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Pénétrante autoroutière du port d'Arzew: Un projet otage de l'austérité ?

par Houari Saaïdia

L'étude de la pénétrante autoroutière qui reliera la ville d'Arzew et son port à l'autoroute Est-Ouest est ficelée. Cependant, bien qu'il relève du schéma directeur routier et autoroutier 2005-2025, élaboré par le ministère des Travaux publics dans le cadre du plan national d'aménagement du territoire, ce projet structurant risque lui aussi de faire les frais de l'austérité budgétaire.

Les responsables locaux du secteur n'ont à vrai dire pas besoin de forcer le trait pour revendiquer ce projet, tant le dossier a force probante. Il est en tout cas très défendable en termes de priorité. Mais en cette conjoncture financière de plus en plus contraignante, avec son lot fort incommodant de mesures de rationalisation de dépenses et de gel d'opérations d'équipement, la corrélation finance-priorité n'est plus un principe de base.

La série des projets dits prioritaires -tous secteurs confondus- remis aux calendes grecques est longue. Le projet de la pénétrante d'Arzew risque de rejoindre cette liste. C'est encore tôt pour préjuger de la suite qu'il aura, mais l'on est d'ores et déjà peu optimiste quant à la possibilité d'inscription du projet au titre de la LF 2017, d'autant que la priorité est pour l'achèvement des projets sectoriels déjà en cours, dont bon nombre expriment un besoin de rallonge financière. Il est à noter par ailleurs que c'est le bureau d'études SETOR (Société d'études techniques d'Oran) qui a confectionné l'étude du projet de cette grande voie qui servira à la fois de contournement de la ville pour le poids lourd et de jonction rapide entre l'intra-muros (le centre d'Arzew) et l'autoroute Est-Ouest.

Le maître d'œuvre a dans son étude mis au point les meilleures variantes de passage de cette liaison autoroutière et en a fixé les coûts avec une bonne fiabilité. SETOR a, pour rappel, vu l'attribution de ce marché d'étude suite à un appel d'offres national et international restreint, pour un montant de 97,7 millions de DA, pour un délai contractuel de 8 mois. Techniquement, il est question de relier l'infrastructure portuaire d'Arzew à l'autoroute Est-Ouest, comme cela est en train de se faire pour le port d'Oran -localement- mais aussi pour l'ensemble des ports du pays dans le cadre d'un schéma national. Relevant du vaste programme d'investissement public, à savoir le PCSC (Programme complémentaire de soutien à la croissance), au titre de l'exercice 2010, ce projet a un double objectif.        D'abord, il permettra de relier le port d'Arzew à l'autoroute Est-Ouest. Ensuite, il mettra en place une jonction autoroutière, entre l'infrastructure portuaire d'Arzew et la bretelle autoroutière d'Oran. Prévue sur un linéaire de 40 km -selon une estimation approximative-, cette liaison routière comprendra des ouvrages d'art et des échangeurs dont le type et le nombre devaient être fixés par l'étude confiée à SETOR. On sait déjà, en revanche, que le tracé de cette jonction autoroutière passera, de près ou de loin, par les territoires de six grandes localités : Arzew, El Mohgoun, Hassi Mefsoukh, Benfréha, Boufatis et Oued Tlélat.

La réalisation d'une telle pénétrante entre la ville d'Arzew et son pôle pétrochimique portuaire ainsi que toute la zone industrielle intégrée et l'autoroute Est-Ouest, induira des avantages certains pour l'ensemble de la région, dont les plus importants sont : l'amélioration des conditions de déplacement et gain de temps, le désengorgement des axes actuels, l'amélioration du trafic routier des marchandises hors-hydrocarbures et celui d'hydrocarbures transportables par route, la diminution du nombre d'accidents, la fixation des populations rurales et le désenclavement des zones traversées, le développement des activités industrielles, agricoles, artisanales et touristiques de la région, etc.

EXTENSION DU PORT D'ARZEW: LA FINANCE NE SUIT PAS

Cette connexion autoroutière est qualifiée de vitale, à moyen terme, par les gestionnaires du port d'Arzew, dont le trafic maritime, y compris hors-hydrocarbures, ne cesse de croitre.           De leur point de vue, elle vient en amont du projet d'extension de ce port, qui vise à augmenter sa capacité d'accueil et à développer le trafic de marchandises hors hydrocarbures, en premier lieu.

Cependant, force est de constater que cet ambitieux projet, dont l'étude de faisabilité remonte à 2010 (effectuée par le BET espagnol SENER), demeure toujours à l'état de maquette, puisqu'il n'a pas été inscrit à ce jour. Certes, les concepteurs de ce projet d'extension voient grand. Mais la finance ne suit pas, côté fonds publics. Pour joindre l'acte à la parole, l'Entreprise portuaire d'Arzew (EPA), chargée de la gestion, de l'exploitation et du développement des ports d'Arzew et de Bethioua et qui exerce une activité de transit orientée essentiellement vers les exportations d'hydrocarbures, avait indiqué par la voix de son PDG, Hadjini Noureddine, lors de la dernière édition en date du Salon international des transports, de la logistique et de la mobilité, organisé en février dernier à Oran, que son entreprise qui gère un trafic annuel de 40 millions de tonnes d'hydrocarbures et de marchandises, était prête à autofinancer ce projet à hauteur 13 à 15% du montage financier.           L'extension porte, en fait, sur l'aménagement d'une aire de 25 hectares, de deux quais sur une longueur de 800 et 900 mètres, pour traiter environ 6 millions de tonnes supplémentaires de marchandises hors hydrocarbures. Ce projet est à même d'atténuer la tension sur le port qui ne cesse de connaitre une dynamique de trafic de marchandises hors hydrocarbures, à l'instar de l'urée, le fer, le ciment, le gypse, le bois, outre la résorption de plusieurs effets collatéraux tel que le stationnement prolongé et fort contraignant des camions au port et le long de la façade maritime d'Arzew. L'étude prévoit la mise en place de 6 postes à quai : 3 pour les hydrocarbures et 3 pour les marchandises diverses, notamment les solides, avec des tirants d'eau de 14 m. Le futur bassin est projeté à côté de la jetée secondaire, plus précisément dans la zone sud-est du port. Outre les complexes qui étaient alors en phase d'étude ou de réalisation, la nouvelle configuration de l'enceinte portuaire du port d'Arzew devait prendre en charge d'autres exportations, dont celle résultant du projet initié dans le cadre du partenariat Sonatrach/Total, le complexe de vapocraquage d'éthane et le projet de méga train de GNL d'Arzew? Autant de projets qui rendent nécessaire cette extension, laquelle se traduirait par 25 ha en superficie d'entreposage et de stockage.