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Une première pour les musulmans

par El-Houari Dilmi

Pour la première fois dans l'histoire, il y aura une année sans pèlerinage musulman aux Lieux saints de l'islam en terre d'Arabie. En mars dernier déjà, les dirigeants du royaume avaient demandé aux gouvernements étrangers de se préparer à l'annulation du Hadj de cette année, en raison de l'épidémie du coronavirus qui sévit dans le monde. «L'Arabie saoudite va autoriser un millier de personnes vivant sur son territoire à effectuer cette année le Hadj», a annoncé hier le ministre saoudien du Hadj. La «mauvaise nouvelle» était dans l'air depuis un bon bout de temps. Et même si le ministre algérien des Affaires étrangères s'est empressé à déclarer que les pèlerins algériens concernés par le Hadj cette année, pourront l'accomplir l'année prochaine, se voir privé d'accomplir le cinquième pilier de l'islam a sapé le moral, pas seulement aux Algériens, mais à tout le monde musulman. Comme indiqué par le ministre du Hadj, Mohammed Benten, le Hadj de cette année sera réservé uniquement aux personnes de différentes nationalités qui souhaitent l'accomplir et qui se trouvent en Arabie saoudite, un pays qui enregistre plus de 160.000 cas de coronavirus et 1.300 décès. Outre la perte financière sèche des plus considérables pour le royaume wahhabite, qui a longtemps soupesé le pour et le contre avant d'annuler le plus grand rassemblement religieux au monde, le «non-retour d'investissement» pour l'Algérie sera également durement ressenti, puisque une partie de sa flotte aérienne, habituellement mobilisée en période de grand pèlerinage, sera clouée au sol durant cet été, sans parler des droits et taxes prélevés par le Trésor public. Et si la crise sanitaire majeure liée à la propagation du Covid-19 est la première raison de l'interdiction du Hadj pour les pèlerins internationaux, beaucoup de savants et exégètes musulmans avaient déjà rappelé que la préservation de la vie humaine prévalait sur l'accomplissement de ce rite musulman, comme cela a été le cas pour la fermeture des mosquées et lieux de culte en Algérie et ailleurs dans le monde.

Le pèlerinage est une obligation pour celui qui a la capacité, physique et financière, de l'accomplir une fois dans sa vie. Mais tout empêchement licite permet au musulman d'annuler ou de reporter l'accomplissement de son devoir religieux. «Celui qui sauve une vie sauve l'humanité», dit un verset du Saint Coran. Et c'est justement pour traduire dans les faits ce concept coranique que le Hadj a été annulé pour cette année, en attendant de trouver le moyen de sauver l'humanité des méfaits du Covid-19.