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UMA et sociétés civiles: «Laisser le règlement du problème du Sahara Occidental aux Nations unies»

par G.O.

« Entre le rêve d'être réalisé, le blocage et le simulacre, l'UMA pourrait ressusciter, à la faveur de l'engagement des sociétés civiles, » pensent des chercheurs-universitaires maghrébins.

«L'Algérie vit une situation d'attente et de peur, mais reste un Etat au poids historique et économique dans la région, » a affirmé, lundi dernier, Mohamed El Mokhtar El khalil, le directeur du Centre d'études d'Aljazeera. Le responsable, d'origine mauritanienne, pense aussi que « le Maghreb est un espace culturel homogène avec un peu d'unité sociale ». Abderrezak Ahmed El Attrache, universitaire tunisien a indiqué que « la Révolution tunisienne a réussi à partager les pouvoirs mais pas les richesses ». Le Libyen Ahmed El Attrache a relevé que « l'émissaire Ghassan Salamé a échoué parce que les institutions internationales restent très éloignées des solutions qu'il faut à la crise ». Il fait part de « la nécessité de mettre en place des concepts clairs et précis pour la démocratie, les droits de l'Homme, la société civile, les mouvements politiques, les garanties, les véritables acteurs du dialogue (...) ». Amar Baghzouz, politologue, enseignant à l'Université de Tizi Ouzou a rappelé que « l'Algérie n'a pas attendu le ?printemps arabe' pour engager des réformes (...), la constitution de 89 avait déjà consacré le multipartisme et la liberté d'expression, les droits des femmes... » Il évoque en outre, « le discours d'avril 2012 du Président Bouteflika » et le qualifie de « véritable programme de réformes ». Non sans relever que « l'Algérie était le domino qui devait tomber, elle a certes réussi à gérer la crise sans, cependant, régler des problèmes récurrents comme celui de la rente pétrolière avec une chute du prix du baril, aux conséquences néfastes sur la gouvernance et de là, sur l'ouverture politique et la paix sociale, il y a une certaine nervosité par rapport à l'avenir ». Dans « ce marasme maghrébin », les sociétés civiles des 5 pays de la région (dernier thème de la conférence) ont besoin, selon l'universitaire tunisien, de « s'organiser, se politiser, se détacher des pouvoirs, se doter de financements et de liberté d'action ». Un chercheur marocain appelle « les élites à libérer le Maghreb des griffes des politiques ». L'accord de Marrakech doit être révisé « pour redynamiser les structures», dit-il. Takia note que « les sociétés civiles ne diffèrent pas de leurs Etats dans la défense des questions posées dans la région...»

La construction de l'UMA est-elle toujours possible ? interrogent des universitaires. « Les grandes questions ne meurent pas », répond le directeur du Centre d'études d'Aljazeera. Il souligne, toutefois, que « le train UMA s'est noyé dans le problème du Sahara Occidental, les deux pays concernés ont échoué dans sa résolution et les trois autres n'ont pas réussi à débloquer la situation ». Un universitaire marocain poursuit « tant que l'horizon politique maghrébin est fermé, les sociétés civiles le resteront, la solution politique est liée à la résolution des problèmes des frontières qui se posent entre les 5 pays maghrébins ». Amar Baghzouz conclut que «les chantiers maghrébins qui sont ouverts passent, nécessairement, par l'instauration d'Etats démocratiques réels ». Il réfute « les interventions étrangères dans la région » et conseille de « laisser le règlement du problème du Sahara Occidental aux Nations unies, d'augmenter les échanges commerciaux, entre les 5 pays, et de construire une nouvelle identité culturelle maghrébine (...), il faut penser maghrébin pour avancer ».