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Défense: La Marine nationale poursuit la modernisation de sa flotte

par Mahdi Boukhalfa

La Marine nationale est engagée, depuis le début des années 2000, dans un vaste programme de modernisation de sa flotte et de son adéquation avec les nouvelles missions de défense et humanitaires, dans le Bassin méditerranéen, en particulier. Longtemps parent pauvre des achats d'équipements et matériels de guerre, derrière notamment l'aviation, qui est une référence militaire, dans la région, et l'infanterie, la marine a enregistré cependant, depuis les années 2000, un peu plus d'une attention particulière du ministère de la Défense nationale, dans le domaine de l'acquisition de matériel de guerre de haute technologie et adapté aux nouvelles missions de l'ANP. D'abord pour se mettre à niveau par rapport à la menace, construire une force de dissuasion sur les eaux territoriales, et ensuite pour doter la Marine nationale des moyens adéquats pour répondre, avec professionnalisme, à ses différentes missions, ainsi qu'à la formation d'un personnel de métier formé aux techniques de guerre, les plus avancées.

La commande est autant faite auprès des plus grands chantiers navals dans le monde, dont ceux de la Chine, connus pour livrer leurs commandes dans les délais. Ainsi, le chantier chinois Hudong Zhonghua Shipbuilding, qui a construit le navire école Soummam (131 m, 5.500 tonnes à pleine charge) en 2006, vient de livrer l'Azzadjer, la dernière des 3 frégates du type C 28A, commandées en 2012.

La livraison de l'Azzadjer complète la commande de 3 frégates, et rejoint l'Adhafer et l'Ezzadier, réceptionnés par l'Algérie, à l'été 2014 et début 2016. Dérivés des corvettes chinoises du type Jiangkai II, ces bâtiments de 120 m de long et 2.880 tonnes de déplacement en charge, peuvent atteindre 28 nœuds.

Leur armement comprend 8 missiles anti-navire C 802, un système surface-air HQ-7 FM (une copie en fait du Crotale français) doté de 8 missiles en batterie, un canon de 76 mm, 2 systèmes multitubes de 30 mm et des tubes lance-torpilles. Les frégates C 28A algériennes peuvent mettre en œuvre un hélicoptère Super Lynx (avec capacités anti-navire et anti-sous-marine) et disposent d'un sonar de coque ainsi que d'un radar de surveillance SMART-S. Ces frégates viennent en outre, s'ajouter à celles construites par l'Allemand TKMS à Kiel, en Allemagne. L'Erradii, tête de série de ce programme de 2 frégates (plus 2 en option), lancé comme les C 28A en 2012, a été mis en service par la Marine nationale, en avril dernier. Du type Meko A200 N, ces bâtiments de 121 m et 3.400 tonnes, à pleine charge, peuvent atteindre 30 nœuds. Ils sont conçus pour mettre en œuvre 8 missiles anti-navire RBS-15, un système surface-air à lancement vertical Umkhonto (16 missiles), une tourelle de 127mm, 2 canons de 27mm, des tubes lance-torpilles et un Super Lynx. Les équipements électroniques comprennent, notamment, un radar Sea Giraffe et un sonar Kingklip. La seconde Meko A200 N devrait être opérationnelle, en 2017, année où la Russie devrait, à priori, livrer à l'Algérie la 1re des 2 unités du type Tiger (version export des Stereguschiy). Ces nouveaux bâtiments de guerre s'ajoutent aux 3 autres de type Koni (66,4 m et 1.900 tonnes), entrés en service entre 1980 et 1984, et qui ont bénéficié d'une modernisation, de même que les 3 corvettes du type Nanuchka II (59.3 m, 700 tpc), que la Marine algérienne arme depuis 1980-82. Après la réalisation locale, à Mers-el-Kébir entre 1988 et 2002, de 3 corvettes du type C58 (58,4 m, 540 tpc), une 4ème unité plus grande (6,17 m, 600 tpc), le Gharaba, devait être achevée, l'an dernier.

D'autre part, dans le cadre de la modernisation des patrouilleurs, il y a, également, un vaste programme de modernisation étalé sur plusieurs années. Le chantier français Ocea a, notamment, produit, entre 2008 et 2011, 20 unités du type FPB 98 de 31.8 m. La Marine nationale a réceptionné en 2014 son 1er bâtiment de débarquement et de soutien logistique.

Corvettes, frégates et sous-marins

Réalisé par les chantiers italiens Fincantieri, le Kalaat Beni Abbes, est une version agrandie et améliorée des bâtiments amphibie italiens de la classe San Giorgio. Doté d'un radar EMPAR, ce bâtiment est, particulièrement, armé avec 16 missiles surface-air Aster 15, une tourelle de 76 mm et 2 canons de 25 mm. Il peut mettre en œuvre 3 chalands de débarquement de type LCM (en radier) et 3 LCVP (sous bossoirs), ainsi que des embarcations légères. Les installations de ce bâtiment sont conçues pour l'emport de 5 hélicoptères (2 spots sur le pont d'envol et 1 ascenseur desservant un hangar), 440 hommes de troupe et des véhicules, dont 15 chars. Il dispose, en outre, d'un hôpital de 50 lits, avec bloc opératoire. La construction d'un second BDSL a été évoquée mais, de source italienne, il n'a pas été, à ce jour, commandé. Le Kalaat Beni Abbes permet de renforcer, significativement, les capacités offertes par les bâtiments de débarquement de chars Kalaat Beni Hammed et Kalaat Beni Rached (93 m, 2.450 tpc), mis en service en 1984. En Italie toujours, un chasseur de mines a été commandé au chantier Itermarine (avec option pour, au moins, un autre). Nommé El-Kasseh 1 et mis à l'eau, en avril dernier, il est dérivé des 3 Katanpaa (52.4 m, 680 tpc) livrés, en 2012 et 2013, par Intermarine à la Finlande. Le Kasseh1 est en fait le premier chasseur de mines moderne de la Marine nationale. Pour les sous-marins, la Marine nationale a également mis en place un ambitieux programme de renforcement des capacités de défense avec 2 nouveaux Kilo (version 636), les Akram Pacha et Sidi Ahmed Rais, qui ont été livrés, en 2009. Deux autres ont été commandés, en 2014, pour une mise en service à partir de 2018. Ils s'ajoutent aux 2 premiers bâtiments de ce type (version 877 E), les Rais Hadj Mubarek (1986) et El Hadj Slimane (1987), modernisés, en Russie, entre 2005 et 2007 pour le premier et en 2010/11 pour le second. Longs de 72 m pour un déplacement de plus de 3.000 tonnes, en plongée, les Kilo algériens peuvent mettre en œuvre 18 torpilles. Il est clair que le ministère de la Défense nationale met en œuvre, depuis une décennie, une politique très dense de modernisation de ses armes, autant dans le domaine de la modernisation des équipements et matériels de guerre, que dans la formation et la mise en place d'une armée de métier, de professionnels, qui peuvent, en tout moment, se poser comme une force de dissuasion, pour toute menace, mais également pour répondre, efficacement, aux besoins internationaux, dont les missions de maintien de la paix de l'ONU, et des missions humanitaires dans le monde.