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Plaidoyer pour une agriculture «contractuelle»: Le colza a trouvé preneur

par M. Aziza

Dr Mohamed Haroun, agriculteur et président de la Fédération des grandes cultures et cultures industrielles a plaidé pour le développement de «l'agriculture contractuelle» qui se base sur des accords et des contrats signés, au préalable, entre les agriculteurs et les groupes industriels de l'agro-alimentaire ou d'entités commerciales, pour toute production.

Il a affirmé, en marge de la tenue de la 1re Conférence sur l'Industrie Agro-Alimentaire et la logistique (CIAGLO 2022), organisée par la Confédération patronale (CIPA), jeudi dernier dernier, à l'Ecole supérieure d'hôtellerie et restauration d'Alger (ESHRA), Ain Benian, que «les agriculteurs sont disposés à développer davantage leur production» Mais, précise-t-il, il faudrait qu'il y ait des entreprises notamment des industriels qui reprennent leur production».

A noter que les producteurs qui se sont lancés dans la culture du colza, avaient exprimé leur inquiétude et leur désarroi face à la difficulté de commercialiser une production qui a atteint les 100.000 quintaux cette année. Le Dr Haroun a tenu à rassurer en affirmant qu'un contrat est en perspective pour que le groupe Cevital reprenne cette production. Et d'affirmer que «nous avons déjà trois grands groupes qui peuvent prendre l'équivalent de quatre à cinq millions d'hectares de production de Colza, tournesol, carthame et arachide produits par les agriculteurs algériens. Il a cité Cevital, SIM et MADAR. Pour le président de la Fédération, l'agriculture contractuelle permet de réaliser des produits agricoles, selon des accords préétablis à terme, fréquemment à des prix préétablis. Le Dr Haroun a évoqué la nécessité d'avoir une vision claire des pouvoirs publics pour aller de l'avant, notamment pour la filière des oléagineuses et la culture du colza qui est toute nouvelle en Algérie. Il a insisté dans ce sens sur la nécessité d'avoir un système de numérisation de la consommation, car les statiques dont nous disposons actuellement reflètent en fait, les niveaux d'importation de l'huile brute, mais non pas des statistiques précises sur le niveau de consommation, regrette-t-il.

Au cours de la saison 2021/2022, quelque 13.000 ha de colza ont été emblavés contre 3.000 ha la saison précédente. Le Dr Haroun s'est dit confiant «si on arrive à cultiver 100.000 ha de Colza d'ici 2024 et 250.000 ha d'ici 2030, bien évidemment en développant concomitamment la culture du tournesol et du soja, on pourra réduire la facture des importations de 30 à 40%». Il dira que c'est à notre portée pourvu qu'il y ait des moyens et des preneurs pour cette production. Et surtout une volonté pour booster la production nationale. Pour le président de la Fédération des grandes cultures industrielles «nous sommes sommés de travailler en synergie sur la base de concertation avec les pouvoirs publics pour développer les cultures céréalières, oléagineuse et la filière lait, car on n'est plus, dit-il, dans la sécurité alimentaire», mais plutôt dans «la souveraineté alimentaire». Et ce, vu la conjoncture actuelle qui prévaut dans le monde. Le Dr a plaidé, en outre, pour une agriculture conventionnelle (une agriculture plus ou moins saine avec une réduction significative des produits chimiques nocifs) et le passage à une agriculture durable. «Nous devons revoir, dit-il, nos méthodes de cultiver nos terres. Ces dernières sont soumises à une monoculture, nous avons affecté nos terres avec la succession culturale pendant des années, notamment pour le blé», dira-t-il. Il a tenu à alerter en précisant que «la couche arable et la matière organique ont baissé». Il dira, en outre, qu'avec le déficit hydrique qui menace notre région «on doit absolument changer de méthodes et aller vers la technique de culture simplifiée (TCS)». Pour Dr Haroun «il faut aller vite vers cette transition et vers des méthodes capables de capitaliser les précipitations notamment celles qui favorisent l'utilisation efficiente des ressources hydriques».

Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Abdelwahab Ziani, s'est déclaré satisfait des décisions prises par le président de la République, notamment celles relatives à l'adoption du projet de loi sur les investissements et l'importation des chaînes complètes de moins de 10 ans. Une disposition qui va permettre aux agriculteurs d'avoir des machines moins coûteuses et qui peuvent servir les grandes cultures dans le sud du pays.

Il ouvre la parenthèse pour affirmer que ce satisfécit est à hauteur de 95%, en précisant qu'il y a encore du chemin notamment en matière de concertation avec les professionnels. Le président de la CIPA, a affirmé, dans ce sens, que «le Premier Magistrat du pays nous a consulté en tant qu'entreprise l'an dernier, c'était d'ailleurs une première et il avait même donné des instructions pour la poursuite des concertations avec les différents services concernés mais depuis rein n'a été fait dans ce sens, regrette-il.