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IL FAUT EN RIRE !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Livres

Juste pour le plaisir. Album de caricatures de Hicham (Hic). Préface par Slim, calligraphie par Redha Khouane et commentaire par Ahmed Mimoune. Casbah Editions, Alger 2018, 1 500 dinars, 116 pages

Slim, l'auteur de la préface a eu bien du mal à la rédiger. En effet, avant de s'y mettre, il a fallu qu'il se «débarrasse» de la surprise qui l'avait enveloppé, lorsqu'il s'était mis à, d'abord, feuilleter l'album. Une surprise partagée par tous les lecteurs, j'en suis sûr.

D'abord en raison du thème lui-même, l'auteur nous ayant habitués, en tant que lecteurs de presse, aux caricatures, pour la plupart politiques et toujours commentant, à sa manière, un événement d'actualité.

Ensuite, en raison des sujets traités ; quelques dizaines de portraits (57) de stars d'hier et d'aujourd'hui, des personnalités culturelles marquantes d'ici et d'ailleurs, parmi celles qui ont accompagné nos vies de jeunes et de moins jeunes et souvent bouleversé nos âmes et nos cœurs : Djamel Allam, Georges Brassens, Mick Jagger, Lounis Aït Menguellet, Renaud, Léo Ferré, Khaled, Bob Dylan, Kader Japonais, Cesaria Avora, Elvis Presley, Lounès Matoub, El Anka, Tina Turner, Lotfi Attar, Oum Kaltoum, Aznavour, Prince, Ray Charles, Rihanna, Remitti, Rachid Taha, Amazigh Kateb... et bien d'autres. Ah ! manquent Abdelhalim Hafez, Fairouz, Idir, Johnny, Edith Piaf, Mouloudji... et bien d'autres. Peut-être prévus pour un autre album ?

Enfin, en raison d'un graphisme et d'un procédé assez original : une caricature en couleurs (frappante de vérité) car ayant saisi le(s) trait(s) particulier(s) montrant aussi bien le personnage que la personnalité, précédée d'une magnifique calligraphie (signée Khouane) en lettres arabes qui présente le portraituré... et accompagnée d'un très court commentaire (taillé sur mesure) signé Mimoun. Le tout, un régal ! Celui qui m'a le plus fait... sourire concerne Safy Boutella : «sa fille danse très bien». Celui le plus émouvant concerne El Anka : «Mohamed Idir Aït Ouarab. Cardinal du chaabi, algérien d'origine»

L'Auteur : Hichem Baba Ahmed (le Hic), né en 1969 à Tlemcen. Il a «commencé à dessiner avant d'apprendre à marcher». Attiré par la BD dès son jeune âge. Etudes supérieures et diplôme d'ingénieur en Aménagement du territoire et Protection de l'environnement. Différents petits boulots dont, selon la «légende», livreur puis superviseur dans une société de nettoyage.

Carrière de caricaturiste en 1998 dans le quotidien «L'Authentique» puis «Le Matin» en 1999 (un journal de gauche et anti-pouvoir qui a été poussé, par le système rancunier et «des juges» objectivement aux ordres, à la fermeture en août 2004). Il y reste jusqu'en 2004. Il passe une année dans le journal «Le Jeune Indépendant» et il rejoint par la suite «Le Soir d'Algérie» de 2006 à 2009. À travers ses dessins humoristiques, il dénonce, tout en informant, les problèmes de la société algérienne, comme le chômage ou la pauvreté. Ses cibles de choix dans ses caricatures : Abdelaziz Bouteflika, ses ministres, les responsables de l'opposition ou les hauts gradés de l'armée. Le Hic a plusieurs démêlés avec la justice dès le début des années 2000, du temps où il travaillait au quotidien «Le Matin».

Il a collaboré par ailleurs aux journaux satiriques, «El Manchar», «L'Époque» (créé par Baya Gacemi) dont il est l'un des membres fondateurs et l'hebdomadaire «Jeune Afrique». Aujourd'hui, depuis octobre 2009, il travaille pour le journal «El Watan».

Il a publié plusieurs histoires humoristiques courtes en bandes dessinées. La publication de sa première BD intitulée, «Le quatrième mandat expliqué à ma fille» et puis «El Bendir», revue algérienne dédiée à la bande dessinée dont il est le fondateur, développent une facette différente de son talent. On a aussi d'autres publications, des recueils de ses dessins, parus dans «Le Soir d'Algérie» et «El Watan», aux éditions Chihab et Dalimen.

Il est membre de l'association Cartooning for Peace. En 2016, il est élevé au rang de chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres ; la médaille lui ayant été octroyée par Bernard Émié, ambassadeur de France à Alger (Sources : Wikipédia et almanach-dz.com)

Extraits : «...Entre deux caricatures d'artistes, il y a cette performance graphique inégalée et imaginée à partir de lettres arabes qui ponctuent le tempo...» (Slim, préface, p 3). «Je n'ai que trois mots à dire : ?Tbark Allah 3alik» (Slim, préface, p 3).

Avis : Un très, très, très... bel album... digne de faire partie des collections à bien entretenir et à conserver précieusement pour ses petits- et arrière-petits-enfants... qui verront que leur papy a vécu, malgré tout, dans un beau pays où l'on aimait rire de tout, même de sa misère.

On espère voir un album de la même veine consacré aux hommes politiques et politiciens... algériens, arabes et africains.

Citation : «Comment voulez-vous rédiger tranquillement une préface si à chaque dessin, vous vous retrouvez à fredonner son air fétiche ?» (Slim, préface, p 3)



AU FIL DES JOURS :

Actualités

- Une histoire qui s'achève. Dans le domaine de l'audiovisuel. C'est celle de la chaîne de télévision Dzairnews qui appartient au groupe Médias Temps Nouveaux (450 employés), propriété de l'homme d'affaires Ali Haddad, qui va se terminer après six années de bons et loyaux services bouteflikistes...

Tout d'abord, c'est Dzairnews qui cessera d'émettre. Et, on aura donc la jumelage des deux chaines (Dzairnews et Dzairtv) pour en faire un seul canal qui sera un mix entre la télévision généraliste et celle dédiée à l'information en continu. Pourquoi ? «En (...) en raison de grandes difficultés financières qui sont celles de tout le secteur de l'information», lit-on dans le communiqué signé Abrous Outoudert, le Dg du groupe (et très longtemps directeur de Liberté, le quotidien de Isaad Rebrab). Depuis au moins trois ans, dit-on, les salaires sont difficilement assurés.

Et, au-delà de la fermeture de Dzairnews qui s'est distinguée, notamment depuis le 22 févier 2019, par son traitement quand même objectif et professionnel de l'actualité nationale, c'est surtout le sort des dizaines de travailleurs qui suscite l'inquiétude. Plus d'une centaine ?

Les deux journaux «Le Temps d'Algérie» et «El Waqt El Jazair» vont-ils suivre le mouvement de restructuration ou de... liquidation (le «big boss» connaissant des déboires judiciaires... et financiers) ?

Très probablement !

Une autre histoire qui va commencer. Toujours dans le domaine de l'audiovisuel. Celle-ci moins politique, plus économique, bien mieux étudiée même si l'on soupçonne des visées idéologiques. Ainsi, le groupe saoudien MBC se prépare à lancer une nouvelle chaîne appelée MBC North Africa. C'est en tout cas ce qui a été annoncé tout dernièrement lors d'une cérémonie organisée par le groupe dans un hôtel près des pyramides de Gizeh en Egypte, quelques semaines après le lancement de la chaîne «MBC Irak». Le PDG de MBC, Sam Barnett, a annoncé le lancement d'un nouveau réseau, destiné notamment pour les pays du Maghreb : l'Algérie, le Maroc et la Tunisie... après un grand succès dans la gestion du réseau égyptien de la chaîne «MBC Misr» au cours des cinq dernières années.

MBC North Africa, la chaîne pour l'Afrique du Nord, produira et diffusera un contenu diversifié répondant aux besoins et aux goûts de tous les téléspectateurs (le ppdc aux Maghrébins cela va de soi ), par le biais de films locaux et internationaux, en plus de produire des programmes exclusifs, en particulier de la chaîne, allant du dialogue à l'art et le divertissement, ainsi que la livraison de séries et de programmes divers et variés.

Le groupe MBC avait lancé, dans le passé, un réseau destiné au Maghreb mais faute de publicité cette déclinaison n'a pas connu de succès. MBC qui possède un bureau à Alger pourrait être l'un des pays producteurs de contenus qui pourrait alimenter cette nouvelle chaîne régionale du groupe. L'année dernière, MBC 4 avait diffusé avec grand succès la série «Bougroun» de Rym Ghazali. Ce qui a fait d'elle la première productrice algérienne à travailler avec le groupe MBC. Le groupe saoudien avait exprimé son souhait de diffuser également le drame algéro-tunisien «Machai'r».

Le réseau MBC est constitué des canaux ouverts MBC 1, MBC 2, MBC 3, MBC 4, MBC Bollywood, MBC Action, MBC Égypte, MBC Égypte 2, MBC Irak, arabe et autres cryptés, ainsi que de nombreuses stations de radio.

Que dire de cette nouvelle entrée dans notre P.a.v. national ? Il me semble que MBC se prépare, dans le cadre de son développement à moyen et à long termes, à la «disparition» progressive (attendue tant la réglementation nationale a tardé laissant les mauvaise habitudes en matière de gestion s'installer) des chaînes «algéro-étrangères», trop algéro-centristes, à la gestion «affairiste», et trop liées au climat politique local... et à la progression du gisement de téléspectateurs et du gisement publicitaire.

Citations

- Les empires comme les individus ont une vie, une existence qui leur est propre. Ils grandissent, ils arrivent à l'âge de la maturité puis commencent à décliner... Lorsqu'un empire a acquis sa forme naturelle. Il tend vers sa décadence... La décadence des empires étant une chose naturelle se produit de la même manière que tout autre accident, comme par exemple la décrépitude qui affecte la constitution des êtres vivants (Ibn Khaldoun, «Prolégomènes», premier livre, 1375 - 1378).

- Les années Bouteflika, des années du business, d'apartheid sans dessein national (El Kadi Ihsane, journaliste, économiste. Chronique (c) El Watan, lundi 4 février 2019)

- Sous l'emprise d'un contexte social et idéologique rétrograde, il (le système éducatif) continue à former des jeunes générations avec des corps bolides sans freins, des corps fascinés par le côté obscur de l'autodestruction et de la violence, des corps qui secrètent une vision rigoriste du monde et du social, des corps qui se haïssent eux-mêmes pour pouvoir aimer les autres (Lalaoui Belkacem, professeur de sport et psychologue, «Contribution : le talent sportif en Algérie, du discours à la pratique», © Le Soir d'Algérie, dimanche 4 septembre 2016)

Archives brûlantes

Mercredi 2 avril 2014 : - La presse révèle, reprenant le journal «Echourouk», que des hommes d'affaires algériens (dont bien des membres du FCE) ont mis à la disposition du candidat A. Bouteflika, 750 milliards de centimes pour financer sa campagne électorale... et 180 milliards ont été avancés pour le lancement d'une chaîne d'informations satellitaire baptisée «Wiam Tv» dont les animateurs seront des journalistes transfuges provisoires de la chaîne publique, grassement payés.

Jeudi 3 avril 2014 : le chef de l'Etat reçoit John Kerry en «visite de travail» de deux jours en Algérie... en même temps que l'émir du Qatar. Une image : Bouteflika, visiblement souffrant, articule difficilement quelques mots. La voix est à peine audible, y compris pour son interprète - et aussi sénatrice du tiers présidentiel - forcée de tendre l'oreille pour capter les propos du président. Selon la presse, «une scène un peu pathétique». Pour certains observateurs, «un naufragé politique prêt à tout pour sauver sa peau».

Samedi 5 avril 2014 : la presse rapporte que A. Sellal a annulé son meeting électoral qu'il devait organiser à Batna... et cela suite au conseil du président lui-même. Il est donc allé à Sétif dans la même salle du stade de l'ES Sétif, là où Bouteflika s'était adressé aux citoyens, une dernière fois, le 8 mai 2012... Pour A. Sellal, A. Bouteflika «est comme l'Entente ! Il a, lui aussi, un second souffle impressionnant».

Mercredi 9 avril 2014 : diffusion sur les réseaux sociaux d'une chanson qui tourne en dérision Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, candidat à sa propre succession. «Où est-tu Boutef ? Dis-nous où es-tu caché ? Sans pouvoir reparler, tu veux encore être le chef. Ah ! sacré Boutef, Dis-moi où es-tu caché ? Ça doit faire au moins 4 fois que tu te prends pour un roi !» En voilà un extrait fredonné sur le rythme de «Papaoutai», le titre de l'heure chanté par Stromae.

La chanson disponible sur YouTube fait le buzz sur le Web. Elle sonne comme une contestation à un 4ème mandat présidentiel pour Bouteflika, lui qui est âgé de 77 ans, malade et absent de la scène publique depuis des mois.

«Outai Boutefoutai !» sonne surtout comme une réponse au collectif d'artistes qui ont produit un titre pour la campagne électorale du candidat président.