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La pauvreté, ce fléau qui mine les pays africains

par Ali Derbala*

«La pauvreté dans la liberté se préfère à l'opulence dans la soumission » Ahmadou Kourouma

Les trois grand maux de la vie sont la pauvreté, la maladie et l'injustice. A une étape de la vie, la pauvreté est l'état financier insuffisant d'une personne. La pauvreté change de « peau ». Celle du passé ou du Moyen âge n'est pas la même que la contemporaine ou celle qui prévaut aujourd'hui, à l'âge de l'Internet. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres d'Afrique est grand. Dans ce monde contemporain, il ya deux humanités : les nantis et les dépourvus.

Histoire de la pauvreté

Au Moyen âge, l'essentiel de la population européenne vit dans une extrême pauvreté ou de pauvreté absolue. Elle parvient à peine à satisfaire ses besoins les plus élémentaires. Dès le XVIIIe siècle, pour Karl Marx, la création d'une masse de chômeurs et donc de pauvres, susceptible de travailler est même indispensable à la bonne marche du capitalisme. A la pauvreté est associée une charité non publique de types individuelle, aide confessionnelle, bienfaisance patronale, bureau d'assistance communaux, mutualisme, etc. Des lois sociales sont adoptées sur les accidents du travail, l'aide médicale ou l'aide aux personnes âgées. En Europe, un Etat providence se développa dès la fin de la deuxième guerre mondiale [1]. De vastes poches de pauvreté persistent encore dans les pays en voie de développement. L'aumône ou la charité est le quatrième (4) pilier de l'Islam. Cette charité se fait en général de/par l'argent de la Zakkat, un impôt sur la fortune, personnel ou moral.

Il est reporté dans les livres d'histoire de «l'âge d'or des musulmans» qui correspond à ce Moyen âge européen, du temps du Khalife Omar Ibn Abdelaziz, qu'en terre d'Islam, il n'y avait même pas un pauvre à qui il fallait donner de la Zakkat.

La mesure de la pauvreté

Dans sa chanson « Emmenez-moi », Charles Aznavour affirmait qu': « il me semble que la misère serait moins pénible au soleil ». Cette assertion est fausse, sinon comment expliquer ces harragas sur des bateaux de fortune, ces boat-people, ces exilés des pays chauds du Sud du monde, du Maghreb, du Moyen Orient et de l'Asie mineure, qui échouent sur les rives de l'Europe du Sud ?

 Le drame de ce 21e siècle est que l'écart qui sépare les dépourvus des nantis se creuse tous les jours davantage. La pauvreté est une forme de misère.

? Selon une traduction rapprochée du sens des versets du Coran, dans la Sourra 2-

 Al Baqara (La vache), verset 273, il est dit que : « Aux nécessiteux qui se sont confinés dans le sentier d'Allah, ne pouvant parcourir le monde, et que l'ignorant croit riches parce qu'ils ont honte de mendier- tu les reconnaîtras à leur aspects - Ils n'importunent personne en mendiant. Et tout ce que vous dépensez de vos biens, Allah le sait parfaitement. ». Les musulmans ne doivent pas montrer leur pauvreté.

? Attali [2] atteste que la pauvreté ne prive pas de dignité. La pauvreté est l'ennemi du peuple. Il faut la combattre par amour du prochain (Lévitique 19, 18) en raison de la priorité reconnue à la vie, pour préserver l'intégrité du peuple et pour éviter la violence.

? Gandhi [3] reconnait que l'économie mercantile signifie l'accumulation, dans les mains de quelques individus, de droits légaux ou de pouvoirs sur le travail des autres. Toutes ces prétentions impliquent précisément autant de pauvreté ou de dettes d'un côté quelles impliquent de richesse ou de droits de l'autre. L'idée de richesse parmi les hommes actifs des nations civilisées réfère généralement à cette richesse commerciale. Dans le même livre, John Ruskin a dénoncé le capitalisme sauvage qui détruit le tissu social et créé la pauvreté.

? Marx [4] stipule que l'accumulation de la richesse à un pôle, c'est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d'ignorance, d'abrutissement, de dégradation morale, d'esclavage, au pôle opposé. L'opulence et la pauvreté sont les sources des maux contemporains. Le niveau de la richesse ou de la pauvreté des citoyens se mesure par le PNB, le produit national brut. En introduisant dans un moteur de recherche sur Internet le mot-clé, « PIB par habitant du pays ? », beaucoup de sites fournissent les résultats ci-dessous. Pour illustration, les revenus individuels moyens ou le PIB par habitant en 2014 sont donnés dans le tableau ci-dessous. A sa lecture, nous réalisons que le Continent africain a vraiment subi les affres des colonialismes français et anglais.

- Tableau des PIB par pays de cinq Continents ? (Voir version PDF)

Les facteurs de la pauvreté

Ces pays du Sud, surtout africains, restent dominés par une élite politique inamovible et corrompue. Pauvreté, chômage, corruption, népotisme, incompétence de la classe politique sont les vains états de leurs vies quotidiennes? Leurs revendications sont la remise à plat des privatisations des usines, les expropriations des terres agricoles frauduleuses et la démission des hommes politiques responsables de cette situation. Des classes politiques aussi pléthoriques qu'irresponsables.

Le sous développement est beaucoup plus économique que social. Dans notre pays, beaucoup d'hommes, de femmes, de jeunes et de moins jeunes, surtout parmi les salariés, vivent dans le dénuement et manquent du nécessaire. De l'Arabe algérien, le mauvais sort s'abat même sur le « retraité » ou « Moutaka-idd» qui se traduit par intégration en « un mort assit, Mayet-Ka-ad ». Beaucoup d'arrivistes disposent fréquemment du superflu. Il faut aussi le dire et le redire que la démographie galopante a grandement contribué à accentuer la pauvreté de beaucoup de familles algériennes. Le taux de natalité demeure élevé. La population est très jeune et a un taux d'accroissement considérable. Pourquoi une délinquance juvénile s'est-elle développer ? Le chômage, l'oisiveté et la « survie » dans un contexte d'extrême pauvreté et de forte pression foncière sont les mobiles dominants. Dans la pauvreté, on trouve les mécanismes qui transforment un individu, pas seulement en délinquant notoire, mais en tueur même. Pourquoi la drogue se déverse par quintaux et tonnes sur notre pays ? Pour le déstabiliser certes, mais aussi selon Nietzsche [5] : « Quand on veut s'arracher à une oppression insupportable on a besoin de haschisch »

Conclusion

Les prix des produits pétroliers et gaziers bruts ne cessent de se dégrader continuellement par rapports à ceux des objets manufacturés. Il faut que les pays riches payent à des prix rémunérateurs et garantis, des produits bruts vendus par les pays pauvres. L'égoïsme des pays riches a repris le dessus.

Ces variations des cours du gaz et du pétrole mettent notre pays dans une situation délicate et permettent au commerce des pays riches de réaliser, à notre détriment, de scandaleux bénéfices. Aussi, les ressources du pays sont gaspillées par une minorité au lieu de servir à l'amélioration du sort du plus grand nombre de citoyens et de salariés. En Algérie, l'avidité des importateurs, des nouveaux milliardaires, doit être combattue par l'Etat parce qu'elle est un frein au développement du pays.

L'augmentation des importations n'entraine pas nécessairement une baisse des prix. Dans un pays riche comme le nôtre, le problème endémique d'une pauvreté indigne doit cesser et ne doit pas perdurer.

Références

[1] Marc Montoussé et Gilles Renouard. 100 fiches pour comprendre la sociologie. Fiche 86 : Histoire de la pauvreté. 4e édition Bréal 2009, pp.198-203.

[2] Jacques Attali. Les Juifs, le Monde et l'Argent. Histoire économique du peuple juif. FAYARD, 2002, pp.158-159.

[3] Mohandas Karamchand Gandhi. Unto This Last- Une Paraphrase (1910). Traduction de Yann Forget suivi de Les Ouvriers de la dernière heure. Mémoire de philosophie de Yann Forget. 1993.

[4] Karl Marx. Le Capital. Livre premier.

Le développement de la production capitaliste. Traduction de Joseph Roy, entièrement révisée par l'auteur. Texte intégral. Editions sociales, 1976, p. XXXI.

[5] Friedrich Nietzsche, Ecce Homo. OeO, éditions ouvertes, 140 pages, traduction d'Alexandre Vialatte, p.39.

*Universitaire