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Selon le comité des marins pêcheurs: «La pêche à l'espadon en cette période est un véritable massacre»

par M. Aziza

La période de fermeture de la pêche à l'espadon dans les eaux sous juridiction nationale est fixée du 1er janvier au 31 mars de chaque année, selon l'arrêté ministériel publié au Journal officiel. Cela veut dire clairement que la pêche à l'espadon est formellement interdite durant cette période.

Mais selon Bellot Hocine, le président du comité des marins pêcheurs, «des bébés espadons sont présents sur les étals de vente au port d'Alger, dont certaines quantités proviennent de Ghazaouet» dénonce-t-il. Il crie haut et fort en avertissant les autorités compétentes sur «ce massacre d'espadon», voire «une destruction massive des ressources halieutiques en Algérie», prévient-il.

Pour ce syndicaliste, ce genre de pratiques en violation des lois, empêche le repos biologique et la reproduction de l'espadon. Il précise que certains marins ne respectent même pas la taille marchande de l'animal capturé qui est de l'ordre de 120 cm, sachant que les espadons exposés au port d'Alger en cette période sont de très petits espadons. «C'est un véritable massacre» s'insurge-t-il encore.

Et de s'interroger, où sont passés les gardes-côtes et la police de la pêche censés sanctionner ce genre d'infraction ? Sachant que la surexploitation des ressources halieutiques nationales de cette façon, risque de détruire cette richesse naturelle dont jouit le littoral algérien.

Et de se poser des questions, comment peut-on acheminer l'espadon par route dans des camions frigorifiques, alors que ces derniers doivent être inspectés, ne serait-ce qu'une seule fois lors de leur passage par les barrages des services de sécurité sur les routes, par exemple d'Oran à Alger ?

Même au niveau des pêcheries, il n'y a aucun suivi, aucun contrôle. En principe, dans chaque port de pêche, il doit y avoir une brigade permanente 24 h / 24.

Et de préciser, par ailleurs, que l'espadon est toujours pêché à l'aide des filets maillants dérivants au lieu de la palangre notamment. Ce genre de filets est condamné par la communauté internationale et interdit par plusieurs pays et différents organismes internationaux. Car son utilisation est dangereuse pour les écosystèmes et menace certaines espèces maritimes.

Pour rappel, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT) avait fixé en novembre 2016 le quota global pour l?espadon à 10.500 tonnes pour ses pays membres, et ce, dans le cadre d?un plan de reconstitution sur 15 ans (2017 - 2031) de la population mondiale d?espadon, une espèce victime de surpêche. Ce quota sera réduit de 3% par an de 2018 à 2022.

L?Union européenne reconnaît qu'elle est responsable de la diminution de la ressource d?espadon en Méditerranée, étant donné que 85% des captures se font par ses pays membres, dont 45% sont capturés par les seuls Italiens, tandis que les 15% restants sont pêchés par les pays de la rive sud de la Méditerranée dont l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et l?Egypte.