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Appel à la levée des sanctions économiques contre la Syrie

par Ghania Oukazi

Quatre-vingt quinze personnalités, connues mondialement, viennent de lancer un appel pressant au président américain ainsi qu'à plusieurs autres chefs d'Etats et de gouvernements européens pour la levée des sanctions économiques contre la Syrie.

Ce sont d'importantes personnalités du monde du culte, de l'humanitaire, des droits de l'Homme, des universités, de la diplomatie, des parlements, des Nations unies et même de forces militaires qui ont signé, le 21 janvier dernier, une lettre qu'ils ont adressée en premier au président américain Joe Biden, au Français Emmanuel Macron et au Premier ministre britannique Boris Johnson. Ils sont de Tout l'Orient, d'Allemagne, France, Suisse, Espagne, Italie, Hongrie, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Irlande, Syrie, Algérie, Tunisie... Leur appel aux puissants gouvernants du monde est pressant et plus d'ordre humanitaire que politique. Dans leur lettre qui nous a été transmise par l'un de ses signataires, Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France, analyste politique, spécialiste de la Syrie et du Moyen-Orient, ils commencent par noter que «le professeur Alena Douhan, rapporteur spécial des Nations unies sur les mesures coercitives unilatérales, a appelé, fin-décembre 2020, les États-Unis à lever leur maillage complexe de sanctions économiques qui portent un lourd préjudice au peuple syrien».

Les 95 personnalités de renommée mondiale indiquent que (la) rapporteur spéciale a déclaré que les sanctions imposées par les États-Unis «constituent des violations des droits de l'homme à l'encontre du peuple syrien» et «exacerbent la situation humanitaire déjà affreuse que connaît la Syrie, particulièrement dans le contexte de la pandémie du Covid-19», puisqu'elles bloquent l'aide, le commerce et les investissements nécessaires au fonctionnement du système de santé et de l'économie de la Syrie». Les conclusions de (la) rapporteur spécial reflètent, écrivent les signataires de la lettre, «un consensus croissant au sein de la communauté de l'aide humanitaire et de la communauté des droits humains, où l'on estime que cette forme de punition collective de la population civile est en train de mener la Syrie vers une catastrophe humanitaire sans précédent».

Il y a dix ans, affirment-ils, «la Syrie était un grenier à blé pour la région. Elle est aujourd'hui en passe de connaître non seulement la faim, mais la famine, selon le Programme alimentaire mondial (PAM)». Ils rappellent qu'«en juin dernier, le directeur du PAM, l'ancien gouverneur David Beasley, lançait un cri d'alarme en disant que la moitié des Syriens devaient aller se coucher avec la faim et que le pays était au bord d'une «famine de masse». Pendant ce temps, s'inquiètent-ils, «la pandémie du Covid-19 fait rage dans tout le pays, incontrôlable suite à la ruine d'un système de santé largement détruit au fil de dix ans de guerre». ls rapportent dans leur lettre que «des millions de Syriens très durement affectés iront se coucher, ce soir, en ayant faim et froid. Les sanctions coercitives unilatérales imposées par les États-Unis rendent encore pire la détresse économique du peuple syrien».

Ces personnalités implorent, dans leur lettre qu'ils ont tenu à écrire en trois langues (français, anglais, arabe): «Nous vous conjurons, Monsieur le Président, d'aider les Syriens à alléger une crise humanitaire qui menace d'entraîner une nouvelle vague d'instabilité au Moyen-Orient et au-delà, en apportant votre soutien à (la) rapporteur spéciale des Nations unies et en vous assurant que les sanctions économiques appliquées en France et en Europe ne violent pas les droits humains du peuple syrien et n'aggravent pas la situation humanitaire déjà désastreuse en Syrie». A l'adresse des gouvernants européens, ils soulignent que ; «Nous pensons que les intérêts nationaux légitimes de la France et de l'Europe peuvent être défendus sans punir collectivement le peuple syrien au moyen de sanctions économiques».