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Difficultés financières, enregistrement des médicaments...: Les opérateurs de la pharmacie vident leur sac

par Houari Barti

S'il y a à peine dix ans, l'Algérie importait la quasi-totalité de ses besoins en produits pharmaceutiques, elle assure aujourd'hui la couverture de 50% des besoins nationaux en médicaments. C'est «un grand pas» de franchi, selon le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie, Abdelouahab Kerrar d'autant plus, a-t-il souligné que cette industrie en plein essor a fait chuter la facture d'importation des médicaments à 1 milliard de dollars, contre 2,2 milliards durant l'année 2004.

Plus encore, l'Algérie, qui abrite la quatrième économie d'Afrique et le deuxième marché pharmaceutique du contient, possède aujourd'hui les capacités propres à exporter, a soutenu M. Kerrar, hier, lors de l'émission «L'Invité de la rédaction» de la Chaine 3 de la Radio algérienne.

Il explique qu'en produisant le plus grand nombre de produits de soins, cette industrie a également contribué à abaisser leur coût, assurer l'accessibilité des malades à des traitements innovants et, d'autre part, à leur ouvrir des créneaux d'exportation, ce qui est, déclare-t-il, «dans ses capacités». L'exportation est devenue même «une nécessité» pour une industrie qui s'appuie sur un nombre important d'unités de production, dotées d'un excellent savoir-faire et fonctionnant en deçà de ses capacités, a encore plaidé l'invité de la Chaine 3. S'agissant des carences relevées en matière de disponibilité de certains traitements, M. Kerrar les impute essentiellement à l'absence de statistiques fiables sur les besoins réels destinés à des thérapies particulières. Appelant à la création d'une Agence du médicament «forte», il s'inquiète, par ailleurs, que des producteurs du secteur soient confrontés à des difficultés financières, parce qu'explique-t-il, ils ont fait des investissements importants et, qu'en retour, ils n'arrivent pas à faire homologuer leurs produits. Il précise, à ce propos, qu'une vingtaine parmi eux disposent de 300 médicaments «en souffrance», attendant depuis longtemps d'être enregistrés, «alors même, s'insurge-t-il, que des programmes ont été lancés pour les importer. Le président de l'UNOP se dit, par ailleurs, «surpris» de l'étiquette de «lobbies» accolée aux producteurs de médicaments qu'il qualifie de «parmi les meilleurs élèves de l'économie algérienne».

Pour rappel, le marché pharmaceutique algérien a connu une croissance moyenne de 10%, chaque année, notamment au cours de ces quatre dernières années. L'augmentation de la couverture médicale et des dépenses de santé par habitant n'a pas cessé d'évoluer, en raison de la combinaison de plusieurs facteurs : l'explosion démographique, l'émergence des maladies chroniques et une bonne couverture sociale ainsi que la généralisation du ?tiers payant', avec une base industrielle locale en développement. A la faveur de cette croissance, l'Algérie est dans le top 20 du marché pharmaceutique dans les pays émergents. Mais selon les professionnels, cette croissance, d'une année à une autre, a connu un fléchissement au cours de l'année 2019 en raison de la crise politique qui secoue le pays.