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Elections européennes dans un fort climat eurosceptique

par Pierre Morville

En Europe, on rentre dans une phase très électorale : du 23 au 26 mai prochain, les 28 pays de l'Union européenne voteront pour élire les 751 membres du Parlement européen. Plus de 300 millions d'électeurs issus de 27 pays, auxquels s'ajoutent encore pour ce scrutin, les électeurs du Royaume-Uni, sont appelés à voter dans quelques jours. Ils désigneront les eurodéputés qui seront chargés de défendre leur conception de l'Union européenne au sein du Parlement, alors que leur pays se prépare au départ du « Brexit ».

Les élections européennes permettent d'élire les députés qui siégeront au Parlement européen. Au total, 705 représentants devraient être élus pour cinq ans, dont 79 français.

Mais ce chiffre est susceptible d'évoluer selon la date de départ du Royaume Uni: sans validation de l'accord du Brexit d'ici les élections européennes, les britanniques participeront au scrutin. Le nombre d'eurodéputés sera alors maintenu à 751, dont 74 français.

La fonction des eurodéputés est majeure, rappelle le site LCI, puisqu'ils sont les acteurs centraux du processus législatif européen. Au-delà de leur rôle de représentants, ils discutent, amendent et votent les textes de loi proposés par la Commission européenne. Cela concerne plusieurs domaines pour lesquels le Parlement est compétent comme les affaires étrangères, l'emploi, l'environnement et l'agriculture. Les députés établissent aussi le budget annuel de l'Union européenne et ils peuvent prétendre à certaines fonctions importantes : président ou vice-président du Parlement ou de la Commission, rapporteur ou encore questeur.

En France plusieurs lois encadrent les candidatures de cette élection. Depuis 2000, les listes des candidats doivent obligatoirement alterner femmes et hommes. Et l'Union européenne interdit aux eurodéputés de siéger dans un gouvernement ou un parlement national. Lors de ces élections de 2019, la loi française interdira pour la première fois le cumul d'un mandat de parlementaire européen avec une fonction exécutive locale (maire, président de conseil régional ou départemental).

A quoi sert ce Parlement ?

Sur cette question, les réponses sont beaucoup moins simples. Historiquement, l'Union européenne appelée CEE, est à l'origine née en pleine guerre froide et dans le souvenir des affrontements sanglants de la seconde guerre mondiale : c'est une alliance entre des états démocrates libéraux de l'Europe de l'Ouest, principalement la France, l'Allemagne, l'Italie, avec le soutien de l'allié américain, contre l'ennemi russe et ses alliés de l'Europe de l'Est. De six pays à l'origine, l'alliance s'est étendue rapidement à 12 pays, puis à 28 devenus 27 après l'annonce du départ programmé et un peu surprenant du Royaume-Uni anglais de l'Union européenne.

C'est au départ une alliance principalement économique pour garantir la libre circulation des marchandises entre les pays fondateurs, dont certains ont été longtemps des empires coloniaux. Sur le plan politique, les Etats-membres adhérents, sans constituer un gouvernement supranational, s'engagent pour une fois à respecter rapidement de grands principes démocratiques. Ce qui n'est toujours pas hélas le cas parmi certains récents adhérents de l'Europe de l'Est, comme la Hongrie du Premier Ministre Viktor Orban qui défend une conception très plastique de ces mêmes règles démocratiques. Sur le plan économique, dès les années 80, l'institution de l'Union européenne apporte son total soutien à toutes les mesures libérales, voire ultra-libérales. Sans que depuis trois décennies, les résultats positifs pour les populations concernées se soient réellement fait ressentir.

Sur le plan d'une politique éventuelle extérieure commune, les résultats sont encore plus négatifs. Première zone économique mondiale sur le plan des résultats, l'Union européenne n'a aucune politique extérieure commune et de très faibles résultats d'influence, y compris dans ses zones frontalières (Maghreb, Machrek, Russie...). Autre nouvelle difficulté, des différents sérieux entre deux des principaux pays qui portent l'Union européenne, la France et l'Allemagne.

Mercredi dernier, dans une interview au Süddeutsche Zeitung, la chancelière allemande, Angela Merkel, a parlé de « désaccords » et de « différences » avec Emmanuel Macron. Ces déclarations peu diplomatiques ont semblé acter une mauvaise passe du couple franco-allemand pour de nombreux observateurs français. Enfin, Angela Merkel juge à quelques jours des élections européennes, qu'il s'agit d'un scrutin «d'une grande importance, une élection spéciale». Beaucoup sont «inquiets pour l'Europe, moi aussi», poursuit-elle. Bref, entre Paris et Berlin, l'atmosphère est donc très nuageuse, le tout après le départ avec le Brexit, de la troisième puissance, anglaise, le l'Union européenne.

Des élections européennes secouées en fin de semaine

Et l'échéance électorale de cette fin de semaine, le vote des élections des parlementaires de l'Union européenne n'améliore pas le climat général. Tout d'abord parce que cette échéance ne passionne pas du tout, loin de là, les électeurs européens.

Le Parlement européen est largement vécu comme une instance éloignée des citoyens et de leurs préoccupations, attentes et demandes, peu compréhensible dans ses décisions et surtout fonctionnant sur un mode bruxellois très bureaucratique, voire secret.

Autre sujet permanent d'inquiétude et de mécontentement, les suites de la crise économique de 2008 / 2009.

La baisse de croissance reste sensible avec ses conséquences sur le revenu des Européens, notamment dans les couches populaires mais aussi dans les classes moyennes.

Malgré tous ces signes d'une inquiétude montante, la situation internationale de l'Union européenne n'est pas si négative. Certes, des accords consensuels entre les 27 états-membres sont loin d'être finalisés mais à l'inverse, l'Europe apparait comme beaucoup plus stable et consensuelle que les USA de Donald Trump ou la Russie de Vladimir Poutine. Et la Chine est bien loin...

Il n'empêche pas moins que l'Union européenne a de vraies responsabilités dans le développement de ses relations économiques avec ses proches voisins et plus largement avec l'Afrique, l'Asie voire l'Amérique latine ou la zone pacifique.

A l'évidence, l'organisation politique actuelle européenne avec les affrontements permanents au sein de la Commission européenne, du Parlement et des relations entre les États-membres ne sont pas des facteurs positifs et augmentent surtout la méfiance des électeurs européens qui estiment très largement qu'ils ont à faire à une grosse « machine bureaucratique » et nullement démocratique.