lectures peut-on faire de la situation politico-sociale française en cette période d'élections législatives ? Est-il possible d'affirmer qu'une élection est porteuse d'avenir alors que les vérités demeurent masqués et que les suppliques des citoyens s'accumulent ainsi que les innombrables dossiers en souffrance des classes laborieuses. La France va mal. La 5e République, maintes fois tripatouillée et malmenée en permanence par des partis politiques décrépis en quête d'alternances, montre chaque jour ses limites. L a confrontation des idées et des certitudes n'est plus possible sereinement. Le constat est plus qu'aberrant. Au sein de la 6e puissance économique mondiale, vivent encore des êtres humains quasi-invisibles, avilis en permanence dont les droits élémentaires sont encore bafoués et où subsiste encore des pratiques déviantes politiciennes qui avivent les inquiétudes et sèment l'effroi. Combien de comportements anachroniques et même parfois avilissants sont mis sous séquestre ? Combien de gestes de folie, perceptibles par tout un chacun, détruisent le pays avant de transformer les rêves en cauchemars collectif ? Que peut-il bien se passer dans la tête de ceux qui, consciemment, délibérément et parfois avec un malin plaisir attisent les haines et les discordes ? Ce qui stupéfait encore plus c'est de constater l'impunité totale dont jouissent les parasites qui, en toute quiétude, poursuivent leur entreprise prédatrice sans être inquiétés outre mesure par la justice. Par son manque de réactivité le pouvoir judiciaire bloque toute velléité de sortie de la léthargie ambiante, contribuant ainsi à entretenir le chaos salvateur pour ceux qui en ont besoin pour masquer leurs délits et malversations pour mieux se perpétuer. Est-il normal d'absoudre de leurs fautes ceux qui attisent l'insécurité pour provoquer les peurs qui tétanisent.

La société duale se précise avec sa cohorte de faux dévots, ses prétentieux et ses parasites qui campent aux abords des centres de décision. Les derniers sondages le confirment amplement. D'un côté, nous avons les nantis, ces femmes et ses hommes qui ont atteint un haut degré de prospérité. Ces derniers ont compris le mouvement des horloges et la nature de leur mouvement et qui donc savent se frayer, «quoi qu'il en coute», un chemin vers l'establishment pour établir ou entretenir des alliances avec les membres de la nomenklatura. De l'autre, les dépourvus, les laissés pour compte du progrès qui observent à défaut de s'adapter, subissent sans pouvoir broncher, tentant vainement de survivre décemment. C'est à ce niveau que se situer la compétitivité qui continue à se faire de plus en plus féroce. L'espace nous manque ici pour procéder à une étude critique du mal qui ronge la gouvernance politique française, ni de nous appesantir sur l'irrémédiable dégradation des mœurs des femmes et hommes impliqués. Jeudi prochain (le 16 juin), nous poursuivrons la suite ce cette réflexion. Pour l'heure ce que qu'il est possible d'affirmer sans ambages, c'est que, l'ingérence du politique constatée à tous les niveaux et dans quasiment l'ensemble des secteurs (même ceux longtemps épargnés), rend la vie des citoyens pénible, voire insupportable, et le pays méconnaissable. Certains se réjouissent de cette situation délétère qui leur a permis de se faire un nom et d'avoir une tribune. D'autre déplorent cette droitisation outrancière et progressive qui, à terme provoquera des répercussions sur l'ensemble du pays et même au-delà. Si rien n'est fait et de manière urgente, la montée en puissance des extrêmes qui se confirment en même temps que le glissement vers le néant vont s'accélérer et mener tout droit vers la descente en enfers.

Au-delà des pamphlets satiriques et des propos outrageants

Par un heureux hasard de calendrier, la population redevient visible et fait même l'objet d'une attention particulière, de mille et une sollicitations et de multiples promesses, malheureusement rarement tenues. Injonction leur est faite aux anonymes devenus citoyens, le temps de glisser une enveloppe dans l'urne, de poursuivre bien malgré eux, la perpétuer du mal endémique et de faire prospérer l'opportunisme qui ronge profondément la société française. Mais, à côté de ces grandes connivences, combien de petites lâchetés dont l'étalage fâcheux accentuent le climat de surenchère ? Combien de scandales politico-économiques étouffés dans l'œuf ? Combien de dysfonctionnements menés vers l'oubli ?

Aujourd'hui, le pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité est contaminé par le virus droitier. Les tactiques politiciennes se sont mises en action en toute sérénité. Observons lucidement les faits et commençons par le duo infernal de droite qui s'installe progressivement en abattant tous les cloisons et obstacles. Qui a permis la propulsion de l'infâme lepéniste Marine, au seuil du pouvoir ? Qui lui a permis d'atteindre des scores ahurissants au premier comme au second tour des présidentielles qui lui facilitent l'incursion dans les couloirs Elyséens pour 2027.De toute façon, Jordan Bardella, (l'actuel Président du Rassemblement national) veillent au grain. Le racisme rampant, savamment distillé, de ce natif italien suscite, tout autant que celui des autres membres du RN, de plus en plus de sympathies en infiltrant de nouvelles couches de la population, longtemps hostiles à ce courant réactionnaire et malfaisant qui pratique l'insulte, le dénigrement, le mensonge et la mauvaise foi tout en jalonnant les cités des classes laborieuses.

Le chantre en l'occurrence c'est aujourd'hui le faux dévot polémiste machiavélien et manipulateur qui a droit d'accès à tous les médias et en permanence. C'est Monsieur 7% (1) qui malgré tous les déboires accumulés, poursuit avec arrogance ses délires verbeux avec pour objectif de forcer, un jour ou l'autre son entrée à l'Elysée par la grande porte. Il a pignon sur rue, simplement en désignant les cibles de parias (Anciens immigrés arabes, africains, banlieusards..) même devenus français à part entière ne sont pas épargné par sa hargne. Il invective, insulte, vilipende en toute impunité. Il peut également pointer un doigt accusateur contre tout citoyen ordinaire, dont l'origine ethnique, la couleur de peau ou le statut social sont considérés comme non-conforme à ses critères. Pauvre France qui a favoriser l'émergence de parasites dangereux en instaurant un silence assourdissant contre les gros dysfonctionnements qui aboutissent à des sanctions symboliques dérisoires. N'est-ce pas là un encouragement aux comportements délictueux avec incitation à la récidive à des oiseaux de mauvais augure ? Leur démultiplication ces derniers temps, et leur voracité sont des signes évidents qui ne trompent plus personne. Tout cela témoigne de l'inconscience, voire de la mégalomanie de certains élus, irresponsables du vaste processus d'aliénation et de déstabilisation politique et culturelle perçu ici et là. L'heure est à l'examen de conscience.

Au centre de l'échiquier politique : Jean-Luc Mélenchon

Atones face à la présidentielle hier, les citoyens ne témoigneront pas plus d'appétence particulière pour les législatives. Au vu du peu d'engouement constaté et de l'inertie politique manifestée, on peut penser, tout autant que les sondeurs d'opinions, que l'abstention pourrait réserver de mauvaises surprises, les urnes, en ce moment, ne semblant guère constituer une préoccupation majeure pour les citoyens français de plus en plus blasés, de plus en plus découragés, de plus en plus en rupture de banc avec la politique et ceux qui la pratiquent. la «Nouvelle Union populaire écologique et sociale» inventée par Jean-Luc Mélenchon arrive à temps pour réunir ce cartel électoral, né de l'effondrement des autres partis de gauche le 10 avril dernier. Avant de mettre son bulletin dans l'urne, l'électeur voit surgir ses espoirs déçus, ses rêves trahis et ses cris de liberté étouffés. Les braises sous la cendre ne disparaissent pas comme par enchantement (2). Lors des marches empêchées, les gilets jaunes nous avons constaté à quel point un gouffre sépare le peuple de ses dirigeants. La colère de ces derniers risque de se traduire par d'autres biais au moindre sentiment de trahison. Sans dramatiser outre mesure la situation déjà électrique, n'est-il pas urgent de prendre au sérieux les menaces qui planent au-dessus des têtes. Jean-Luc Mélenchon a foncé en tentons de réconcilier des positions à priori irréconciliables. Il a osé débrancher le film d'horreurs projeté en le remplaçant par des débats. C'est devenu la question essentielle et l'enjeu des législatives en cours. D'ores et déjà, des discussions s'animent ici et là et de nouvelles alliances se redessinent. Mais si celles-ci témoignent de l'urgence au réveil, elles ne peuvent qu'être annonciatrices d'un quinquennat, à tout le moins, agité.

Ce qui a provoqué un sursaut chez Macron qui ne veut pas entendre parler d'une cohabitation avec Mélenchon. Il tente au contraire de lui faire barrage provoquant ainsi un regain de tension. Mais le leader de la France insoumise a toutes les raisons d'être confiant, reste à savoir si les résultats du scrutin vont dépasser les attentes. Alors qu'il caracole en tête des sondages sur les intentions de vote, la ritournelle médiatique et politique unanimement pour «La Renaissance» nouveau parti de Macron, continue de tourner à l'envers. Ses commentateurs vilipendent l'homme qui veut devenir premier ministre en cas de succès aux législatives. Voulant apparaitre comme le garant de l'ordre contre le chaos et les excès pour son second quinquennat. Le président de la république semble avoir oublié qu'il faut savoir tirer les leçons de son passé et essayer de comprendre et de s'informer. Lorsqu'un Etat, s'avère mauvais stratège, il s'avère osé de persister dans la même voix pour perdurer. Même les ministres, sénateurs, députés, maires, et conseillers de tout poil qui s'agitent toujours comme dans une ruche inquiétée, n'ont pas à baliser le terrain pour de nouvelles épreuves en s'appliquant à respecter à la lettre et à l'avance, la «feuille de route» qui sera tracée en haut lieu, sans même s'interroger sur sa clarté. Les manœuvriers ont déjà fait sortir les tambourineurs de leur léthargie. Mais, les appels pathétiques à se rendre aux urnes ne suffisent plus. Le monde est en pleine désorientation et la France d'hier n'est pas celle de demain. Voilà pourquoi, à bien des égards les présentes législatives revêtent un aspect particulier, bien plus important que par le passé. En érigeant des passerelles l'équipe de la France insoumise pourraient offrir un monde nouveau sans pouvoir excessif pour un seul président obnubilé par une majorité absolue qui lui donnerait le plein pouvoir en réduisant considérablement l'action de l'opposition , du parlement et du parlement qui deviendront alors de simple chambre d'enregistrement. Mélenchon est libre. Impossible de l'enfermer dans une case. La mesure de son caractère exceptionnel se reflète à travers la Nupes, une démarche salutaire et une alternative pertinente aux yeux d'un électorat perplexe.

NOTES :

1) Zemmour le monstre

2)Mammeri Mouloud «Quand trop de sécheresse brûle les cœurs, quand la faim tord trop d'entrailles, quand on rentre trop de larmes, quand on bâillonne trop de rêves, c'est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher, À la fin, il suffit du bout de bois d'un esclave, Pour faire, dans le ciel de Dieu, et dans le cœurs des hommes le plus énorme incendie !»

3) France 2, en direct a invité tout un panel d'hommes et de femme politiques : O. Faure (PS), J.Bayou (Europe Ecologie-les verts), Y. Brossat (PC), B. Fouré (UDI), A. Quatennens (FI), J. Bardella (RN), O. Veran (Macron), G. Peltier (Reconquête), I. Florennes (MoDem)C. Consigny (Républicains).