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Crise politique : Des initiatives mais point de solutions !

par Ghania Oukazi

L'euphorie de la CAN passée, la politique reprend ses droits avec la multitude d'alternatives «pour une sortie de crise» face à un statuquo inquiétant.

La victoire des Verts est cette belle leçon que le coach Djamel Belmadi a donnée à une Algérie qui se cherche depuis longtemps. Les critères de la réussite ne sont pas difficiles à cerner chez ce brave type. L'effort, la discipline et la persévérance semblent avoir été les mots clés pour Belmadi qui, en dix mois, a réussi à rattraper de grandes lacunes au sein d'une équipe complètement défaite. Belmadi a montré qu'il a travaillé dur pour la (re)construire. Il a notamment prouvé qu'on ne peut prétendre gagner la bataille de la relance de l'Algérie en replâtrant non seulement ce qui a été mal fait mais qui l'a été provisoirement pour durer. La scène politique nationale s'est comme figée durant la période des compétitions de la CAN. Il est vrai qu'il est important de défendre les couleurs de l'emblème national quand il s'agit de se faire une place dans un continent qui a tant besoin de s'affirmer. Belmadi a été à cet effet ce leader qui, s'il arrive à être «copié» par les hommes politiques et les gestionnaires économiques, l'Algérie pourrait alors prétendre à un avenir moins stressant.

Pendant que le foot a triomphé au Caire, les partis politiques ont continué de «verser» dans les alternatives de «sortie de crise» en réponse à l'offre d'«un dialogue national inclusif» réitérée par le pouvoir. Après le forum de la société civile qui a proposé une liste de 13 personnalités nationales issues de différents milieux politique, universitaire, économique, culturel et social sans avoir provoqué des polémiques, ce sont les partis politiques qui se réclament des «Forces de l'alternative démocratique» qui se sont réunis le dimanche dernier pour annoncer qu'ils «se réuniront le 21 août prochain (rencontre nationale inclusive) en vue d'élaborer une feuille de route pour sortir de la crise que traverse le pays». Avant les deux initiatives, ce sont «les forces du changement» qui se sont rencontrées le 6 juillet dernier pour faire palabrer autour de «leurs propositions de sortie de crise». Ce sont ainsi des «pôles» qui se sont constitués «selon les affinités» pour proposer des solutions politiques qui, de prime abord, ne diffèrent pas trop les unes des autres. Ils veulent tous «un dialogue national inclusif» mais refusent tous de se mettre autour d'une même table pour en sortir une «globale, inclusive, nationale et consensuelle».

L'on relève que même leurs préalables respectifs ne diffèrent pas trop les uns des autres. Ils revendiquent en général «la libération immédiate des détenus d'opinion, le départ immédiat des deux B et des symboles du système et le respect de la souveraineté du peuple par l'application des articles 7 et 8 de la Constitution». Avec un infime recul, l'on retrouve certes des pôles différents mais qui font les mêmes propositions et posent les mêmes préalables. Autant rappeler que la classe dirigeante, politique, partisane et autres intellectuels ont tous évolué dans la même sphère du pouvoir mais sous différents auspices, les uns sous la protection «des généraux» même si les plus connus dans les années 90 et 2000 ne sont pratiquement plus de ce monde, d'autres des Bouteflika et enfin les plus nombreux et les plus anciens continuent de répondre de la «lignée» de l'ex-patron du DRS actuellement détenu à la prison militaire de Blida. D'ailleurs, ils s'observent les uns les autres et avancent prudemment parce qu'ils sont rompus aux pratiques d'une politique de «service» plutôt que celle constructive de véritables leaders semblables à Djamel Belmadi.

Les alternatives de «sortie de crise» se suivent et se ressemblent -ou presque- sur fond de manœuvres visant à la prise du pouvoir ou d'une place de choix en son sein. Il est d'ailleurs plus recherché une reddition totale du pouvoir actuel incarné par le général de corps d'armée, Gaïd Salah, que la construction d'un système démocratique respectueux des libertés individuelles et collectives. Son encerclement se fait d'une manière sournoise en vue de rétablir les anciens équilibres.