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Fin de mission ou redéploiement ?

par Abdelkrim Zerzouri

Les Etats-Unis ont décidé de mettre fin à la « guerre sans fin » en Afghanistan en retirant leurs troupes militaires, déployées dans ce pays il y a de cela vingt ans dans le cadre de la lutte antiterroriste, après les attentas du 11 septembre 2001. La décision d'une souveraineté indiscutable fait des vagues au sein des pays alliés des Américains, engagés militairement sur le sol afghan, et qui vont également, par logique collaborative, retirer leurs soldats de ce pays, mais elle paraît anodine pour le monde musulman. Excepté les Iraniens qui voient en ce retrait des troupes américaines une manière de renforcer et rediriger l'arsenal militaire US pour de nouvelles missions contre eux, ainsi que d'autres pays frontaliers, dont la sécurité serait directement menacée par une fragilité politique qui peut entraîner l'Afghanistan dans la spirale de la violence, les autres semblent se positionner hors champ d'influence de ce qui se passerait à l'autre bout du monde.

Pourtant, tout inciterait à l'inquiétude, du moins à penser l'après retrait US de ce pays toujours instable où plane la menace d'une guerre civile meurtrière qui ne manquerait pas d'avoir des conséquences directes et indirectes sur tous les pays, d'Orient en Occident. Quel développement pourrait avoir le présent retrait des troupes américaines, qui se fera progressivement avec une date symbolique du 11 septembre (20e anniversaire des attaques terroristes contre les tours jumelles à Manhattan et le Pentagone) comme échéance limite ?

«L'Afghanistan risque de redevenir une base pour les terroristes internationaux qui planifient et organisent des attaques dans nos pays et l'État islamique pourrait reconstruire en Afghanistan le califat de terreur qu'il a perdu en Syrie et en Irak.» C'est une conclusion préventive établie par le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, lorsqu'en 2020 les Etats-Unis ont annoncé l'entame de leur retrait militaire de l'Afghanistan, puisque cette volonté était affichée par les deux prédécesseurs de l'actuel président américain.

En tout cas, le président américain, qui a rappelé le 14 avril dernier, dans un discours solennel depuis la Maison Blanche, qu'il est «le quatrième président américain à gérer la présence militaire américaine en Afghanistan», promettant de ne pas transmettre «cette responsabilité à un cinquième», a également estimé dans ce contexte que la mission de l'US Army, qui était de «s'assurer que l'Afghanistan ne serve pas de base pour attaquer à nouveau» l'Amérique, a été «remplie». L'Amérique met fin à la plus longue guerre, vraiment ? Les enjeux de ce mouvement militaire, qui fixent les primautés de la politique étrangère de la nouvelle administration américaine, vont effectivement mettre fin à la guerre en Afghanistan pour les Américains mais pas à la guerre entre Afghans, qui sont encore au stade délicat des négociations entre le gouvernement, affaibli par le départ des troupes américaines, et les Talibans, les plus grands gagnants dans un pays qui revient à la case départ.