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Election de Donald Trump: Pas de changement de la politique US au Maghreb

par Yazid Alilat



L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ne va pas tellement chambouler la politique extérieure des Etats-Unis dans le monde, en particulier au Moyen-Orient et au Maghreb.

C'est ce qu'a souligné, hier, mercredi, dans une déclaration à la Radio nationale Cherif Driss, enseignant à l'Institut des Sciences politiques de l'Université d'Alger. Il a estimé que le nouveau locataire de la Maison Blanche ne va pas trop changer la politique américaine au Moyen-Orient. «Les Américains ont une politique globale au Moyen-Orient et au Maghreb dans son ensemble», a-t-il indiqué, avant de préciser que «Trump va suivre la même démarche que son prédécesseur, il n'y aura pas de changement radical par rapport à Obama», dans les relations des Etats-Unis avec les pays du Maghreb, en particulier l'Algérie. «Pour l'Algérie, la politique américaine s'inscrit dans un ensemble global, qui est le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord», explique-t-il. Pour cet expert, ?il est peu probable de voir un changement radical des Etats-Unis par rapport au Maghreb et à l'Algérie.»

Sur un autre registre, «le Moyen-Orient garde toujours son importance, mais pour l'Asie, Trump n'aura pas d'autre choix que de faire du multilatéralisme», estime M. Cherif Driss selon lequel Trump ne va pas développer, par rapport à certains de ses discours militaristes, une politique d'intervention militaire, «car une politique de va-t-en guerre sera néfaste pour les Etats-Unis.» En outre, «le président américain doit jongler avec une série de contraintes, dont le temps, et il n'aura pas le temps de remettre en cause une politique bâtie sur trente ans.»

En fait, explique cet universitaire, «le système politique américain est fait de telle manière qu'il y a des garde-fous, il est difficile d'imaginer que les républicains vont suivre Trump dans son aventure guerrière. Même le plus va-t-en guerre des républicains y réfléchirait à deux fois.» Sur la question palestinienne, il affirme qu'avec Trump, «ce sera la continuité, et il a affiché son soutien à Israël. C'est une constante des partis républicain et démocrate, c'est une constante de la politique américaine au Proche-Orient.» Le discours sera, également favorable au rapprochement entre la Russie et les Etats-Unis, car «avec la Russie et la Chine, les Américains n'auront d'autre choix que d'aller vers un rapprochement. La Russie étant l'allié utile au Proche-Orient et dans la gestion du dossier syrien, et en même temps, l'adversaire traditionnel.» Avec la Chine, M. Cherif Driss estime que les «rapports commerciaux primeront. Ce ne sera pas l'affrontement ni le bras de fer» avec ces deux pays, a-t-il affirmé. D'autre part, ces dossiers ne devront être abordés qu'après une période de transition, «car on dit qu'il (Trump) n'a pas de capital expérience, dans la diplomatie, et ce qui peut être supposé, c'est qu'il y aura une période de transition, et il va puiser dans les cadres du parti républicain pour former son équipe». Pour autant, «si Trump a tenu un discours hostile à l'égard de certains pays du Moyen-Orient, comme l'Iran, et qu'il veut remettre en cause l'accord nucléaire avec l'Iran, il n'ira pas jusqu'à mettre en cause ce qui a été bâti.» Dans ces questions, «ce sera, probablement, une continuité, mais avec une différence de style, juste pour mettre sa touche», relève encore M. Cherif Driss, qui rappelle qu' «Obama a continué à faire la guerre dans le Moyen-Orient, mais d'une autre manière.» «Je vois mal un nouveau président américain, même sans expérience internationale remettre tout en cause. Il essaiera de mettre en valeur son style, mais mettre en œuvre son discours électoral sera très compliqué», souligne la même source. Par ailleurs, cet universitaire estime que la victoire de Donald Trump à cette 45ème élection présidentielle américaine est «une remise en cause de l'establishment par la population américaine.» «Ce n'est pas une surprise, car il y a des mécontents à l'égard de l'administration Obama, et à l'égard d'Hillary Clinton.» En outre, «Trump est placé comme celui qui va réaliser ce que n'a pu faire l'administration Obama, car dès le début il a ciblé la classe moyenne frustrée avec son discours populiste par rapport à une certaine idée d'exercer la politique», et «Trump est allé contre le politiquement correct incarné par Clinton.» En quelque sorte, «c'est un vote sanction, c'est une hypothèse valable, Trump a joué sur l'anxiété, l'angoisse de l'Américain moyen», et «les républicains ont joué sur cela en leur disant que nous sommes le refuge pour vous, ce que n'ont pas fait les démocrates.» La crise de 2007-2008 avec l'éclatement de la bulle immobilière ou la crise des subprimes, a laissé des séquelles, «plus de quatre millions de foyers ont été touchés.» Aujourd'hui, «il y a une tendance populiste et nationaliste, qui a gagné de larges régions du pays, en particulier dans le sud» où le vote est républicain de tradition, relève M. Cherif Driss.