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![]() ![]() ![]() Jeunesse algérienne: Un défi collectif entre espoirs brisés et potentialités à libérer
par Laala Bechetoula ![]() La
jeunesse algérienne, composée de près de 30 % de la population totale, est à la
fois un immense potentiel et une source de préoccupation pour les autorités et
la société civile. Malgré des acquis notables en matière d'éducation et d'accès
à l'information, elle demeure confrontée à un ensemble de défis qui freinent
son épanouissement et mettent à l'épreuve la cohésion sociale. Selon le
Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage des jeunes (15-29 ans) est
estimé à 27,1 % en 2023, un chiffre alarmant qui reflète des dysfonctionnements
structurels persistants.
I. Un capital humain fragilisé par des crises multiples La complexité de la situation de la jeunesse algérienne ne peut se réduire à la seule question économique. Plusieurs facteurs socioculturels entrent en jeu : Fragmentation du tissu social : La famille, première cellule éducative, est souvent elle-même fragilisée par la précarité économique, l'émigration ou le morcellement urbain. Déficit d'encadrement et absence d'espaces d'expression : Selon le Dr Mohammedi, expert en politiques jeunesse, « l'absence d'espaces structurés où les jeunes peuvent s'exprimer et se former constitue un facteur majeur de délinquance et de désengagement. » Tensions identitaires : Entre tradition et globalisation, entre héritage culturel et modèles importés, la jeunesse est en quête d'un équilibre difficile à atteindre. II. Le rôle ambivalent de la société La société algérienne, dans son ensemble, partage une responsabilité cruciale dans cette dynamique. L'école, souvent montrée du doigt, est en réalité un miroir reflétant les contradictions et failles d'un système plus large. Le Dr Mohammedi insiste : « L'école n'est pas une île ; elle reflète les pratiques, les valeurs et les limites d'une société qui doit réapprendre à se faire confiance. » Les médias, bien qu'omniprésents, ne jouent pas toujours un rôle positif : la surmédiatisation des violences, la diffusion d'informations non vérifiées ou sensationnalistes amplifient un climat de peur et d'incertitude. III. Exemples d'initiatives locales porteuses d'espoir Malgré ce contexte difficile, des expériences innovantes émergent : À Oran, des centres d'entrepreneuriat accompagnent les jeunes porteurs de projets, offrant formation, mentorat et accès au financement. À Tizi Ouzou, des Associations culturelles animent des ateliers artistiques et éducatifs, renforçant le lien social et valorisant les talents locaux. Dans plusieurs wilayas, des programmes sportifs intégrés à l'Education favorisent la cohésion et le développement personnel. Ces initiatives montrent que la mobilisation locale et associative peut devenir un levier puissant, à condition d'être reconnue, soutenue et amplifiée. IV. Regard comparatif : enseignements des pays du Golfe Les pays du Golfe, à travers leurs plans stratégiques comme la Vision 2030 de l'Arabie Saoudite ou les programmes de l'Autorité fédérale pour la jeunesse aux Émirats, ont adopté des approches intégrées combinant : -Investissements massifs dans l'éducation et la formation professionnelle. - Création de conseils consultatifs de jeunesse impliquant directement les jeunes dans la prise de décision. -Soutien financier à la création d'entreprise et à l'innovation. -Programmes de sensibilisation à la santé mentale et au bien- être social. Cette approche holistique semble porter ses fruits, traduite par une augmentation de la participation active des jeunes dans la vie économique et sociale. V. Pistes de solutions pour l'Algérie S'appuyant sur ces observations et les préconisations du Dr Mohammedi, voici quelques propositions clés : 1. Renforcement des espaces d'expression et de participation des jeunes Établir des conseils consultatifs locaux, favoriser les plateformes numériques de dialogue et les clubs de citoyenneté. 2. Réforme de l'éducation axée sur le développement personnel Intégrer l'éducation à la citoyenneté, la gestion des émotions, et les compétences transversales dans les cursus scolaires. 3. Appui aux initiatives entrepreneuriales et culturelles Créer des fonds publics et privés dédiés, simplifier les procédures administratives, et offrir un accompagnement technique. 4. Développement des services psychosociaux Multiplier les centres d'écoute et de soutien, former des intervenants spécialisés pour prévenir la marginalisation. 5. Mobilisation des médias dans un rôle de vecteur éducatif Encourager la production de contenus positifs, former les journalistes aux questions de jeunesse, lutter contre la désinformation. Conclusion La jeunesse algérienne est un défi majeur, certes, mais aussi une opportunité historique. Le choix est clair : investir dans ce capital humain, ou continuer à payer le prix d'une marginalisation durable. Comme le rappelle, avec force, le Dr Mohammedi : « La jeunesse n'est pas le problème, elle est la solution. Il nous revient de lui offrir le cadre, la confiance et les outils nécessaires pour bâtir l'Algérie de demain. » Ce chantier exige une vision partagée, une volonté politique forte et une mobilisation de toutes les forces vives de la nation. L'heure n'est plus aux discours creux ou aux actions dispersées : c'est dans la cohérence et la détermination que se trouvera le levier du changement. |
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