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Analyse - Un cocktail à l'algérienne

par Adjal Lahouari

Voilà, c'est fait et nous pouvons tous exulter. L'équipe nationale de football se trouve sur le toit de l'Afrique, un véritable exploit qui s'est réalisé, rendant fier le peuple algérien, mais également l'immense communauté arabe à travers le monde. Ceux qui ont affublé les Verts du surnom de « Guerriers du désert » ont vu juste. Car, compte tenu de la situation qui prévalait avant l'arrivée aux commandes de Djamel Belmadi, personne n'aurait parié sur un tel parcours en Coupe d'Afrique, et plus est en Egypte, dans un environnement franchement hostile et peu propice à ce genre d'exploits.

Et pourtant, sous la houlette de leur mentor aux idées bien arrêtées, la réalité est là : l'équipe nationale est bel et bien championne d'Afrique, ayant réussi à imposer son football, fait de technique selon la tradition séculaire algérienne, mais également une détermination à toute épreuve, deux vertus qui lui ont permis de s'imposer, avec la manière, face à des rivaux de valeur et ambitieux. Un but inscrit en toute fin de match, ça fait très mal à l'équipe qui l'encaisse. C'est vrai aussi lorsque cette réalisation intervient dès la deuxième minute.

Après le Nigéria, c'était au tour du Sénégal d'en faire l'amère expérience. Bounedjah le malchanceux ne pouvait espérer meilleure entame. Dès lors, on craignait que ce but venu très tôt ait des conséquences sur le comportement de l'équipe nationale.

Les fans algériens furent vite rassurés car les Verts, sous la houlette d'un remarquable Bennacer à la récupération et à la relance, ont maîtrisé le match face à des Sénégalais qui, faute de solution, ont eu recours aux longues balles vite interceptées par les défenseurs algériens. Les poulains d'Aliou Cissé, dominateurs à partir de la 35e minute, ne purent remettre les pendules à l'heure face à des Fennecs très accrocheurs.

Belmadi a été fidèle à un système en 4-3-3, se transformant, dès la perte du ballon, en 4-1 ,4-1, un système qui a déjà déboussolé les précédents rivaux de l'EN. Belmadi a pris soin aussi de mettre en place un plan anti-Mané, évidemment le plus dangereux attaquant adverse. Sachant qu'il allait affronter des adversaires revanchards après leur unique défaite en phase de poules, Belmadi a décidé de laisser la possession du ballon en seconde période aux Sénégalais. D'ailleurs, les statistiques avant cette finale indiquaient que, dans ce volet, l'équipe d'Aliou Cissé a affiché un bilan plus conséquent, alors qu'il y avait une parfaite égalité dans le nombre des passes. Alors que les coéquipiers de Mané ont tiré plus souvent au but, les Fennecs avaient parcouru de plus grandes distances, ce qui constitue un indice assez significatif de la débauche d'efforts fournis, une de leurs vertus-clés.

Les statistiques de cette finale confirment que l'EN a désormais son profil-type qui la rend redoutable pour les meilleurs. Franck Dumas, l'ex-entraîneur de la JSK, a bien résumé le style de l'équipe nationale : « C'est la seule équipe qui défend en avançant et non en reculant. C'est son plus grand atout. » De fait, la seconde période fut difficile pour les deux formations, les Algériens tenant à préserver leur précieux acquis, tandis que les Sénégalais voulaient à tout prix égaliser. Aussi les duels furent très fréquents, l'arbitre camerounais se montrant assurément très généreux pour les Lions de la Téranga qui ne purent jamais franchir la muraille de l'équipe algérienne, bien regroupée comme à ses habitudes, bien épaulée, il faut le dire, par les hommes du milieu et même les attaquants Belaili et Bounedjah. Et, une fois n'est pas coutume, Belmadi a, enfin, procédé aux trois changements. C'était bien vu car la victoire est allée à ceux qui l'ont le plus méritée.