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L'heure est aux expertises: La population de Mila encore sous le choc

par Abdelkrim Zerzouri

  Le choc subi suite aux deux secousses telluriques du vendredi 7 août n'était pas passé, hier encore, pour les habitants de la wilaya de Mila. «Parfois, les vibrations causées par le passage d'un camion poids lourd devant la maison me terrifie», avoue Rachid, un père de famille habitant du chef-lieu de wilaya.

Ce dernier nous a appris que des répliques plus légères continuent à frapper la région, plus de 24h après les deux séismes du vendredi, de magnitude 4,9 sur l'échelle ouverte de Richter pour la première et 4,5 pour la seconde dans un intervalle de 5 heures. Cela reste sans danger, mais certaines habitations déjà fortement endommagées par les deux premiers séismes n'ont pu résister et se sont effondrées, hier, signale-t-il. Soulignant dans ce sillage qu'on peut dire que le drame a été évité grâce à l'installation des tentes à l'intérieur du stade local pour loger les familles dont les habitations présentaient un danger pour leur vie. Lesquelles habitations ont été délimitées par un périmètre de sécurité installé par les éléments de la Protection civile, interdisant tout accès en son intérieur.

Ainsi coule le quotidien des habitants de la wilaya de Mila, entre le choc du séisme, l'attente de solutions pour ceux qui ne peuvent rejoindre leurs demeures endommagées et des résultats des expertises en cours. Dans ce cadre, le ministre de l'Habitat, Kamel Naceri, qui s'est déplacé à Mila, hier, en compagnie d'une délégation ministérielle pour faire le constat des dégâts provoqués par les deux séismes qui ont frappé la région, vendredi, a indiqué que son ministère a mobilisé une soixantaine d'experts pour effectuer une évaluation technique rapide, afin de répondre au besoin urgent des familles qui ne peuvent réintégrer des logements présentant des risques d'effondrement. La veille, c'est le ministre de l'Intérieur et celle de la Solidarité qui, après avoir exprimé leur soulagement du fait qu'aucune perte humaine n'ait été déplorée, ont assuré que «toutes les habitations endommagées par les secousses seront prises en charge progressivement», réitérant l'engagement de l'Etat qui «n'abandonnera pas les citoyens en danger», sur le plan matériel et psychologique.

Rappelons qu'un premier bilan établi le jour même du séisme fait état de l'effondrement total de trois habitations individuelles, dont deux au niveau des quartiers du ?vieux Mila' et un autre de 4 étages au chef-lieu de wilaya, ainsi que 15 effondrements partiels et des fissures apparues sur les murs et les piliers de plusieurs bâtisses, classées «orange» suite à une expertise de la Protection civile. Pour les effondrements, total ou partiel, les choses sont claires en matière d'expertise, notamment sur le plan de leur déclaration «inhabitable», reste à évaluer la menace des fissures qui a touché les murs et les piliers de plusieurs bâtisses. Et, cela peut prendre du temps selon les cas, un temps nécessaire à accorder aux autorités en charge du contrôle des constructions pour mener à bien leurs investigations et déterminer l'étendue des dégâts et les priorités, comme l'a prôné le ministre de l'Intérieur.

Des experts ont été également dépêchés par le ministre des Ressources en eau pour s'enquérir de la situation au niveau du barrage Béni Haroun, qui n'a pas été affecté, selon un premier constat mais qui nécessite quand même une expertise plus approfondie, selon le premier responsable du secteur. Il y a également cette faille de 50 cm d'épaisseur et d'une longueur de 500 mètres apparue, suite au séisme du vendredi, sur un terrain vague, dont on parle peu mais qui devrait susciter la curiosité des scientifiques. Des failles semblables doivent faire l'objet d'un suivi scientifique minutieux, car elles peuvent favoriser, voire déclencher des tremblements de terre, selon une étude publiée dans la revue Science.