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Sidi Saïd: L'UGTA veut être plus présente dans le privé

par Ghania Oukazi

Le secrétaire général de l'UGTA a annoncé la signature prochaine d'une convention avec les organisations patronales consacrant les droits, les devoirs et la représentation syndicale des travailleurs salariés dans le secteur privé.

Abdelmadjid Sidi Saïd a saisi l'occasion de la célébration du double anniversaire coïncidant avec le 24 février pour faire cette annonce. Hier, l'UGTA fêtait le 60e anniversaire de sa création (le 24 février 1956) et le 55e de la nationalisation des hydrocarbures (le 24 février 1971). L'événement double a été célébré hier au palais des Nations du Club des pins, en présence d'une assistance représentant l'ensemble des secteurs politiques et techniques. Le 1er ministre y a assisté avec un grand nombre de membres de son gouvernement en même temps que les responsables des institutions de l'Etat, les organisations patronales publiques et privées, les représentants du corps diplomatique accrédité à Alger et les grands syndicats africains.

«Ce jour de mémoire et de la souvenance nous offre l'opportunité de déclarer haut et fort que nous pérennisons l'esprit de Novembre 1954, celui du choix de la liberté, de la souveraineté dans toutes ses dimensions et du progrès social», a déclaré le SG de l'UGTA à l'ouverture de la cérémonie. Il a rappelé que «le dialogue social engagé depuis octobre 1990 a permis de dépasser de nombreux écueils et de réaliser de nombreux acquis socioéconomiques, en instaurant une culture de confiance entre le gouvernement, le patronat et l'UGTA».

Des représentations syndicales dans le privé ?

Sidi Saïd remerciera le 1er ministre «pour sa disponibilité et sa gestion consensuelle de la conclusion du pacte national économique et social». Ce qui lui permettra de rebondir sur le sujet pour noter que «cette démarche civilisationnelle de la gestion de la sphère économique et sociale a été saluée et prise en considération comme référence par le Bureau international du travail (BIT)».

C'est donc devant ses nombreux invités et ces acteurs du monde politique, économique et social que le SG de la centrale syndicale à tenu à déclarer que «je saisis cette journée mémorable pour annoncer devant vous la signature prochaine d'une convention avec les organisations patronales consacrant les droits, les devoirs et la représentation syndicale des travailleurs salariés dans le secteur économique privé». Le choix de «la journée mémorable» n'est pas fortuit. Il est clair que Sidi Saïd veut prendre à témoin toute l'assistance nationale et étrangère, pour pouvoir convaincre les patrons privés d'accepter une représentation syndicale de leurs travailleurs. L'on sait que depuis de longues années, il essaie d'aider des travailleurs d'entreprises privées à s'organiser en syndicat mais leurs patrons font semblant de ne rien entendre. Il a alors décidé de relancer la question publiquement et dans une rencontre bien officielle. Il conforte sa décision en rappelant que «la nouvelle Constitution consolide l'unité nationale, renforce l'Etat de droit et donne toute sa dimension à une société ancrée dans ses valeurs et tendue vers le progrès». Il souligne en outre que «la nouvelle Constitution consensuelle est une véritable mise à jour du contrat social qui projette notre nation dans une nouvelle ère d'approfondissement démocratique, du renforcement de l'action sociétale et de la consécration de l'harmonie entre l'économique et le social».

«Solidarité et sève nationaliste»

Sidi Saïd aborde «les événements mondiaux au plan économique et financier», évoque le remboursement de la dette extérieure de l'Algérie et, dit-il, «dont aujourd'hui, nous mesurons pleinement son importance et son impact». Il estime ainsi que «cette décision salutaire prend toute sa valeur en ces moments présents».

Moments qu'il qualifie «de contraintes dues à une mondialisation dont la dynamique est profondément inégalitaire et qui ne ménage aucunement et sans aucun état d'âme, les peuples qui luttent pour leur émergence économique et sociale». Il affirme que «cette agression, couplée à la baisse constante du prix du pétrole, nous interpelle».

Le SG de l'UGTA lance alors «un appel à l'ensemble des acteurs nationaux, pouvoirs publics, organisations patronales, chefs d'entreprises publiques et privées, syndicalistes, pour agir avec une audace déterminée et une conviction patriotique, afin de surmonter la crise conjoncturelle que nous traversons et de rester solidaires avec toute la sève nationaliste qui nous alimente».

Il pense que «nous avons l'obligation collective de mettre en synergie le moteur fédérateur et mobilisateur qui valorise le travail, qui accélère la conquête industrielle, qui donne toute sa plénitude à la production et à la consommation nationales». «Nous devons», a-t-il ajouté, «nous attacher encore plus à la consolidation d'une Algérie solidaire animée par les valeurs d'équité et de justice sociale». Pour lui, ses invités «nationaux», qu'il qualifie d'«énergie vigoureuse (qui) peut certainement et sans aucun doute, relever ce défi avec une opiniâtreté et une volonté de gagnant». A condition qu'ils s'arment «d'une mentalité de conquête, d'un état d'esprit positif, de battant et d'écarter sans ambages le pessimisme, le doute et le défaitisme». Il en appelle ainsi au «vouloir réussir et à un patriotisme résistant à toute épreuve».

Le président du FCE veut conquérir l'Afrique

Sidi Saïd est convaincu que «génétiquement, c'est dans l'épreuve que nous gagnons».

Le président de la République a fait lire son message par son conseiller Benaâmar Zerhouni. Message dans lequel il fait le lien entre la Guerre de libération nationale, la nationalisation des hydrocarbures et la création de l'UGTA pour la défense des droits des travailleurs. Le tout a consacré, a-t-il dit, la souveraineté de l'Algérie dans toute son ampleur. Le chef de l'Etat a affirmé que malgré la dureté de la crise économique et financière, l'Algérie ne reviendra pas sur ses acquis sociaux. Bouteflika rappelle l'adoption de la nouvelle Constitution et estime que les dispositions qui ont consacré l'investissement et le développement économique, entre autres, devront permettre d'aller vers des changements structurels de l'économie nationale. Il espère alors que les encouragements et les garanties qu'elle renferme peuvent être à l'origine de la compétitivité et d'un déploiement d'efforts de plus en plus important pour relancer l'économie. C'est en relevant ce défi, selon lui, que les Algériens ne paieront pas le prix des théories des capitalismes et ce qu'ils développent comme velléités de déstabiliser les marchés mondiaux.

La parole a été donnée au président du FCE qui a tenté de faire le tour des questions économiques du pays. Ali Haddad a déploré «le fait que l'Algérie compte sur le capital étranger pour se développer alors que seul le capital national est à même d'enclencher un processus de développement». Ce qui ne l'empêche pas de reconnaître que «nous avons certes besoin de capitaux étrangers, de technologies, de savoir-faire». Le patron des patrons privés s'est dit par ailleurs particulièrement étonné de ne pas voir des Algériens investir en Afrique. Il pense qu'il est temps de se tourner vers ce continent et de le conquérir.