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Triste de nous!

par Moncef Wafi

Un prix du baril à 40 ou 50 dollars dans quelques mois contre les 32-33 dollars, et un peu moins actuellement, c'est la prévision chiffrée de l'ex-PDG de Sonatrach et actuel président de l'Association algérienne du gaz, Abdelmadjid Attar, réagissant à l'annonce par l'Arabie Saoudite, Russie, Qatar et Venezuela du gel de la production à ses niveaux de janvier. Il aura suffi d'une décision conditionnée pour que l'Algérie du pétrole se remette à espérer en des lendemains plus cléments.

L'espoir fait vivre, dit-on, mais dans la jungle implacable du marché pétrolier international et de ses connexions avec la géopolitique, le pragmatisme ne laisse aucune place aux sentiments. Cet accord bancal, pour ne pas le répéter, doit répondre à plusieurs inconnues dont l'attitude des Américains, des Iraniens et des Irakiens et de la réactivité d'un marché plombé par l'économie chinoise qui tourne au ralenti, conjugué aux conditions météorologiques. Si le Cartel, Caracas en tête, s'active pour un minimum syndical, l'Algérie est rentrée dans le rang, s'inscrivant dorénavant dans la case des pays qui n'ont aucune influence sur les prises de décisions. Membre actif du Cartel, l'Algérie paye le prix de ses erreurs stratégiques et de sa politique extérieure jusqu'à devenir un acteur insignifiant de l'Opep. Incapable de se faire entendre, le pays n'a d'autres choix que de s'aligner sur les décisions prises par les gros producteurs et le constat de cet échec et de cette perte d'influence est accablant.

Par deux fois, il a appelé à une réunion extraordinaire de l'Opep pour stopper l'hémorragie des prix allant jusqu'à menacer de boycotter la prochaine réunion du Cartel et, par deux fois, sa voix est restée inaudible.

Le Venezuela, l'un des pays les plus mis à mal par cette crise du pétrole, a décidé de ruer dans les brancards et la décision de Doha a été prise dans son sillage. Triste réalité d'une Algérie autrefois écoutée et crainte et qui, aujourd'hui, fait partie des nations suiveuses sans aucune envergure.

Une Algérie qui doit attendre qu'on décide pour elle de geler puis de réduire la production et qui ne trouve pas mieux que de réfléchir à encore augmenter les prix de ses prestations à son propre peuple. Non content d'avoir augmenté les tarifs de l'électricité, du gaz et du carburant à la pompe, le gouvernement pense encore à d'autres hausses, le patron de Sonelgaz n'excluant pas une deuxième augmentation de la facture de l'électricité au futur.