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Quel sens donner au jeûne ?

par El-Houari Dilmi

Quel sens donne-t-on aujourd'hui au jeûne ? Les Algériens entament le mois de Ramadhan de cette année dans un contexte général particulier. D'abord la grande difficulté à garnir la «meïda du f'tour» pour bon nombre d'Algériens, tant la folle sarabande des prix a atteint des niveaux «historiques». Beaucoup de chefs de ménage sortiront «déplumés» à l'issue de ce mois de tous les sacrifices, d'autres avec une grosse ardoise chez le commerçant du coin ou auprès de ses amis et autres connaissances.

Certains n'ont pas manqué de remarquer hier, premier jour du mois de carême, une foule nombreuse dans les marchés des grandes villes du pays. Ce qui nous ramène à une question fort légitime: comment des citoyens qui se plaignent de l'effroyable dégradation de leur pouvoir d'achat, peuvent-ils acheter sans compter durant un mois où l'abstinence et l'élévation spirituelle doivent être les maîtres-mots ? Le mois de Ramadhan n'est malheureusement plus synonyme de piété et de spiritualité. Les mauvaises habitudes reprennent le dessus en ce mois de tous les excès, avec gabegie, gaspillage, baisse de productivité et absentéisme, le tout dans une totale inconscience.

Au diktat d'un marché devenu presque incontrôlable vient s'ajouter le comportement irrationnel de l'Algérien qui complique la donne. Le Ramadhan est aussi l'occasion d'un formidable gaspillage de nourriture, de pain en particulier, et de malbouffe. Cela doit cesser au plus tôt parce que les temps ont changé. Des millions de personnes dans le monde ne mangent pas à leur faim ou souffrent de malnutrition. Le premier enseignement à retenir de ce mois d'abstinence: la solidarité, l'entraide et l'empathie naturelle vis-à-vis de plus faible que soi doivent être la règle d'or durant ce mois où, dit-on, les esprits frappeurs sont enchaînés...