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Tolérance, ONG, mosquées, campus: Les clarifications du ministre des Affaires religieuses

par Yazid Alilat

  Assassinés durant la décennie noire, la béatification de 19 religieux samedi à Oran montre que «l'Islam est ouvert sur les autres religions», a estimé hier dimanche le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs Mohamed Aïssa.

Il a expliqué à la radio nationale que «l'Algérie est dotée de principes, de fondements d'ouverture, du vivre ensemble et de modération, qui lui permettent de s'ouvrir sur les autres religions». Dans son article 47 «la Constitution garantit la liberté de conscience, et après la révision de décembre 2016, la liberté d'accomplissement de cultes autres que musulmans est garantie en Algérie», précise le ministre. «C'est dans ce contexte que nous avons entamé cette béatification et que l'Etat algérien a défendu et cautionné ce geste», a souligné Mohamed Aïssa.

19 religieux assassinés en Algérie durant la décennie noire entre 1994 et 1996, dont les sept moines trappistes de Tibhirine et l'évêque d'Oran Pierre Claverie, ont été béatifiés au cours d'une cérémonie religieuse à la chapelle Notre-Dame de Santa Cruz, sur les hauteurs de la ville d'Oran. Le ministre a réfuté toute idée d'intolérance en Algérie qui lui a été collée par des ONG européennes, estimant après la cérémonie de béatification des 19 religieux à Oran que «la preuve est là, très explicite de la part des uns et des autres, avec la présence des familles, des évêques, et notamment le message du Saint Pape, qui se sont rassemblés à l'esplanade du vivre ensemble auprès de l'église de Santa Cruz».

Le ministre a également rappelé que «des imams ont été assassinés parce qu'ils ont refusé que la mosquée soit utilisée contre leur pays, ainsi que des journalistes et des dizaines de milliers d'Algériens».

«Le terrorisme est aveugle et ne choisit pas les chrétiens et les juifs, et les ONG qui essaient de déstabiliser l'Algérie n'ont aucun prétexte», a-t-il dit, avant de préciser que «l'Algérie a accepté que ces chrétiens tués (en Algérie) soient béatifiés en Algérie et démontre encore une fois que ces ONG ont un mobile autre que la recherche de la vérité».

M. Mohamed Aïssa explique également, pour répondre à certaines ONG, que «nous sommes confortés par les familles de ces défunts martyrs de l'église catholique mondiale à travers son Saint Pape, et aucun prétexte n'est resté pour être exploité par ces ONG», avant de démonter la thèse du «qui tue qui».

«Le terrorisme qui a frappé l'Algérie frappe aujourd'hui d'autres pays», insiste le ministre des Affaires religieuses, qui rappelle ensuite qu' «on a fini le combat avec le terrorisme et le combat contre le radicalisme. L'Algérie fait de la prévention contre le radicalisme et a entrepris un processus de déradicalisation, avec un programme pour les imams pour être formés». Il a indiqué que «tout un programme a été mis en œuvre pour déradicaliser tous les champs de la société et nous sommes en train d'exporter notre expérience du déradicalisme, nous sommes revenus à notre islam ancestral».

En plus, «cet événement que nous avons vécu hier (samedi) et avant-hier (vendredi) sur le mont Murdjadjo à Oran nous a encouragés, a-t-il dit, encore une fois à nous ouvrir sur nous- mêmes pour une réconciliation interne et une réconciliation avec l'autre». Car, rappelle-t-il, concernant les imams, «nous avons perdu depuis 2016 deux imams à Aïn Defla et Tizi Ouzou, et cette année à Laghouat, en plus des 114 durant la décennie noire, qui ont défendu la République dans leur pupitre et défendu l'islam ancestral». Pour le ministre, «les salafistes et aussi d'autres tendances essaient de s'accaparer des associations de mosquées pour des visées électoralistes, ainsi que toutes les tendances islamo-politiques, qui essaient de se positionner, et pour cela on a décidé de geler les associations religieuses». «Nous allons débattre de la nouvelle loi organique sur les associations, dont les associations du culte non musulman», a-t-il précisé.

Selon le ministre, «il faut garantir que l'association ne s'accapare pas l'autorité de l'imam, car les imams sont généralement malmenés par ces associations», avant d'annoncer que «nous allons mettre en œuvre un dispositif juridique pour poursuivre toute personne qui attente à sa dignité ou l'équilibre de la mosquée, et l'imam est le seul guide de la mosquée». Mohamed Aïssa a également indiqué que «pour les campus, on n'accepte plus des imams ou des prédicateurs étrangers» et «on va faire un rempart pour ceux qui, au nom de la recherche, veulent embrigader nos enfants dans les universités et aux abords des universités».

Par ailleurs, il a expliqué, sur l'autorité de la fetwa, que «le ministère plaide pour un établissement de la fetwa et pas pour des imams de la République, pour une réflexion collégiale et des avis religieux avertis». Selon lui, «un mufti de la République, c'est possible mais il doit être élu par ses pairs pour une période limitée et si possible avant la fin du quinquennat».